Benoît XVI : un prophète pour notre temps


Hommage, Libres propos / mardi, novembre 30th, 2010
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Chaque média se fait un plaisir de donner écho à l’un des extraits du livre d’entretien que le Pape vient de publier. Bien sûr, il s’agit de celui qui parle notamment du préservatif mais pas que. Cela fait tellement de buzz que salle de presse du Vatican a du préciser les choses pour qu’elles soient vraiment comprises. Mais, une fois de plus là n’est pas le cœur du message du Pape. Il évoque bien d’autres choses qui sont essentielles à la vie de l’Eglise, à la vie du monde ; c’est ce que je comprends dans les extraits que le journal La Croix
Je choisis de ne pas revenir sur le préservatif et le Pape. Simplement parce que cela a été commenté maintes et maintes fois et que la position qu’il tient ne peut pas être autre. Ce qui me marque le plus dans les extraits parus c’est cette humilité du Pape. Nous avons tendance à le considérer comme un businessman, quelqu’un qui commande, dirige, décide tel un chef de guerre. Alors, qu’il est ce « simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ». Étonnant, que ce Pape redise l’humilité et le sens intime de sa fonction. Notre monde est plus habitué à l’emphase, au bling-bling, aux déclarations majestueuses à la limite de l’arrogance des grands de ce monde. Par ses paroles et son attitude, il vient nous montrer le véritable sens du service dans l’église, se mettre à la suite du Christ. C’est là, il me semble, le véritable rôle du « serviteur des serviteurs » que de nous montrer le Christ. C’est également ce que Benoît XVI veut signifier lorsqu’il célèbre les mystères divins avec des ornements qui peuvent paraître d’un autre temps. Par cette élévation du sens du beau, il veut honorer Dieu et nous inviter à tourner notre regard vers Lui et non pas vers celui qui célèbre. Ce message nous suffirait sans aucun doute pour méditer sur notre mission chrétienne et sur le sens que nous donnons à notre foi dans notre vie quotidienne.
Ensuite, je retiens la lucidité du Pape sur le monde et sur les derniers événements qui ont secoué l’Eglise. Il est conscient de la gravité et les conséquences désastreuses sur l’image des ministres ordonnés du Christ. Il ne nie pas, ne contourne pas le problème mais assume tout en se tournant sur la force de Dieu qui traverse toutes trahisons, tout faiblesses mais qui pour autant n’efface pas celles-ci. Ces actes honteux et scandaleux ont permis à l’Eglise une conscience vive et des modes d’actions plus fermes afin non seulement que les auteurs soient jugés par la justice mais surtout que ces actes puissent être évités. Je trouve aussi pertinent – si j’ose dire – que le Pape dise que le Christ traverse nos faillites et les transforme ; c’est là il me semble le sens profond de la résurrection que nous proclamons à chaque fois que nous disons notre foi.
Quant à se perception du ministère pétrinien, il y a vraiment de quoi méditer. Non seulement, il témoigne de la force et de la nécessité de la prière mais aussi de la totale impuissance du Pape à la tête de l’Eglise. La force de ce dernier réside en son désir de fortifier ses frères et sœurs dans la foi sans pour autant mettre la main dessus. Il vit son ministère de conduite de l’Eglise dans une véritable chasteté et humilité. Dans ces mots, c’est vraiment l’homme de foi, de raison, de prière qui se dit. C’est un appel à nous décentrer, à nous laisser dépasser par ce qui n’est pas de ce monde. Le Pape nous signifie que le service du Christ n’est pas un mode d’emploi, mais un attachement à Sa personne qui se dit se vit avec ce que nous sommes. Sa manière de vivre l’autorité totalement orientée vers l’écoute et le respect de la volonté de Dieu ne peut qu’attirer le respect.
Les lignes lues dans la Croix ne peuvent que forger mon admiration et mon respect pour Benoît XVI. Peu enclin à la papophilie ou à la papolatrie, je dois admettre toutefois que ses mots ont saveur de l’Evangile. Rarement, j’ai autant apprécié des lignes de l’hôte du Vatican. Tout portait à croire qu’il serait plutôt sévère et porté sur un versant dur de la transmission de la foi lors de son élection. Là, son humilité, son courage, son abnégation me porte à penser que Benoît XVI est vraiment le Pape qu’il fallait pour notre Eglise. Il ne cesse de nous inviter à traverser le visible, le connu pour nous centrer sur l’unique essentiel le Christ qui lui nous conduit au Père par l’Esprit. Faisons confiance et à sa suite allons à celle de l’Unique maître, l’Eternel Seigneur de toutes choses.