Ce 4e dimanche du temps ordinaire nous fait rechercher le bonheur, ce qui nous rend heureux. Cette quête du bonheur semble insaisissable. Nous retrouvons d’ailleurs cette inquiétude dans un psaume avec cette question : « Beaucoup demandent : “Qui nous fera voir le bonheur ?” » (Ps 4,6). Notre vie, la situation économique, politique ne sont pas forcément idéales à trouver le bonheur. Beaucoup d’inquiétudes traversent notre quotidien, et la morosité semble l’emporter sur l’exaltation et la joie. Notre foi, notre attachement au Christ, aussi forts soient-ils, n’épargnent pas cette nécessaire recherche d’un équilibre de vie où la sérénité serait au rendez-vous.
Rechercher le bonheur
C’est là où nous avons à mieux comprendre ce que nous dit l’Écriture. La joie, le bonheur que nous recherchons ne sont pas dans ce que nous possédons. Même si avoir le nécessaire pour vivre bien est essentiel. Ces choses sont une aide et nous libèrent l’esprit pour être davantage disponibles et attentifs aux signes des temps. C’est la voix/voie du Seigneur que nous devons rechercher. Elle doit nous conduire à trouver la manière la plus juste d’annoncer son Royaume et sa justice.
Devenir des chercheurs de Dieu
Devenir davantage des chercheurs de Dieu, avoir une foi active et curieuse, nous donne de trouver, en plein monde, des sources de vie, de joie et de bonheur. Ce que le Seigneur désire c’est que notre vie ait un sens et qu’à sa suite nous soyons des « femmes et des hommes pour les autres ». Cette belle expression du jésuite Pedro Arrupe nous place au cœur du monde, au service de nos contemporains.
Le bonheur c’est être serviteur
Prendre la place du serviteur, être disponible pour faire la volonté du Maître, voilà une piste pour trouver le bonheur et devenir enfin heureux. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de devenir des esclaves, soumis au bon vouloir, aux caprices de ce monde. Le chemin du serviteur que nous prenons est un chemin de liberté et de disponibilité. N’oublions pas que le Père nous fait devenir jour après jour ses enfants, fils/filles dans le Christ, enfants d’un même Père. Le service que nous pouvons rendre les uns aux autres est justement de les aider à ouvrir grandes au Christ les portes de leur vie. Voilà un chemin de bonheur, une manière d’être heureux.
S’appuyer sur le cœur de Jésus
Cette manière de procéder nous est enseignée par notre lien au cœur de Jésus transpercé sur la Croix. Ce fol amour de Dieu est une aide inestimable. Elle nous fait marcher à Sa suite et vivre dans une dynamique de générosité et d’altérité les uns envers les autres. C’est ce que Paul nous rappelle dans la seconde lecture de ce dimanche. Il nous invite à l’humilité de ceux qui sont choisis par Dieu, ceux qui choisissent Dieu pour maître et pour ami. Ce qui importe ce n’est pas le rang, la place, l’importance que nous avons en ce monde. La mondanité n’a pas d’importance dans notre relation avec Dieu. Au contraire, Dieu nous demande de cultiver l’humilité, à l’image de son propre fils.
L’humilité c’est être à la juste place
L’humilité c’est être à la bonne distance, à la juste place. Il s’agit de mieux se connaître pour mieux entrer au service du Christ au cœur de ce monde. L’humilité c’est pouvoir séparer l’ivraie du bon grain de notre vie et discerner ce qui y est essentiel et important. Il s’agit d’une grâce que nous pouvons demander au Seigneur. Notre activisme, nos vies débordantes et parfois débordées nous empêchent de prendre le temps de la contemplation. Nous avons parfois du mal à reconnaître que Dieu est à l’œuvre dans ce monde tant tout ce qui brille nous aveugle. Ainsi, ce qui nous fera davantage rencontrer le Christ, c’est une attention à ce qui est petit, fragile, sans gloire. Dieu se dit dans les petites choses du quotidien et non dans l’éclat.
Aider à devenir heureux
Notre fierté n’est pas à trouver dans ce que nous faisons, mais dans ce que nous sommes dans notre œuvre quotidienne. Servir le Christ c’est agir pour que la justice et la paix puissent régner davantage en ce monde et en ce temps. C’est alors que nous pourrons être davantage heureux, que nous serons des serviteurs du bonheur pour nos contemporains. Apporter le bonheur, permettre aux personnes rencontrées de devenir heureuses ce n’est pas faire de vaines promesses et user de flagorneries. C’est commencer à les considérer comme elles sont, sans chercher à les changer. Jésus n’a pas changé ses disciples, il les a choisis comme ils étaient et pour ce qu’ils étaient. C’est leur désir, leur soif de mieux connaître Jésus qui les a transformés petit à petit.
Creuser le désir de suivre le Christ
Nous avons donc à creuser notre désir de nous approcher davantage du Christ, à cultiver une pauvreté du cœur qui se laisse rejoindre par la richesse de l’amour de Dieu. Ainsi, être heureux, pour les disciples du Christ, c’est cheminer avec Jésus et prendre la route avec Lui à la rencontre des femmes et des hommes de ce temps. Marcher avec le Christ, être heureux dans la compagnie de Jésus, c’est renoncer à sa propre gloire et chercher à promouvoir celle de Dieu. Même s’il est difficile de renoncer à se faire valoir, à chercher à être meilleur que les autres, ce n’est pas ces comportements qui conduisent au bonheur. Ils sont des satisfactions passagères agréables, certes, mais ne nous établissent pas dans une relation de confiance les uns envers les autres.
Heureux malgré les difficultés
Notre fierté, notre secours sont dans le nom du Seigneur. C’est par notre attachement au Père, dans notre souhait de devenir davantage compagnons de Jésus que nous servirons davantage l’humanité souffrante. Dans cette lecture des Béatitudes, que nous connaissons bien, nous discernons le chemin de vie que nous propose le Christ. Ce n’est pas très engageant car cette promesse d’être « heureux » nous confronte à beaucoup de difficultés. Ce qu’il ne faut pas oublier c’est que nous les traversons avec le Christ. Il ne nous laisse pas seuls sur le chemin.
Notre vie au service du Christ, des femmes et des hommes de ce temps n’a pas pour objectif de satisfaire un Dieu pervers, de réussir une sorte de parcours du combattant. En revanche, ce qui nous est de demandé, c’est d’agir avec l’assurance que notre vie est une vivante offrande à la Gloire de Dieu.