Nous célébrons, ce dimanche, la Solennité du Christ Roi de l’univers. C’est la clôture de notre année liturgique. Dimanche prochain, nous entrons dans le temps de l’Avent. Le temps de la joyeuse attente, le temps de l’espérance et celui d’une marche vers la lumière sans déclin. Mais chaque chose en son temps.
Un roi humble et pauvre
Célébrer le Christ Roi de l’univers, c’est méditer sur cette Royauté « différente ». Le Christ n’était pas entouré d’une cour, il n’habitait pas dans un palais et ne traversait pas monts et collines sur un char entouré d’une escorte. Alors quelle est cette royauté du Christ dont nous parlons aujourd’hui ? Nous avons des difficultés, sans doute, à nous détacher de cette image de puissance, de domination, de roi de l’Olympe que nous avons sur Dieu. Aussi, pour nous aider à déconstruire cette idée, prenons le temps de contempler la scène de l’Évangile que nous propose la liturgie ce dimanche.
La force de Jésus
Jésus vient d’être arrêté et comparaît devant Pilate. Ce dernier voit les rapports avec Jésus dans une dynamique concurrentielle. Ce qui le préoccupe est de savoir quels sont les risques à le condamner. Nous pourrions résumer aisément cette page d’Évangile à « Jésus : combien de divisions ? » À vrai dire, il a bien quelques légions d’anges qui pourraient venir à son secours. Cette réalité n’est pas une question de capacité de la part de Dieu, mais de volonté.
L’humilité de Dieu
Mais, voilà, Dieu a choisi la voie du plus petit, du plus fragile et de l’ordinaire. Jésus est né humblement, il a sans nul doute travaillé aux côtés de Joseph, de manière tout aussi ordinaire. Lorsque nous contemplons sa vie telle que nous le relatent les Évangiles, nous le découvrons comme un itinérant, allant de maison en maison « sans pierre où poser sa tête » (Mt 8, 20) pour annoncer la Bonne Nouvelle de Dieu, son Père.
Voici que s’avance de roi de l’Univers
Voilà la carte d’identité de Celui que nous célébrons aujourd’hui comme Roi de l’Univers. Nous sommes donc bien loin des super héros qui enfilent leur cape pour sauver l’humanité. Le vêtement que revêt le Christ est la tenue du serviteur qui s’agenouille devant ses disciples pour montrer que la « seule gloire est le service ». Aussi, qu’est-ce que cela nous dit du désir de Dieu pour chacun de nous ? Peut-être que cela nous renvoie à notre capacité à devenir des frères et des sœurs les uns des autres.
Construire des ponts, pas des frontières
Notre tendance naturelle est souvent celle de l’exclusion. Comme les foules de Bartimée ou de Zachée qui décident pour Jésus. Nous érigeons des frontières, des douanes, des droits d’accès au Royaume. Nous agissons comme si nous étions les chefs de la Cité des Hommes et du Royaume des cieux. Nous pouvons avoir des préférences, des sensibilités, des capacités pour travailler avec tel type de personnes. Certes. Mais le Royaume de Dieu, l’annonce de l’Évangile est pour tous et avec tous. C’est ce que répète à longueur de temps le pape François. Sinon, le risque est d’être dans l’élitisme et l’entre-soi.
C’est le Christ qui sauve le monde
Celui qui est le Roi de l’Univers, ce n’est pas nous. Nous ne sommes pas appelés à sauver le monde, mais à servir pour annoncer le Salut. Ainsi, nous sommes sauvés pour servir. Autrement dit, l’Amour que Dieu nous porte doit nous conduire à être capables d’aimer nos frères et sœurs en humanité.
Contemplons le Christ
Forts de cet appel, nous pouvons aisément comprendre que les dirigeants de ce monde, et nous aussi, avons de grandes difficultés à vivre ce décentrement. Notre cœur est parfois trop souvent préoccupé de lui-même, à la recherche de notre propre intérêt, de notre propre gloire. Mais ce n’est pas une fatalité. Nous ne sommes pas condamnés à cet enfermement. Nous pouvons, en regardant la manière dont le Christ, Roi de l’Univers, agit, amorcer un changement de comportement.
Que Dieu devienne le roi dans nos vies
La contemplation du Christ doit nous aider à nous enraciner dans l’action. Il ne s’agit pas de le singer ni de vouloir ressembler à tels ou telles saints ou saintes du calendrier. Par la prière, la relecture de vie, le partage fraternel, nous pouvons avancer sur le chemin de l’unité de vie. Si nous reconnaissons que le Christ est bel et bien le Roi de l’Univers, alors laissons-le régner sur notre cœur. Dans cette démarche, nous pouvons reprendre cette prière très courte du pape François : « Jésus, que mon cœur ressemble au tien ».
Découvrir la vérité du Christ
Cela nous permettra de ramener notre regard sur l’essentiel : le Christ et l’annonce de Sa Bonne Nouvelle. Voilà la vérité qu’il est venu apporter. C’est son amour et sa grâce, le souffle qui nous donnent d’avancer sur un chemin d’une plus grande unité, qui sont essentiels à notre vie. La vérité que le Christ est venu nous apporter nous détourne de nous-mêmes pour nous révéler que Dieu se dit en chaque personne humaine.
Dieu se dit dans l’humanité fragile
Aussi, c’est cette humanité fragile, belle et aimante que nous célébrons dans chaque Eucharistie. Alors que Dieu se donne dans le pain et le vin qui deviennent son corps et son sang, nous présentons nos vies pour qu’elles deviennent puissance de vie et d’amour pour le monde. Ainsi, cette offrande de nos vies transformées par l’Amour du Christ qui se dit dans l’Eucharistie est une forme capable de transformer le monde par nos vies et nos mains.
Découvrir la générosité de Dieu
Ce qui compte plus, ce ne sont pas nos ruptures d’alliance ou nos difficultés à entrer pleinement dans le dynamisme de sa vie. Ce qui importe, c’est vraiment de faire de la place pour Dieu, dans notre cœur, dans notre vie. Laissons-le être le Roi de notre cœur, nous aider à élargir notre tente pour découvrir que sa générosité est abondante et que toutes les rencontres sont importantes à vivre. Laissons notre cœur se réjouir de cette générosité et nous aider à entrer dans le désir de Dieu de nous conduire vers sa vie en abondance.
C’est vraiment dans la contemplation de ce mystère d’humilité que nous pourrons entrer davantage dans le mystère de la nativité. La naissance, la vie, la mort et la résurrection du Christ sont le même révélateur. Il nous dit que l’essentiel n’est pas le pouvoir, ni la puissance, mais la capacité d’aimer comme Dieu nous aime : follement, passionnément, tendrement.