Dans la prière du « Notre Père », nous demandons « donne-nous notre pain de ce jour ». Cette demande résonne particulièrement en ce dimanche du Corps et du Sang du Christ. Nous célébrons la nourriture qui nous donne de continuer la route à la suite du Christ. Ainsi, nous poursuivons cette mission de disciples-missionnaires.
Le pain de vie nous conduit au désir de Dieu
Célébrer le Corps et le Sang du Christ c’est entrer dans le désir de Dieu de se faire l’intime de sa création. Nous percevons ainsi davantage l’Alliance qu’il souhaite nouer entre Lui et nous. Le « pain de ce jour » que nous demandons dans cette prière des Enfants de Dieu est bien l’Eucharistie. Elle est ce que nous devenons lorsque nous communions.
Recevoir la vie de Dieu
Ce n’est pas seulement du pain que nous ingérons, mais la vie même de Dieu que nous recevons. Cette réception de ce pain vivant descendu du ciel nous entraîne à devenir davantage Fils et Fille de Dieu, frère/sœur du Christ. Cette filiation réclame aussi que nous soyons porteurs au cœur de notre vie de l’offrande du Christ pour la vie du monde. Communier, recevoir le Corps et le Sang du Christ c’est devenir partenaire de la mission du Christ et, en même temps, compagnon de Jésus.
Le Pain de Vie : élan pour notre vie
Nous comprenons mieux que ce sacrement, source et sommet de notre vie chrétienne, est un viatique pour notre quotidien. Communier au Corps et au Sang du Christ c’est le carburant de notre foi. À chaque fois que nous nous approchons de l’Eucharistie, nous entendons le Père nous dire : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » et « Va ». Ces deux phrases sont liées. L’Amour que Dieu nous porte est, certes, pour nous, pour notre croissance humaine et spirituelle. Mais, elle a aussi une incidence sur notre vocation. Il s’agit bien d’annoncer l’Évangile en plein monde. C’est-à-dire de partir aux carrefours des routes de nos frères et sœurs pour leur dire la joie de recevoir en partage la vie de Dieu.
Témoins de l’indicible amour de Dieu
Notre apostolat, notre mission n’est pas de faire croire en Jésus, ressuscité, Fils bien-aimé du Père. Il s’agit davantage d’être des témoins crédibles de cet amour qui nous fait suivre le Christ de plus près. Ainsi, nous avons à entrer dans le dynamisme même de Dieu, à nous replonger sans cesse dans les grâces de notre baptême tel un bain de jouvence.
Sauvés pour servir
Cet appel nous donne de répondre présents à l’appel du Seigneur, de reprendre les mots du psalmiste entendu en ce dimanche : « Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi, dont tu brisas les chaînes ? ». Oui ! Le Seigneur nous fait devenir ses serviteurs libres. C’est-à-dire que nous ne sommes pas ses esclaves, soumis à son bon vouloir.
Pain de Vie, pain de l’Amour
Dieu n’est pas un démiurge, mais un Dieu qui n’est qu’amour. Sa seule motivation est que nous puissions nous laisser aimer pour porter son amour au monde. C’est cela construire le Royaume de Dieu : annoncer au monde ses merveilles en bâtissant des relations justes, les uns avec les autres. Ce n’est pas plus compliqué que cela, mais c’est un combat quotidien que nous avons à mener. C’est dans cette dynamique que nous place l’Eucharistie.
Accueillir Dieu dans notre vie
Nous ne pourrons pas servir Dieu, si nous ne le laissons pas prendre place en nos vies, en nos cœurs. Pensons à Emmaüs. Malgré tout ce temps avec Jésus, cette acclimatation à l’incarnation de la Parole, c’est à la fraction du pain qu’ils le reconnaissent. C’est la Parole qui nous conduit à reconnaître le Seigneur qui se donne dans l’Eucharistie. La Parole est aussi ce qui fait l’Eucharistie. Elle dit la réalité du sacrement.
Célébrer la vie de Dieu
Ce que nous célébrons à chaque Eucharistie c’est la vie de Dieu qui se donne aux hommes et aux femmes de ce temps. C’est un don qui est d’une actualité constante, une présence réelle. C’est dans cette dynamique d’un décentrement de nous-mêmes pour rejoindre l’autre que l’Eucharistie nous place. C’est pour cela que nous en avons tant besoin. Mais, la vie de Dieu se manifeste aussi en dehors de l’Eucharistie.
Va, vers mes frères
Ce pain et ce vin consacrés nous entraînent à sortir, à aller aux périphéries à la rencontre de nos frères et sœurs. Aussi, Nous avons à nous faire Eucharistie pour les autres, à les entraîner sur le chemin d’une vie davantage tournée vers les autres que vers eux. Comme Jésus, nous avons à vivre notre vie dans l’optique du don de nous-mêmes pour les autres. Il s’agit ainsi de faire mémoire du Christ, de le rendre présent au cœur du temps.
Devenir des femmes et des hommes pour les autres
En fait, vivre une vie eucharistique c’est devenir des femmes et des hommes pour les autres, comme aimait le dire le jésuite Pedro Arrupe. Ainsi, nous avons à nous laisser façonner par ce pain
de vie, à nous laisser transformer pour devenir levain dans la pâte, bonne nouvelle pour ce monde.
Bâtir l’Église
Le Corps et le Sang du Christ, que nous célébrons aujourd’hui, ne sont pas de l’ordre d’une dévotion personnelle. Ils sont un don de Dieu pour chacun de nous, afin qu’ensemble nous bâtissions l’Église. L’Eucharistie nous fait devenir le peuple de Dieu qui, uni par la prière, rend grâce, pour cette vie en abondance qui nous est donnée. À nous de la laisser infuser en nous pour annoncer le Christ au monde dans et par toute notre vie.
Au-delà du pain et du vin
Nous voyons bien, ainsi, que l’Eucharistie n’est pas seulement ce morceau de pain, ces quelques gouttes de vin — corps et sang du Christ — que nous consommons à chaque Eucharistie. C’est bien plus ! Cela nous enveloppe et nous conduit de « commencement en commencement, vers des commencements qui n’ont jamais de fin ». Ainsi, nous devenons une pierre vivante de l’Église, corps du Christ, témoin de l’Amour du Père pour le monde.
Fournaise d’amour
Lorsque nous communions, nous entrons davantage aussi dans la contemplation du cœur du Christ, fournaise d’amour. Conduits au cœur même de l’Alliance nous sommes invités à entrer dans la vie même de Dieu. Par la communion eucharistique, nous devenons davantage semblables à Dieu. Pour autant, cette transformation ne se fait pas comme par magie, mais par infusion de l’Esprit de Dieu qui vient demeurer en nous.
Ainsi, par la communion au corps et au sang du Christ nous devenons davantage hospitaliers. Aussi, demandons la grâce, en ce dimanche où nous célébrons la Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, d’avoir un cœur qui sache écouter les murmures de Dieu.