Nous quittons la montagne de la Transfiguration pour contempler, ce 3e dimanche de carême, la colère de Jésus. Jésus en colère cela ne va pas sans heurter notre vision de lui comme un homme doux, pacifique. Toutefois, cela peut nous rassurer face à notre propre colère. Pour autant, sa virulence touche le cœur de ce qu’il est : « la maison de son Père ». Ce n’est donc pas une manifestation d’humeur de Jésus suite à de la fatigue ou à une difficulté.
Comprendre la colère de Jésus
Dans ce comportement de Jésus nous comprenons que le soin apporté à la maison de son Père le brûle, le dévore. Cette maison ce n’est pas juste le temple et ses vendeurs plus ou moins honnêtes. Elle est avant tout, comme Jésus le dit, une « maison de prière ». Un lieu de rencontre entre Dieu et les croyants et croyantes.
Une maison de prière
La maison de Jésus, la maison du Père c’est cette « chambre » dans laquelle nous nous retirons pour prier. C’est le lieu intime du cœur où nous pouvons rencontrer le cœur de Jésus, le cœur de Dieu. Ainsi, c’est bien plus large que le bâtiment. La colère de Jésus ne vise pas les croyants, mais ceux qui tournent autour pour profiter d’eux. C’est donc une juste et sainte colère qui nous place au cœur de la foi. Il nous faut aussi entendre son avertissement comme une recommandation à garder en paix notre cœur. Parfois, il est encombré de préoccupations qui nous éloignent de la proximité de Dieu. Elles ressemblent à ces marchands qui rôdent autour du Temple.
Des obstacles à l’amour de Dieu
Ainsi, nous sommes empêchés de nous approcher de la maison, du refuge, du répit que Dieu nous offre. Il est important de veiller sur notre cœur, de ne pas le laisser en jachère. Il ne s’agit pas de « mauvaises pensées », mais de tout ce qui nous fait désespérer de l’Amour de Dieu. Ces pensées, il faut alors les chasser avec violence, tel Jésus avec les marchands du Temple. Nous avons à compter sur l’Esprit saint reçu lors de notre baptême pour entrer davantage dans le désir de Dieu. L’Esprit nous donne la grâce de résister à ces pensées qui nous conduisent à la désespérance. C’est en luttant avec Lui que nous entrerons davantage dans le projet de Dieu.
Devenons heureux
Ce projet consiste à être heureux et sa confirmation se dit dans une paix profonde. Comme le dit le psaume 18 de ce 3e dimanche de carême : « Préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. ». Nous saisissons bien ainsi l’angle de cheminement qu’il nous faut prendre. Il s’agit d’être des personnes passionnées, zélées pour le Seigneur, mais d’être empreints d’une grande miséricorde.
La colère de Jésus
Pour autant, cela ne signifie pas être des gens sans idées, qui suivent leur intérêt. Levons les yeux sur Jésus, regardons-le agir dans l’Évangile d’aujourd’hui. Sa colère est un bon indicateur pour nous aider à faire la différence entre l’essentiel et l’important. La mauvaise fois des scribes et des pharisiens ou les esprits lents à croire des disciples lassent Jésus, mais ne le mettent pas en colère. En revanche, entraver la relation des croyants avec son Père, cela le révulse. Cela peut nous aider à réfléchir sur ce qui nous met en colère.
Nos propres colères
Qu’est-ce qui nous fait sortir de nos gonds et pourquoi ? Ainsi, nous pourrons regarder, à la lumière du comportement de Jésus, ce qui est pour nous important. Ce petit exercice nous pouvons le conduire dans la prière et demander à Dieu de nous aider à voir notre colère. Il ne s’agit pas de nous situer dans une bonne ou une mauvaise colère, mais de détecter si elle peut nous aider à bâtir le Royaume des cieux. Voilà ce qui est essentiel dans notre pèlerinage sur terre : contribuer à bâtir le Royaume ici et maintenant.
Le carême : chercher le chemin de l’Amour
Ce temps liturgique du carême est propice à ce type de réflexion. Non pas pour nous affliger sur ce que nous n’arrivons pas à être, mais pour chercher à marcher davantage vers l’Amour de Dieu. Chaque jour, le Seigneur nous appelle à devenir ses disciples. Il ne se lasse pas de nous inviter à entrer dans son cœur, à faire nôtre sa demeure. Cette proposition n’a pas de limite dans le temps. Nous ne risquons pas de tomber sous le coup de sa colère si nous n’arrivons pas à nous convertir.
Entrer dans un chemin de conversion
Cette conversion n’est pas de l’ordre d’une loi à respecter tels les préceptes que nous entendons dans la première lecture de ce 3e dimanche de Carême. Elle est de l’ordre d’une marche amoureuse qui fait entrer dans la découverte que Dieu est fidèle. Aussi, c’est un exercice d’émerveillement continuel devant la bonté de Dieu que nous pouvons faire. Si Jésus se met en colère aujourd’hui c’est parce que les marchands du temple laissent entendre que l’Amour de Dieu se monnaie.
Non, l’Amour de Dieu est un don et nous n’avons jamais fini de le comprendre et de le découvrir.
Découvre l’autre en Dieu
Cet Amour de Dieu nous invite à respecter l’autre. Il est visage de Dieu, il est création aimante de Dieu. Nous devons, par conséquent, en prendre infiniment soin sans l’étouffer ou le manipuler. Dieu est un Dieu qui libère, qui conduit à cheminer, parfois dans le désert, mais toujours avec une tendresse et une proximité. Il ne vient pas nous châtier, nous condamner, mais nous conduire sur le chemin de la vie. Ne faisons pas de Dieu une idole que nous enfermerions dans nos certitudes. Il nous déborde de toute part pour que nous entrions dans sa générosité avec assurance et abondance. Dieu ne marchande pas avec nous, alors ne marchandons pas avec Lui. De toute manière, ce commerce est voué à l’échec !
Le commerce de la prière
Le seul qui fonctionne c’est celui de la prière, de cet échange amoureux entre Dieu et nous. Nul besoin d’argent, d’animaux ou de sacrifices pour ce dernier. Seul importe l’ouverture de notre cœur à ce fol amour de Dieu. Nous pourrons alors goûter cette sagesse de Dieu qui est folie pour nous. Elle est la source d’une bonté sans mesure qui se révèle dans la douceur de la miséricorde du Père.
Demandons, pour cette semaine, la grâce de mieux entrer dans la joie de Dieu. Elle pourra, sans nul doute, apaiser nos colères et nous conduire à un chemin de service désintéressé. Voilà un bel effort pour notre chemin vers Pâques.