Ce 13e dimanche ordinaire nous méditons autour de la vertu d’hospitalité. Savoir accueillir, être hospitalier n’est pas, à proprement parler, une vertu biblique. N’importe qui peut/doit la manifester. Toutefois, ce qui lui donne une coloration chrétienne est que lorsque nous accueillons l’autre, que nous donnons l’hospitalité à quelqu’un, c’est le Christ que nous accueillons. Ainsi, ce n’est pas rien d’être accueilli par l’autre.
Entrer dans l’hospitalité du Christ
Il s’agit, comme nous y invite le Christ dans l’Évangile de ce dimanche, d’une manière de le suivre. Il s’agit d’aimer l’autre de la même manière que le Christ nous aime. C’est effectivement une croix à prendre. Il s’agit de concevoir que l’hospitalité n’est jamais gagnée et demande, comme toute démarche réalisée en vérité, un effort. Cela revêt donc une importance dans notre choix de suivre le Christ. Il s’agit d’entrer dans l’hospitalité dans une manière désintéressée, libérée de nos affects et centrée davantage sur le Christ.
Le Christ nous invite à aimer
C’est au cœur de cette relation que nous pourrons entendre les appels à aimer davantage. Nous recevrons de Lui, de son union avec le Père et l’Esprit, la force d’aimer. Cette grâce nous ouvrira le champ des possibles et nous invitera à élargir l’espace de notre tente. Agir avec hospitalité ce n’est pas aimer malgré nous, c’est aimer avec la force de Dieu. C’est tâcher de regarder l’autre, d’entrer en relation avec l’autre, comme si Dieu, lui-même, y était présent. C’est effectivement une tâche rude et difficile.
L’hospitalité : chemin de conversion
C’est donc à un appel à la conversion qui nous est demandé une fois encore ce dimanche. Loin d’être lassant, cet appel nous conduit à nous rapprocher davantage du cœur de Dieu. Un cœur exigeant, car l’amour est lui-même exigeant, mais Dieu est infiniment patient et particulièrement miséricordieux. Ainsi, nous comprenons mieux pourquoi il faut nous laisser convertir, car nous sommes bien loin de cette manière d’agir de Dieu. Pour autant, comprenons bien ce que signifie vivre l’hospitalité à la manière de Dieu. C’est entrer dans une relation qui fait grandir et qui nous fait grandir.
Vivre des relations en vérité
Si nous vivons en vérité avec l’autre, nous avons à accepter qu’il nous conduise lui aussi vers une plus grande croissance humaine et spirituelle. Il ne s’agit pas d’entrer dans une emprise, de se laisser faire par un autre aveuglement. C’est une invitation à entrer dans la « discreta caritas », dans un discernement dans ce qui nous faire vivre, aimer et espérer. Dans cette relation d’hospitalité, où nous sommes invités à voir le Christ, nous devons toujours chercher dans une vigilante bienveillance ce qui sera bon pour l’autre.
Rendre service
La question que nous pouvons nous poser est : qu’est-ce qui pourrait lui plaire, lui rendre service. Mais c’est sans manipulation, sans « attendre en retour d’autres récompenses que nous faisons la sainte volonté de Dieu » comme nous y invite la prière scoute. Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer de la première lecture qui nous montre un exemple vertueux d’hospitalité. L’hôte, chez qui Élisée est invité à manger, va plus loin que la simple commensalité. Elle souhaite l’accueillir sous son toit, qu’il se sente bien chez elle. Cette femme, dont nous ne connaissons pas le nom, le fait par amour désintéressé pour Élisée. Simplement, parce qu’elle reconnaît en lui un homme bon, un « saint homme de Dieu ». Ce qualificatif est difficile à définir, mais nous pouvons sans aucun doute percevoir que sa qualité de présence, sa compagnie font du bien.
Les conditions de l’hospitalité
Ainsi, en sa présence, les personnes se sentent accueillies, respectées, écoutées. C’est tout simple, mais cela nous invite à réfléchir à la manière dont nous accueillons l’autre. Comment manifestons-nous l’hospitalité de Dieu dans nos rencontres ? Sommes-nous attentifs ou perturbés par notre engrenage intérieur et/ou nos outils de communication moderne ? Avouons que nous avons du mal à être pleinement présents aux autres tant tout est une occasion de dispersion. Avec l’arrivée des congés, des temps de vacances, nous pouvons tâcher de nous rendre davantage attentifs à notre environnement. Ce n’est pas facile de lâcher nos habitudes, elles ont la vie tenace. Mais, nous pouvons demander la grâce d’être davantage attentifs à la présence de l’autre au cœur de notre vie. Cette grâce nous l’obtiendrons, car la fidélité du Seigneur est là pour nous combler de ses biens.
Placer une garde devant notre bouche et notre cœur
Pour autant, cela demande, de notre part, une profonde vigilance et de mettre, au-devant de notre cœur, de notre bouche, une garde. Il ne s’agit pas de nous défendre d’un « ennemi » de l’extérieur, mais de l’intérieur. Souvent, c’est nous-mêmes qui courrons à notre propre « perte ». Nous avons donc besoin que l’Esprit d’amour, de miséricorde, de compassion vienne nous apporter son baume pour nous aider à avancer sur le chemin qui conduit à la surabondance de la vie de Dieu. C’est cette conviction que Dieu est bon que nous chantons dans le psaume de ce dimanche. Dieu nous conduit au long de nos jours pour que notre vie resplendisse de sa grâce, de son amour, de sa fidélité.
Annoncer l’Évangile
Ainsi, si nous nous laissons entraîner par cet impératif d’hospitalité que nous demande le Christ dans son Évangile, nous serons féconds. C’est-à-dire que notre vie sera signe de la fécondité de l’amour de Dieu, que nous pourrons évangéliser les hommes et les femmes de ce temps. Il ne s’agit pas de leur annoncer l’Évangile sur les places et sur les parvis, mais par et dans toute notre vie. L’hôte d’Élisée a été rendue féconde parce qu’elle a su accueillir le prophète, qu’elle lui a fait une place dans sa demeure. Ainsi, nous aussi, si nous savons accueillir ceux qui portent une parole de vie au cœur de notre vie, nous portons du fruit en surabondance.
L’hospitalité fait de nous des vivants
Cette hospitalité que manifestons, au nom de notre foi, de notre attachement à la personne du Christ, fait de nous des femmes et des hommes vivants. Cette vie qui coule en nous nous rappelle la vie de Dieu dans laquelle notre baptême nous plonge chaque jour davantage. Ainsi, nous devenons ces fils et filles de lumière dont nous parle la prière d’ouverture de ce dimanche, invités à manifester au monde les merveilles de Dieu qui sont le signe de son hospitalité pour chacun de nous.