Découvrir la séduction de Dieu


Méditations au coeur du monde / jeudi, août 31st, 2023
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Quel contraste entre l’Évangile de ce 22e dimanche ordinaire et celui de la semaine dernière ! La séduction par Dieu de Jérémie peut nous rappeler la confession de Pierre de la semaine dernière. Mais, cela semble moins glorieux, la grâce de l’appel, de la séduction de Dieu est en filigrane ce dimanche. Est-ce que cela met en péril la cohérence du récit biblique et met en doute la fidélité de Dieu et des personnes rencontrées par Lui ? C’est plutôt la mise en lumière de la fragilité de l’homme.

La séduction par la surabondance de l’amour de Dieu

Notre foi est certes assise sur le roc qu’est le Christ, mais inscrite dans notre humanité au « cœur malade et compliqué » (Jr 17, 9). Ainsi, la séduction par la surabondance de l’amour de Dieu rencontre des difficultés à prendre corps dans notre vie.

L’expérience du prophète Jérémie

C’est l’expérience que fait Jérémie dans la première lecture. Le ministère d’annonce de la Parole de Dieu lui est difficile. Il annonce des choses difficiles à entendre et est donc confronté aux réactions de ses contemporains. Il a de quoi être découragé. Nous ne sommes pas Jérémie, mais la vie de ce monde, notre vie est parfois – souvent même – en contradiction avec ce règne d’amour annoncé par le Christ.

L’exigence de l’amour de Dieu

Toutefois, Il n’est pas un doux rêveur ni un utopiste. Mais, un maître, un ami exigeant pour que nous marchions sur la voie de l’annonce du Salut. Cette séduction dont nous parle avec vigueur, zèle, autorité Jérémie nous dépasse. Elle nous surpasse même et nous conduit vers une espérance dont nous ne connaissons pas le terme. Il s’agit d’un appel à témoigner du Christ à temps et à contretemps dans la conformité au désir de Dieu.

Perdre ou gagner

Ce désir est résumé par une formule choc que nous dit Jésus dans l’Évangile dans ce dimanche : « perdre sa vie pour la gagner ». Cela va à l’encontre de la danse du monde. Là, il faut produire, créer, piloter, suivre, etc. Notre monde nous pousse à l’efficacité, à la production, à montrer que l’on existe par ce que l’on fait. Jésus nous invite à un pas de côté ce dimanche. Si nous nous laissons conquérir par sa séduction, nous accepterons alors de gagner notre vie à la perdre.

Du « toujours plus » au « davantage »

Entendons-nous bien sur ce que le Christ nous demande. Ce n’est pas de mettre en danger notre foyer, notre famille, mais de changer de perspective, de manière de comprendre le monde. À la rentabilité, à l’efficacité, à cette course effrénée du « toujours plus », le Christ nous demande de répondre par un « davantage ». Cette expression chère aux fils et filles d’Ignace de Loyola nous conduit à préférer la séduction du Christ. C’est choisir la condition du serviteur loyal et fidèle pour bâtir des relations justes et équitables. Parfois, cette invitation du Christ nous échappe.

À la découverte du Plan de Dieu

Nous nous conduisons comme Pierre dans l’Évangile de ce dimanche qui veut conduire le Christ à la manière humaine. Nous avons à reconnaître que le plan de Dieu nous échappe, que nous ne sommes pas le maître des horloges. Nous sommes des collaborateurs de Dieu (1 Co 3, 9) et devons nous inscrire dans son projet.

La séduction de Dieu n’est pas celle d’une idole

Ne faisons pas de Dieu une idole que nous utiliserions pour notre propre fin. Ce serait à la fois nous tromper sur Dieu et nous mener vers une mauvaise voie. Nous voyons bien Pierre dans l’Évangile de ce dimanche. Le Christ le reprend sèchement, avec véhémence. Il nous propose de réfléchir autrement et de nous fixer l’étendard de la croix pour horizon. Ainsi, nous laissons la séduction que nous propose l’Ennemi de la nature humaine sur le bord du chemin.

Choisir le Christ

Choisir le Christ c’est choisir l’Évangile pour feuille de route et suivre Jésus de plus près. Cela exige de notre part de se laisser renouveler par le souffle de l’Esprit comme nous y invite Paul dans la seconde lecture. Cette exhortation nous invite à sortir de nous-même pour nous en remettre à la force de Dieu. Ce texte nous invite à faire de nos vies une Eucharistie, une vivante offrande à la louange de sa Gloire. Paul nous aide à reconnaître que Dieu se dit et se donne par ce que nous sommes si nous comptons sur Lui.

Convoqués à aimer

Dieu ne nous convoque pas à la perfection ou à la louange. Il vient nous séduire pour que nous nous laissions séduire. Ce n’est pas la séduction du serpent dans la Genèse, mais celle de l’appel des premiers disciples. Le « Si tu veux, suis-moi » respecte notre liberté, mais ouvre irrésistiblement à l’espérance qui réside dans l’amour du Christ.

De la séduction au discernement

Il nous faut donc discerner le chemin où nous conduit cette séduction qui nous fait devenir compagnon de Jésus. Un chemin difficile car fait de renoncement à la facilité, à la gloire personnelle pour entrer davantage dans la charité que nous donne la foi dans le Dieu et Père de Jésus-le-Christ. Entendons alors ces mots de Paul : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent ». Ils ne disent pas la critique du monde ou son rejet, mais que celui-ci n’est pas forcément conforme au plan de Dieu.

Intendants des biens de ce monde

Ce monde est aimé de Dieu, mais il nous revient d’en faire la promotion par ce que nous en faisons. Dieu nous a confié la terre pour que nous en fassions un lieu qui témoigne de sa bonté créatrice. Cette libéralité de Dieu n’est pas là pour concourir à sa glorification narcissique. En revanche, cela doit nous conduire à le glorifier dans le service de nos frères et sœurs en humanité.

Demander la grâce du discernement

Ainsi, nous avons à demander la grâce de trouver, de discerner, ce qui dans nos vies nous conduit vers le plus grand service de nos contemporains. Il s’agit, en fait, de rechercher la manière la plus juste de témoigner concrètement la sollicitude de Dieu. Pour cela laissons nos cœurs avoir soif de la miséricorde de Dieu comme nous y invite le psaume 62.

Prendre le monde à cœur

Puissions-nous toujours laisser de la place dans nos cœurs pour que l’amour de Dieu croisse en nous en réponse à la séduction de Dieu. Ne laissons pas les « soucis du monde présent » prendre la place de Dieu. Il est au cœur de monde pour que nous le prenions à cœur en son nom et pour le bien de tous ceux que nous croisons. Nous sommes appelés à aimer ce monde, à en faire une « vivante offrande à la louange de la gloire de Dieu ». Enracinons-nous donc dans l’espérance que nous offre Dieu pour bâtir son Royaume ici et maintenant !