L’Esprit de Pentecôte nous laisse vivre l’ordinaire du temps, comme disciples missionnaires du Christ. Aujourd’hui, la liturgie nous propose de récapituler tout ce que nous avons vécu durant tout le temps pascal. La Sainte-Trinité, que nous fêtons aujourd’hui, doit nous aider à comprendre que Dieu est relation. Ce n’est pas un Dieu solitaire, qui règne en maître sur la création. Notre foi n’est pas dans un démiurge tout-puissant. Nous croyons en Dieu, qui est à la fois trois personnes distinctes. Ces dernières ne sont pas des tiers de « Dieu ». Ce qui les caractérise, c’est l’unité dans la mission. Celle qui consiste à annoncer au monde les merveilles de Dieu afin que nous devenions disciples. C’est une dimension de notre vie que nous n’aurons jamais fini de découvrir, et c’est tant mieux.
Entrer dans un véritable dialogue
Nous découvrir disciple, c’est reconnaître que toute vie est faite pour entrer en conversation, en dialogue avec les femmes et les hommes de ce temps. Ce n’est pas évident tant il peut ressembler à un double monologue. Faisons un petit exercice de relecture rapide de notre semaine. Dans nos échanges, réels ou virtuels, combien de fois avons-nous vraiment laissé la place au dialogue ? N’avons-nous pas, plus ou moins, sagement attendu notre tour pour prendre la parole, sans écouter ce que l’autre ou les autres ont dit ?
Écouter vraiment la parole de l’autre
Il ne s’agit pas là de porter un jugement, mais de reconnaître qu’il est difficile de tendre notre oreille – à défaut de notre main – à l’autre. En revanche, le Père – le Fils et l’Esprit ne cessent d’être en dialogue avec que leur amour circule au cœur du monde. C’est cette relation continuelle, empreinte de respect de la spécificité et la singularité de l’identité de l’autre qui est le cœur de l’Amour de Dieu. Il est fondamentalement fait pour circuler, se communiquer, se donner. C’est le chemin qu’il nous faut prendre pour devenir des disciples missionnaires.
Dieu se dit dans Sa Parole
Dans les deux testaments, Dieu veut se communiquer à sa création. Dès les premières pages de la Genèse, nous voyons Dieu entrer en dialogue avec l’homme et la femme. Et eux refusent. Ils se cachent et s’enferment dans le péché. C’est lui qui entrave la communication, qui vient la rompre et ainsi nous diviser. Combien de fois avons-nous refusé de dialoguer, en campant sur nos positions, par orgueil ou par la peur du jugement de l’autre ? En nous proposant cette fête de la Sainte-Trinité, il nous aide à comprendre que la Parole, trempée dans l’encre de son amour, est, comme la sienne, créatrice. Plus exactement, à sa suite et à son exemple, elle devient co-créatrice. C’est ce que nous enseigne le psaume de ce dimanche.
Découvrir l’agir de Dieu dans Sa Parole
Nous rendre compte du pouvoir de la Parole, en contemplant l’agir de Dieu dans l’Écriture, peut être un autre exercice pour ce dimanche. Combien de fois, dans l’Évangile, entendons-nous Jésus prononcer une parole qui guérit, qui restaure ? Souvenons-nous de l’épisode du paralytique que ses amis passent par le toit pour lui permettre d’accéder à Jésus. Des personnes sont dérangées par cette parole, qui remet les péchés de la personne paralysée. Pourtant, il se met debout par cette dernière. Le handicap n’est pas une conséquence du péché, mais les deux paroles du Christ : « Tes pêchés sont pardonnés » et « Lève-toi et marche » nous montrent que Sa Parole remet debout spirituellement et physiquement.
Prendre soin de sa parole
C’est pour cela qu’il faut prendre soin de sa parole. Nous avons, peut-être, parfois, été vite en besogne lorsque nous avons donné notre parole. Prenons le temps de bien mesurer les effets de cette dernière. Souvenons-nous qu’elle compte et engage, à l’image de celle de Dieu. Notre parole est celle qui nous conduit à crier« Abba », comme nous le fait remarquer la seconde lecture. Alors, elle doit nous conduire à nous reconnaître comme frère et sœur en Celui que nous appelons « Père ». C’est aussi cela être disciple du Christ.
Le souffle de la Parole du Père
Quel lien entre la Parole (avec ou sans capitale) et ce que nous fêtons aujourd’hui ? La Sainte-Trinité. Pour qu’une parole soit entendue, il faut pouvoir accueillir la vibration d’air qui s’effectue. Dans la Sainte-Trinité, c’est l’Esprit Saint qui est ce souffle, cette vibration, du propos du Fils qui est la parole du Père. Ainsi, nous voyons bien que sans l’un des membres de cette Trinité, la Parole de Dieu ne peut advenir. Le Père peut bien vouloir dire une parole, mais sans le Fils pour la porter et l’Esprit pour la faire vibrer jusqu’à nos cœurs, ce serait vain. Ce serait d’autant plus dommage que c’est une parole d’Amour qui vient nous construire et nous inviter à entrer dans l’espérance.
Devenir disciple
C’est cette espérance dans laquelle le Christ demande de baptiser, dans l’Évangile de ce dimanche. Une espérance qui naît dans la bienveillante vigilance que Dieu a à notre égard. Recevoir ce baptême, c’est ainsi participer à vie de Dieu. Celle-là même qui nous tourne vers la conviction que Dieu veut qu nous participions à sa vie. Reconnaître qu’il nous donne la vie, l’espérance et l’être, c’est entrer dans la conviction que toutes nos blessures seront en lui cicatrisées. Ainsi, nous serons ses disciples.
Porter la Parole et devenir disciple
C’est bien avec ce que nous sommes, notre vie quotidienne, que nous avons à porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la Terre. Être disciple de Dieu est davantage une occasion de percevoir au cœur de notre chair que la vie de Dieu, l’Amour de Dieu circule dans notre monde. Il est le souffle qui nous donne véritablement d’entrer en relation les uns avec les autres, qui nous fait tenir debout même au cœur du gros temps. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie nous sommes véritablement ce peuple qui désire accueillir dans son cœur les mêmes sentiments que le Christ. Sentiments à l’égard du Père et de l’Esprit, mais surtout à l’égard des femmes et des hommes avec lesquels nous partageons cette Terre.
En ce dimanche de la Trinité, nous pouvons prendre le temps, dans une prière confiante, de nous adresser à chacune des personnes qui la composent. Que nous soient donnés la grâce de l’unité dans la diversité, là où nous sommes appelés et envoyés. C’est ainsi que nous deviendrons ces disciples missionnaires qui tiennent parole.
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