Les textes de ce 26e dimanche ordinaire nous invitent à être des signes pour les autres. Nous connaissons bien ce passage d’Évangile avec Lazare et l’homme riche. Notons au passage que ce dernier n’a pas de nom. Comme s’il n’existait pas vraiment, que sa richesse, sa manière de se sentir comme supérieur étaient les seules signes de son existence. Soyons aussi prudents, dans notre lecture de cet Évangile, et tâchons de ne pas le politiser. L’Évangile n’est pas un tract politique ou une analyse sociologique. Il est une suite de signes qui nous dessinent le désir de Dieu, pour nous et pour notre monde. Il est une pierre de fondation pour nous qui désirons bâtir le royaume et sa justice.
Richesse et pauvreté
Dans les textes que l’Église nous donne de méditer ce dimanche, nous comprenons facilement que les « riches » ne se comportent pas d’une manière digne. Ils sont dans l’opulence, la vanité. Le prophète Amos ne vient pas dénoncer la richesse mais le comportement de ces personnes qui sont riches. Si la richesse n’est pas la conséquence du vol ou de malhonnêteté, elle n’est pas mauvaise en soi. En revanche, si cet argent conduit au mépris du plus petit, il y a un problème.
Signes du Christ
En fait, c’est un appel à la vigilance quant au signe que l’on renvoie. N’oublions pas que nous sommes invités à être les fils de la lumière et que nos manières de vivre et d’être doivent — autant que possible, en témoigner. Amos nous invite à ne pas nous reposer sur une certaine opulence, à nous laisser aveugler par notre confort. Nous pouvons entendre comme en écho les mots du pape François lors des JMJ de Cracovie. Jésus dans l’Évangile dénonce aussi cette tranquillité béate qui nous endort et nous rend aveugles et sourds aux signes des temps.
Agir et servir
Nous pouvons toujours regarder l’horizon dans l’attente de la venue du Seigneur, mais si nous n’agissons pas pour être des signes de cette rencontre, nous risquons d’attendre longtemps. La pauvreté ou l’opulence ne doivent pas être des critères pour partir à la rencontre du Christ. Nous ne choisissons pas notre famille mais nous choisissons la manière dont nous pouvons être signe de la tendresse de Dieu, de son fol amour. Ne passons pas à côté du Seigneur qui se dit et se donne dans nos vies. Et surtout, ne culpabilisons pas si nous voyons que nous avons des difficultés à être des signes crédibles de l’amour de Dieu.
Se laisser entraîner dans la miséricorde
Nous avons tous besoin de conversion, nous avons tous besoin de nous laisser entraîner dans la miséricorde infinie. Aussi, ne restons pas immobiles dans l’attente d’un mirage, soyons acteurs et bâtisseurs du Royaume qui est à bâtir en plein monde pour apporter la vie de Dieu aux femmes et aux hommes de ce temps. Ne pas respecter cet appel, ne nous expose pas à un châtiment divin, à une sentence qui nous serait infligée par vengeance. Mais, c’est ne pas être fidèle à l’appel du Christ de servir ce monde et surtout les plus pauvres, les plus fragiles. Voilà ce qui aggrave le cas de notre « homme riche » de l’Évangile. Sa richesse était le mépris du plus petit et il ne mettait pas en pratique les commandements du Seigneur.
Soyons lucides
Nous retrouvons bien cette conduite que dénonce Amos dans la première lecture. Il nous met en garde contre toute conduite hypocrite dans notre manière de vivre. C’est donc une fois de plus un appel à la conversion que le Seigneur nous fait ce dimanche. Malheureusement, nous ne sommes pas ceux que nous rêvons d’être. Nous souhaitons, sans nul doute, car nous aimons le Seigneur du plus profond de notre cœur, être des personnes bonnes qui sont signes de la bonté et de l’amour même de Dieu. Mais, comme nous sommes incapables d’aimer vraiment, malgré notre désir et nos efforts, nous achoppons régulièrement.
La miséricorde : un de signes de l’amour de Dieu
Cette réalité est tout aussi désolante que démoralisante si nous ne comptons pas sur la miséricorde de Dieu. Et pourtant, elle est au cœur de l’alliance que le Seigneur ne cesse de venir nous proposer. Il y a tant de signes qui nous témoignent que l’Esprit est à l’œuvre. Il a y aussi, surtout, cette Parole de Dieu qui vient heurter parfois notre compréhension, notre sensibilité, voire même notre foi. Mais dans tous ces heurts, le Seigneur est aussi présent pour nous conduire sur le chemin de la vie.
Prendre appui sur la Parole
La Parole de Dieu jalonne notre route à la suite du Christ, elle est cette voix qui crie dans le désert comme pour nous laisser éveillés. La seconde lecture qui est proposée à notre méditation est admirable. Paul invite Timothée à mettre en pratique nos valeurs, notre foi. C’est une invitation à la vigilance, à ne pas se tromper de Dieu. Dans les versets qui précèdent le passage de ce dimanche, Paul met en garde contre l’amour de l’argent (1 Tm 6, 10), « racine de tous les maux ». Ce qui est mis en lumière ici est, comme toujours dans l’Écriture, l’abus, le mauvais usage des biens qui nous confiés.
Du bon usage de nos biens
Dans cet appel à la vigilance, tâchons de regarder de quelle manière notre usage des biens de ce monde sert le Royaume et sa justice. Sont-ils des obstacles à l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ au cœur du monde ou au contraire des signes qu’Il est présent au cœur de notre vie pour mieux vivre et aimer ? Dans ces appels qui nous sont faits dans la Parole proposée ce 26e dimanche, soyons vigilants à ne pas absolutiser les choses. Laissons le Seigneur venir nous offrir sa lumière au cœur de nos jours. Souvent, la Parole de Dieu nous déroute, nous propose de faire un pas de côté pour mieux entrer, tels les pèlerins d’Emmaüs, dans l’intelligence des Écritures.
Entrer dans la louange
Surtout, n’oublions pas d’entrer dans la louange, c’est-à-dire cet accueil gratuit de la grâce et de la miséricorde de Dieu. Cette attitude nous conduit au plus près du cœur du Ressuscité. Nous goûtons ainsi sa proximité et pouvons découvrir davantage, au cœur de ce monde, des signes de sa présence. Elle est discrète, humble, parfois cachée. Si nous arrivons, avec les yeux du cœur à la discerner et à en saisir pour vivre davantage, au cœur de nos journées, comme des enfants de lumière, nous serons disponibles pour partir au cœur du monde annoncer l’insondable miséricorde de Dieu.
[…] Notre lien au Christ, à son Père, dans l’unité de l’Esprit, ne doit pas rester de l’ordre du ressenti et nous faire vivre de manière solitaire et égoïste. Cette foi, aussi infinitésimale soit-elle, doit nous entraîner en plein monde. Le Christ nous convoque pour habiter le monde dans le charisme de notre vocation. Habiter le monde ne signifie pas la même chose pour des personnes qui ont choisi la vie monastique que pour celles qui vivent de manière apostolique. Mais, nous portons tous, comme baptisés, cette même responsabilité d’annoncer l’Évangile, la Parole de Dieu qui se fait chair par nos vies, aux femmes et aux hommes de ce temps. C’est d’ailleurs ce que le Christ nous demandait avec Lazare la semaine dernière. […]