« C’est quand le bonheur ? » demandait, il y a quelques années, le chanteur Cali. « Le bonheur c’est maintenant », répond Jésus dans l’Évangile de ce dimanche. Toute la liturgie de ce 6e dimanche du temps ordinaire nous parle de bonheur. Le mot « heureux » revient sans cesse dans les lectures de ce dimanche. Devenir, être heureux, avoir une vie de bonheur. Voilà ce que tout le monde cherche. Même si nous communions au Principe et Fondement des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola, nous recherchons tout de même le bonheur.
Heureux par une qualité de présence
Mais, cette recherche de bonheur doit nous conduire à une qualité de présence pour pouvoir servir et aimer notre prochain en ce monde et en ce temps. Dieu, en son fils, nous en fait la promesse qu’ensemble c’est possible. Si nous choisissons de prendre la route avec Lui, malgré les détours inhérents à la fragilité de notre humanité, nous pourrons vivre dans le bonheur et être heureux. Mais alors comment prendre cette route, comment trouver la carte qui nous conduit sur ces routes sures ?
Une boussole pour être heureux
Le psaume 1 de ce dimanche est la boussole pour devenir compagnons de Jésus et prendre sa suite. Toutefois, même si ce désir habite notre cœur, il est difficile de faire le premier pas. S’élancer vers le Christ, vers son désir que nous vivions davantage comme ses familiers, amis du bien, demande d’être disponibles. Avouons, humblement, que nous ne le sommes pas assez. Nous sommes toujours absorbés par l’urgence du moment, par le temps qui suit au lieu d’être au cœur du temps présent. Pourtant, c’est bien là que le Seigneur se donne à contempler.
Vers la vie éternelle
Il est l’Éternel présent et c’est dans cet « ici et maintenant » que nous avons à goûter la vie en abondance. C’est elle qui nous fait devenir « heureux », qui nous donne la voie du bonheur. Elle nous fait découvrir la pauvreté de cette recherche du temps perdu qui est le temps de demain. Nous pouvons entendre cette phrase dans l’Évangile de Matthieu : « Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? ». Telle est bien notre tentation de gagner le monde à la recherche du bonheur suprême, à la recherche des clefs pour enfin devenir heureux. Et alors ?
Heureux comme la sagesse du Christ
Notre recherche nous amène-t-elle cette sagesse du Christ qui nous invite à prendre le temps pour être là ? Cette présence aimante, douce, patiente bien qu’exigeante que nous propose le Christ ne vaut-elle pas plus que le monde entier, sa richesse et sa gloire ? C’est bien là la question que pose l’Évangile des Béatitudes de ce dimanche. Le Christ proclame « heureux » ceux qui ne le sont pas. Il vient promouvoir tout ce qui est à contre-courant de nos manières de voir et de penser. Si nous n’avions pas la foi, un attachement viscéral en sa miséricorde, nous pourrions être tentés de le prendre pour un fou, un dangereux utopiste qui n’a pas les pieds sur terre. Mais, voilà, il est le Ressuscité, le Fils de Dieu qui nous montre que nous n’avons pas à vivre pour nous-mêmes. Nous avons à entrer dans ce message qui nous dépasse.
Invités à proclamer le bonheur
Nous avons à comprendre de quelle manière nous sommes invités à entrer dans cette proclamation du bonheur, dans cette assurance que seul le Christ peut nous rendre heureux. Il ne s’agit pas d’espérer ce bonheur pour l’au-delà, pour la vie éternelle. Nous avons à œuvrer pour que la vie éternelle, la vie en abondance soit ici et maintenant. Elle est déjà en commencement, en genèse pour que nous la partagions.
Heureux de communier à la vie en abondance
Cette vie abondance, nous l’avons reçue au jour de notre baptême. C’est une vie qui nous émonde, qui nous dépouille, qui nous met à nu, qui nous conduit à chercher ce qui peut concourir à rendre ce monde davantage habitable. C’est là que la force du Ressuscité dont Paul nous parle dans la seconde lecture prend tout son sens. Sans cette résurrection, notre désir de changer le monde devient du militantisme et peut-être de la méthode Coué. Mais avec cette promesse que tout est récapitulé dans la puissance salvatrice du Christ, nous pouvons partir sur les routes des hommes.
Marcher sur terre vers le bonheur
Ce pèlerinage sur la terre proclame, par nos vies, nos voix et nos actions le désir de dire que Dieu rend « heureux » . Mais, il commence d’abord en nos cœurs. Nous ne pourrons pas être des disciples missionnaires disponibles pour la mission si nous n’accueillons pas en nos cœurs la Parole de Vie. Sinon, c’est le malheur qui habitera notre cœur. Il ne s’agit pas d’une malédiction, ni d’un châtiment divin, mais d’un assèchement de notre cœur, par égoïsme.
Une vie de communion
Nous ne sommes pas faits pour nous-mêmes, nous sommes faits pour la rencontre, le partage. Nous en trouvons le signe le plus emblématique dans cette Parole et cette Eucharistie que nous célébrons lors de la messe. Dieu nous donne sa Parole pour nous conduire à sa Table et partager sa vie. À notre tour nous sommes donc invités à prendre cette Parole au sérieux pour nous offrir en partage au monde. Voilà le sens profond du sacrifice de la messe que de se laisser conduire à être davantage disponibles pour goûter le bonheur du Ciel qui n’est autre qu’une vie qui se tisse de relations vraies. C’est ainsi que nous portons du fruit qui conduit à être pour ce monde des pacificateurs.
Du côté des méchants à l’étendard du Christ
Même si souvent, nous pouvons être tentés de « siéger au conseil des méchants, avec ceux qui ricanent », il est bon de se souvenir de l’attitude du Christ à l’égard de ses disciples. Nous avons à marcher dans ces pas, dans cette disponibilité de l’accueil favorable de l’autre. C’est une longue marche, cela demande de pouvoir accueillir de la part du Seigneur sa miséricorde. Tous, nous avons à nous laisser conduire par un urgent besoin de conversion.
L’appel au bonheur
Notre cœur peut être parfois sec, lourd et la tristesse peut nous envahir. Mais ne laissons pas s’installer ces attitudes. Tournons-nous donc alors vers le Père de toute miséricorde et puisions dans la force du Ressuscité et dans le don de l’Esprit. Ils nous conduiront vers la réussite. Mais elle n’est ni la Gloire, ni la Puissance, ni la domination. Il s’agit d’entrer dans la louange et l’accueil humble et pauvre de notre désir de devenir vraiment heureux et ainsi participer au Salut du monde.
[…] laquelle nous sommes appelés est de l’ordre de l’abondance du cœur, de l’ouverture à une vie en abondance, signe de la vie éternelle. Avouons que cet appel qui jaillit du désir du Christ pour nous […]