Ce 2e dimanche de Pâques est le jour où nous célébrons la divine miséricorde de Dieu. Nous l’avons chantée, cette divine miséricorde, lors de la nuit pascale dans l’Exultet en proclamant : « Bienheureuse faute de l’homme qui nous a valu un tel rédempteur. » C’est le paradoxe de notre foi. Dieu, en son Fils, est venu nous chercher au cœur de nos trahisons, de nos manques de foi pour nous conduire, avec Lui, à la Gloire de Sa Vie.
Découvrir la divine miséricorde
Durant tout ce temps de Pâques où nous lisons des récits de Résurrection, nous contemplons le Christ-Ressuscité nous rejoindre sur nos chemins de vie. Ainsi, il vient transformer nos routes en chemin de Pâques. Dans ce pèlerinage, nous sommes invités à découvrir la tendre et divine miséricorde de Dieu, son inlassable et fol amour pour chacun d’entre nous. Même si le Christ est mort et ressuscité une fois pour toutes, son action salvifique se perpétue. C’est ainsi que nous pouvons entrer dans la louange que nous invite à proclamer le psaume de ce dimanche.
Témoins de la divine miséricorde
Nous sommes invités à témoigner du pardon que le Christ nous donne dans sa divine miséricorde. Ce pardon est au-delà de nos ruptures d’alliance. Même si nous n’étions pas infidèles à l’amour de Dieu, il viendrait quand même nous conduire vers Sa Joie. Avoir la foi ce n’est pas une question de conduite morale, de faire le bien ou le mal. C’est vivre en tension. Nous avons à chercher la manière la plus juste de vivre dans la dynamique des Béatitudes. Pour autant nous avons conscience de la fragilité de notre humanité. C’est là où la divine miséricorde vient nous sauver. Elle nous invite à lui faire place au cœur de notre vie, dans nos fragilités et nos blessures.
Au cœur du mystère de Pâques
Les paroles d’Isaïe au chapitre 53 : « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé » nous le rappellent. Sur la Croix, il a porté les fragilités de chacun et chacune d’entre nous, il s’est chargé de la douleur de nos trahisons envers Lui, envers nous-mêmes et envers toute la communauté humaine. La divine miséricorde que nous célébrons ce dimanche nous conduit au cœur du mystère de Pâques.
Naître à l’Espérance
Des profondeurs de la nuit, Dieu, en son Fils, nous ouvre à l’espérance. C’est le sens que prend notre cierge pascal allumé au pied de l’autel. Il nous rappelle le feu de la vigile pascale auquel nous brûlons notre égoïsme pour que nos cœurs se réchauffent de l’amour de Dieu et que nous vie soient éclairées par la lumière du Christ. Ces signes nous conduisent à découvrir cette divine miséricorde. Mais, il nous faut aller plus loin qu’une simple découverte.
S’engager au cœur du monde
Nous ne sommes pas des « touristes de la foi », des « chrétiens de canapé » assis au balcon du monde ou devant un écran où se déroule la vie de notre temps. Notre baptême, dont nous avons renouvelé les promesses la nuit de Pâques, exige de nous un engagement total au cœur du monde. Pour cela, il est nécessaire que nous puissions accueillir la paix que le Christ vient nous offrir.
L’intranquillité de la Paix de Dieu
Cette paix n’est pas la tranquillité, l’inertie, mais la force de l’Esprit pour prendre notre part à l’annonce de l’Évangile. Dans celui que nous lisons en ce dimanche de la divine miséricorde, cette participation au ministère du Christ consiste à « remettre les péchés ». Il s’agit d’être les ambassadeurs de la mission que le Père confie au Christ dans le don de l’Esprit. Cet appel qu’il nous adresse aujourd’hui est de devenir des ministres, des serviteurs de la consolation de Dieu.
Vivre notre baptême
Notre baptême, notre foi exigent de nous d’être acteurs de ce monde en plein bouleversement. Nos actions doivent pouvoir rendre compte de l’espérance que la Résurrection du Christ a fait naître en nos cœurs. Notre vie doit pouvoir être nourrie, habitée de la Joie de l’Évangile. C’est d’elle dont nous devons être les témoins par et dans toute notre vie. Annoncer comme Peuple de Dieu en marche vers la joie du Christ est aussi la vocation de l’Église. C’est dans cette dynamique renouvelée par la Joie de Pâques que nous devons aller à la rencontre des femmes et des hommes de notre temps.
Il suffira d’un signe…
Thomas avait besoin de signes pour avoir la certitude que le Christ est bien ressuscité. Nous, nous ne pouvons pas toucher directement ses mains et ses pieds. Toutefois dans les blessures de notre monde, nous pouvons contempler celle du Christ. « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là », écrivait Blaise Pascal dans ses Pensées. Cela nous fait saisir que nous avons à redoubler de bienheureuse vigilance à l’égard de nos contemporains. Ils sont le visage du Christ souffrant. Il ne nous revient pas de les sauver, mais de leur témoigner de Sa divine miséricorde.
Dans le cœur du Christ
Le cœur du Christ miséricordieux nous invite à nous faire le prochain de chacun. Nous avons à demander au Seigneur de nous combler de sa grâce et de ses bénédictions pour être davantage fraternels les uns avec les autres. Célébrer sa divine miséricorde c’est reconnaître qu’au-delà de nos fragilités et de la détresse de ce monde, le fol amour de Dieu aura toujours le dernier mot. Il ne se résigne pas face à notre pas lent et glaiseux. Il est toujours présent au cœur de nos aventures humaines pour nous aider à vivre du don de l’Esprit. Dans nos difficultés, dans nos doutes, nos errements, il nous invite à avancer toujours vers Sa lumière pour que nous ne cédions pas à la résignation et à l’abandon.
Peuple de Baptisés
Nous sommes son Peuple, ce Peuple de Baptisés, appellés, par l’ardent désir de Dieu, à faire le Bien malgré nous et peut-être paradoxalement malgré nous. Il nous invite à Sa Table pour que, nourris de son Corps et de son Sang, nous nous faisions les serviteurs les uns des autres. Communier à l’Eucharistie, c’est reconnaître que notre vie n’a de sens que dans le Service.
Ainsi, nous pouvons davantage construire ce corps qui est l’Église. Nous serons alors envoyés en plein monde et « pourquoi pas dans tout l’Univers » comme le disait le jésuite Pierre de Clorivière, bâtir la Cité des Hommes. Confions-nous donc les uns et les autres à la divine miséricorde pour qu’elle nous illumine de la clarté pascale.