Nous fêtons le dimanche l’Épiphanie. Le jour de la manifestation glorieuse de Dieu, en Jésus, à toutes les nations. Nous en profiterons, sans nul doute, pour partager un moment de convivialité autour d’une galette. Profitons de cette convivialité que nous offre l’Épiphanie pour réfléchir à la convivialité de Dieu à notre égard. À Noël, nous avons fêté Dieu avec nous. Dieu qui vient partager notre humanité pour la mener à sa plénitude. Ce petit enfant, dans la mangeoire, nous fait comprendre le projet de Dieu pour l’humanité. Il choisit de cheminer avec nous pour que nous cheminions avec Lui.
L’Épiphanie : suivre l’étoile
C’est ce même projet qui nous est proposé en cette solennité de l’Épiphanie. Les bergers de la crèche font place aux mages, aux savants venus des quatre coins de l’horizon. Ainsi, Dieu se montre d’abord aux pauvres puis aux savants. Les premiers semblent trouver leur chemin seuls, les seconds entrent dans une interdépendance avec le puissant roi Hérode le Grand. Comment ne pas entendre ce passage du Cantique de Marie : « Il renverse les puissants de leur trône ; il élève les humbles » ? Les savants, les mages ne semblent pas savoir grand-chose, mais leur curiosité nourrit leur désir de rencontrer « le roi des Juifs qui vient de naître ».
Désirer rencontrer le Christ
C’est cela qui est majeur aujourd’hui : désirer rencontrer le Christ. Ce mouvement intérieur qui ne doit pas nous laisser en repos est le but de notre vie chrétienne.. Notre chemin d’humanité, notre pèlerinage sur la terre doit être habité de cette quête intérieure. Chercher le Christ davantage au cœur du monde c’est peut-être le message que nous pouvons retenir de cette Épiphanie.
Depuis son Ascension, le Christ a laissé au collège des apôtres et à ses disciples l’Esprit saint pour aide. Cet Esprit du Père et du Fils vaut tout l’or du monde. Il est ce qui nous donne le souffle de vie, l’audace dans la mission, l’espérance dans l’obscurité. C’est aussi cet Esprit qui continue de conduire l’Église dans ses pérégrinations, ses imperfections, ses difficultés à se conduire en fidèle disciple du Christ. C’est pourtant ce même Esprit qui nous met en route, nous parle, comme pour les Mages, et nous invite à prendre un autre chemin.
L’Épiphanie : l’autre chemin pour Dieu
Ce cheminement autre, grâce à l’écoute de l’Esprit, est un des fruits du discernement. Ils ont saisi le danger, le piège que leur a tendu Hérode le Grand. Cette manière d’agir, de discerner, de sentir que nous faisons fausse route peut nous inspirer. Nous aussi, nous pouvons sonder notre cœur, discerner avec d’autres pour comprendre que la route que nous prenons n’est pas la bonne. Ce qui doit nous animer au cœur de notre vie c’est de permettre à la splendeur, à la lumière du Christ de resplendir en plein monde. C’est l’invitation qui nous est faite par le prophète Esaïe dans la première lecture. Mais, elle ne brillera pas sans nous. Nous avons à nous mettre en route, à nous mettre debout pour partir à la recherche de la Gloire de Dieu.
Vivre de l’alliance nouvelle
Dieu, à Noël, choisit de tisser une alliance nouvelle avec l’humanité. Il se lie à nous, il se confie à nous et nous invite à prendre sa suite. Dès le début de l’histoire de Dieu avec son peuple, il l’a invité à se mettre en route. Souvenons-nous d’Abraham : « Quitte ton pays », et aujourd’hui des mages qui se sont aussi déplacés. Pour découvrir Dieu, il faut y mettre du sien, creuser son désir pour discerner jour après jour sa présence dans les événements du monde. C’est donc un appel à être des actifs de Dieu, des contemplatifs dans l’action qui nous est faite en cette Épiphanie.
Un temps pour la contemplation
La contemplation de l’action de Dieu n’est jamais inutile. Ce n’est jamais du temps de perdu que de s’arrêter pour rendre grâce et recevoir de Dieu sa force dans sa création. Les Mages, tout savants et sans doute très occupés qu’ils soient, ont su quitter leurs affaires pour se mettre en route et contempler le Christ. Et nous, sommes-nous capables de nous arrêter ? Savons-nous mettre en attente nos préoccupations si urgentes pour laisser « notre cœur frémir et se dilater » ? C’est peut-être ainsi, par une attitude qui nous fait prendre de la distance avec l’urgence, que notre vie « annoncera les exploits du Seigneur ».
Faire de nos vies une épiphanie
Devenir les hérauts de Dieu pour servir l’humanité souffrante peut être pour nous et nos frères et sœurs en humanité, une Épiphanie. Dieu n’est jamais aussi bien que servi que dans une attitude ajustée entre nous. Dieu, en Jésus, se donne à contempler dans une mangeoire et sur une croix. Il s’est aussi agenouillé pour nous montrer le chemin qui nous fait devenir les serviteurs les uns des autres. Cette proposition de Dieu de devenir ainsi sa ressemblance c’est aussi prendre un autre chemin que celui que nous indique la mondanité.
Regarder l’étoile
Nous pouvons être attirés par ce qui brille, mais si ce n’est pas l’étoile qui guide notre vie, nous risquons de faire fausse route. L’étoile qu’il nous faut suivre est celle qui nous conduit à davantage de fraternité dans nos relations mutuelles. Nous pouvons demander au Seigneur de faire briller en nos cœurs cette exigence. Qu’il vienne brûler en nous tout ce qui est tentation d’un exercice du pouvoir de notre bon plaisir, tel Hérode le Grand.
Contempler Dieu pour mieux se convertir
La pauvreté, l’humilité, la patience de Dieu à notre égard sont pour nous une occasion pour cheminer davantage vers la conversion. Cette contemplation de Jésus couché dans une mangeoire, que nous offrent les Mages ce dimanche, nous invite à changer notre regard. Comme nous fixerons nos yeux sur la croix, le Vendredi saint, nous les fixons sur le Christ dans la mangeoire depuis le soir de Noël. C’est là le signe que Dieu se donne à nous, se livre à nous dans le dénuement, la fragilité.
Prendre soin de ce qui est fragile
Nous avons donc à prendre éminemment soin, avec un profond respect, de ce qui est fragile. Faisons que nos mains soient comme des berceaux pour le Christ. Elles annoncent son œuvre par et dans toute notre vie. Offrons-les au Seigneur comme une vivante offrande à la louange de sa gloire en lui disant, à la suite du pape François : « “Vois mes mains”. Des mains meurtries qui vont à la rencontre et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous croyions en lui. »