Être au service de l’humanité souffrante


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, octobre 16th, 2021
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Au service de l'humanité souffranteNous, l’Église, le peuple de Dieu, sommes encore sous l’onde de choc du rapport de la Commission Sauvé. Beaucoup cherchent la manière la plus juste d’être au service les femmes et les hommes de ce temps. Comment passer du pouvoir au service ? De quelle manière prendre conscience que ces femmes et ces hommes victimes de pédocriminalité nous font saisir que le but de l’Église ce n’est pas l’Église ? Le pape François ne cesse de nous le rappeler. Il nous montre, par beaucoup de gestes concrets, de quelle manière l’Église doit-être au service, se mettre à la disposition de ce monde, pour mieux l’aimer. Le message des Évangiles nous conduit à reconnaître que le Christ s’est fait le serviteur de tous. Il a endossé volontairement l’opprobre, la douleur, la haine, la honte, la calomnie… Le prophète Esaïe nous le fait bien comprendre ce dimanche.

Être au service la mission du Père

Rien ne lui a été épargné dans son désir d »être au service la mission du Père. Ainsi, dans chaque personne, nous avons à reconnaître le visage du Christ. Nous avons à essayer de regarder chacun et chacune, riche ou pauvre, fort ou faible… comme ceux qui me rappellent que la seule ambition pertinente consiste à servir mes contemporains. Nous pouvons être tentés de nous substituer à Dieu, de vouloir régir le monde à notre manière. Lorsque nous agissons ainsi nous devenons infidèles aux promesses, à la dignité reçus au jour de notre baptême. C’est désirer prendre la place de Dieu, posséder le monde – et les autres – dans un incessant « autoréférencement ». Nous n’avons à mettre la main ni sur les autres ni sur Dieu. Nous avons à servir l’humanité souffrante, avec nos pauvres moyens, en plein monde.

Le Christ accompagne notre souffrance

La souffrance, Dieu, en son Fils, l’a assumée. Elle n’efface pas la nôtre, elle ne la rend pas moins douloureuse, moins révoltante. Mais cela nous témoigne de la proximité de Dieu qui est venu partager pleinement et réellement notre humanité. Il n’a pas fait semblant. En traversant la souffrance, il nous accompagne dans la nôtre. Il nous tient la main, « son bâton nous guide et nous rassure ». Le Seigneur est aussi « pour nous un appui, un bouclier », comme nous le dit le psaume de dimanche. Alors, nous pouvons aussi crier vers Lui : « Si tu es avec nous alors où es-tu dans toutes ces violences. Que fais-tu au cœur du monde alors que le mal est si présent, si prégnant » ? Nous avons le droit de lui faire cette demande. Il nous laisse cette liberté de crier vers Lui notre souffrance, notre détresse. Chacun recevra au plus intime de lui-même une réponse du Seigneur. Ce qui est certain c’est que la vraie proximité des uns, des autres, est présence de Dieu. Elle est signe de la consolation de l’Esprit qui nous aide à ne pas abandonner, à ne quitter ni cette vie ni ce bateau qu’est l’Église.

Vivre en ce monde et en ce temps

Ce n’est pas dans un ailleurs qu’il nous est demandé de vivre, mais dans ce monde et dans ce temps. Souvenons-nous de Jonas… Toute notre vie doit être dédiée à servir ce monde, dans la diversité de nos temps de vie, de nos dynamismes, de nos états de santé… C’est la sincérité, la pureté de notre cœur qui importe et non une posture de domination. Regardons le Christ agir. Il chemine avec ses disciples à la rencontre des femmes et des hommes de ce temps. Il se laisse interpeller par ces contemporains qui lui apprennent la mission. Tout fils de Dieu qu’il est, il comprend que Dieu parle par et dans les autres. Pour les comprendre, pour entendre leurs cris, leur désir, il se met à les servir. Il commence par les écouter : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », « Que me veux-tu ? » ou bien encore comme dans l’Évangile de ce dimanche « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? ».

Écouter pour être au service

Écouter avant de prononcer une parole, au lieu de fustiger la parole de l’autre. Prendre le temps du silence devant les propos de l’autre c’est aussi servir ce monde. Jésus nous montre ce dimanche que nos paroles ont du prix, car Il les écoute, mais elles ne sont pas forcément ajustées. Jacques et Jean veulent entourer Jésus « lorsqu’il sera dans sa Gloire » – ce sera la place des deux larrons lors de la mort du Christ. La protestation des autres disciples nous montre qu’ils sont dans le même état d’esprit : participer au pouvoir du Christ. Ils y participeront, par le martyre. Ils passeront aussi par ce baptême qui confesse la divinité du Christ. Mais, ce n’est pas ce qu’ils pensaient… La royauté du Christ est une gouvernance de souffrance et de dépossession de soi.

Adorer c’est être au service

Nous disons, dans le Credo, que les trois personnes de la Trinité reçoivent même adoration et même gloire… Alors, adorons, et surtout mettons en action cette gloire de Dieu qui consiste à servir, à voir toutes choses nouvelles en Christ. La vie de notre monde, notre vie sont des témoignages de la vitalité de Dieu. C’est un kaïros – un moment favorable – pour vivre la ressemblance de l’humilité de Dieu. Comme les disciples, nous avons vraiment à nous déposséder de notre mondanité. Cela nous pousse à vouloir tout posséder, tout régir pour assouvir notre volonté de puissance et nous prouver que nos sommes vivants.

Donner la vie

Donner la vie c’est accepter que la vie des autres nous déborde. Qu’ils aient raison ou tort, ils sont ces compagnons de route que le Seigneur nous donne sur le chemin de notre vie. Cherchons la manière la plus juste, la plus sage, la plus vraie d’être avec eux. Encourageons-nous, soutenons-nous, supportons-nous. Notre chemin, celui de nos contemporains, connaissent suffisamment de pierres d’achoppement sans que nous soyons pour eux des occasions de chute. Le baptême que nous avons reçu dans le nom du Père, du Fils, de l’Esprit nous conduit à devenir les frères/sœurs des uns et des autres. Ne l’oublions pas. Cela exige de nous une attitude de respect, d’amour, de charité mutuels. Notre baptême nous fait devenir cette Église, visage du Christ, qui chemine vers la plénitude de la beauté, de vérité et de la dignité de chacun de ce monde. Continuons à recevoir du Christ la grâce de le servir dans le service de ce monde pour Sa plus Grande Gloire.