Hier nous fêtions la conversion de saint Paul. Ce dernier a passé son ministère à annoncer la Parole. Elle est ce glaive à deux tranchants que nous sommes invités à la célébrer particulièrement ce dimanche. Le Concile Vatican II a mis en lumière l’importance des deux tables. La première, celle de la Parole, nous conduit à la seconde, celle de l’Eucharistie. L’une n’a pas de réelle importance sans l’autre. Elles se reçoivent l’une et l’autre et donnent sens à ce qui est célébré : l’amour gratuit, le don de la vie de Dieu, qui ne cesse de nous être offert gratuitement. La célébration de l’Eucharistie perdrait tout son sens, toute sa substance, si nous n’entendions pas la Parole nous convoquer, nous provoquer. Elle nous permet d’entendre l’œuvre de Dieu qui se dit dans l’histoire, et aussi l’action du Christ qui se poursuit au cœur de notre vie.
Conscience
Nous prenons ainsi conscience que Dieu se dit et se donne dans la Parole qui n’est autre que son Fils. Celui dont saint Jean nous dit qu’il était au commencement. Dieu, par son Fils, est créateur de vie, et ce dès la première page de la Genèse. Son incarnation vient concrétiser le projet de Salut de Dieu. Par son Fils, il vient illuminer nos vies, comme en témoigne la première lecture. Cette lumière, telle celle de l’étoile au-dessus de la crèche de Bethléem, vient éclairer nos ombres. Nous sommes si souvent démunis, perdus et tristes. Comme Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire.
Révélation
La Parole de Dieu vient alors nous révéler que nous ne sommes pas réduits à nos maladresses, nos pauvretés. Ces ombres, que bien souvent, nous nous mettons, ne sont pas des fatalités. Si nous mettons le Christ en premier dans nos vies, si sa Parole habite nos cœurs et nos actions, alors la Joie pourra se faire jour en nous. En fait, laisser la Parole demeurer en nous revient à « habiter la maison du Seigneur » comme nous y invite le psaume de ce dimanche. Pour autant, cela n’est pas du volontarisme, ni de la méthode Coué.
Invitation
Nous sommes plutôt invités à laisser la Parole nous rejoindre, se frayer un chemin dans nos cœurs si souvent obstrués, endurcis et empierrés. Nous ne possédons pas la Parole, c’est elle qui vient nous proposer l’Alliance. C’est un chemin d’un cœur à cœur avec Dieu dans notre pèlerinage terrestre. Il est important de nous laisser entraîner par cette invitation à écouter la Parole de Dieu résonner avec notre propre vie, nos propres soucis, joies, peines… C’est cette Parole reçue, méditée, discernée en communauté chrétienne, qui nous donnera d’être ses disciples-missionnaires. Parce qu’il s’agit bien d’être ces porteurs de la Bonne Nouvelle plutôt que des agents pastoraux.
Mission
Notre mission n’est pas de remplir les bancs de nos églises, mais de laisser le Christ habiter les carrefours du monde, par notre vie, notre témoignage. Voilà la meilleure annonce de l’Évangile : être ces femmes, ces hommes pour les autres. Au moins essayer, en laissant le Christ nous rejoindre sur la route. Cette expérience de rencontre a été celle des premiers disciples dont nous relate l’appel de l’Évangile de ce dimanche. Comme Simon et André, Jacques et Jean, si nous sommes saisis par le Christ, notre cœur brûlera alors d’un ardant désir d’enflammer le monde de sa Bonne Nouvelle. Alors, nous aussi nous entraînerons d’autres « aussitôt » à la suite du Christ.
En ce dimanche de la Parole, demandons donc la grâce d’être enracinés et fondés dans la douce charité du Christ. Qu’elle nous presse afin de devenir des témoins crédibles de l’amour de Dieu au cœur du monde. Ainsi, nous pourrons répandre sa Bonne Nouvelle pour la plus grande Joie de Dieu et serons des bâtisseurs de sa Paix.