Frère du Christ pour devenir frère des Hommes


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, octobre 2nd, 2021
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Frère du Christ pour devenir frère des Hommes« Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés doivent tous avoir la même origine ; pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères » lisons-nous dans la seconde lecture de ce 27e dimanche ordinaire de l’année B. Jésus nous appelle ses frères. Quelle joie ! Cette fraternité à laquelle le Christ nous appelle doit nous réjouir le cœur. Nous pouvons ainsi entrer dans la louange de nous savoir aimés d’un si grand amour que Dieu est venu faire de son fils notre frère. Voilà la révolution du christianisme.

Dieu n’est pas là-haut – au ciel – comme au balcon du monde regardant avec condescendance ses créatures. Non, il a choisi de partager notre humanité, la glaise avec laquelle il nous a créés pour qu’en son fils nous nous reconnaissions comme frères et ainsi le reconnaissions comme Notre Père. Ce n’est pas rien, car ainsi nous sommes également appelés à devenir cocréateurs avec Dieu. Lorsque nous nous reconnaissons frères des hommes, habités d’une altérité fraternelle, nous entendons l’urgence de l’appel à la conversion. Elle n’est pas contraire à louange, à la joie.

Reconnaître l’autre comme frère

Cette urgence pour le cœur doit nous engager à reconnaître tout ce que l’autre peut nous apporter dans la richesse de sa différence. De même, nous avons, si nous reconnaissons l’autre comme notre frère, à chercher la manière la plus juste de le servir. Servir ce monde c’est aussi reconnaître non seulement que nous habitons une maison commune, mais également entendre ce que nous dit la première lecture : homme et femme sont faits d’une seule et même chair. Celle-là même qui a été tirée de la glaise par Dieu.

Nous pouvons entendre, dans cette parole de la Genèse, l’importance de prendre soin les uns des autres. De cesser de bâtir, entre frères, des murs qui empêchent la parole de passer et font obstacle au sacrement de l’amour initié dès la création du monde. Ce texte de la Genèse nous rend bien responsables les uns des autres, gardiens de nos frères. Cette responsabilité, ce ministère, peut nous interroger sur nos comportements. Il n’est nullement question de nous juger, mais de chercher à nous convertir davantage.

Sortir de la perversité

Lorsque nous prenons le temps de relire nos vies à la lumière de la Parole, nous pouvons nous reconnaître dans tel ou tel. Dans l’Évangile de ce dimanche, ne sommes-nous pas, parfois, comme ces Pharisiens qui souhaitent mettre Jésus à l’épreuve ? Nous cherchons toujours à le convoquer, à le mettre comme au banc des accusés alors que nous sommes souvent responsables de la désunion de notre monde. Et pourtant, le Seigneur continue de nous répondre avec patience et pédagogie. Il se montre notre frère, malgré, sans nul doute, sa fatigue et de son agacement devant nos questions pièges.

Pourquoi se comporter ainsi à l’égard de Dieu et à l’égard des hommes, nos frères, avec pour ambition de le faire tomber ? Nous retrouvons cette interrogation chez le prophète Jérémie (17, 9-10): « Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme, il est incurable. Qui peut le connaître ? Moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes. ».

Découvrir la bonté de Dieu

Ce qui peut nous consoler, c’est la bonté et la miséricorde de Dieu qui poursuivent leur œuvre d’explication et de bonté parmi nous. Il est bien le seul à être capable de faire germer de bonnes choses dans notre cœur alors qu’il est obscurci par le désir de plaire. Mais, là n’est pas l’essentiel ; ce qui compte n’est ni de plaire aux hommes, ni de plaire à Dieu, mais de nous comporter à l’égard des autres comme un frère. C’est le cœur du message de l’Évangile, de la foi.

Nous pouvons faire de la casuistique, décortiquer les textes de l’Écriture pour y trouver une justification à notre esprit tordu, si nous n’entrons pas dans la fraternité que Jésus vient nous offrir, nous faisons fausse route. Ce que le Seigneur vient nous demander c’est l’unité, la fraternité et la simplicité. En fait, il s’agit de vivre de Sa vie. Par son incarnation, il épouse notre humanité pour que nous épousions la sienne.

Devenir frère du Christ

La sagesse du Christ réside dans l’offrande de sa vie, dans son union à notre humanité pour que nous vivions davantage libres, joyeux et confiants en sa miséricorde. Dans cette expression du fol amour de Dieu, nous avons à mieux assumer notre fragilité, cette nudité de la création.

Vivre la fraternité, se reconnaître frère de l’autre, c’est avoir l’humilité de se présenter nu devant lui. Non pas la nudité de notre corps, mais celle de notre chair, de notre être profond.

Il s’agit de se reconnaître fragile, mendiant de la puissance de l’amour de Dieu, désireux de rencontrer l’autre jusqu’au cœur de son impuissance. C’est cela que nous vivons lorsque nous célébrons l’Eucharistie. Nous plongeons alors au cœur de l’impuissance de Dieu qui se livre gratuitement, définitivement, par amour pour nous. Lorsque nous communions à Sa Parole, à Son Corps, à son Sang, le Christ nous configure à Lui.

Vivre comme baptisés

Cette sanctification, dont nous parlent à la fois l’Épître aux Hébreux et la prière sur les offrandes de ce 27e dimanche, nous conduit à vivre pleinement comme baptisés au cœur de ce monde. Cela demande de notre part d’accepter de nous dépouiller de notre suffisance, de nos tentations d’abus de position dominante. Nous avons véritablement à nous laisser accueillir par le Christ comme les enfants de l’Évangile qui lui sont présentés. C’est-à-dire avec une soif de découvrir ce qu’il a nous enseigné dans l’humilité et la simplicité du cœur. Laissons-nous déplacer par le désir du Christ d’accueillir dans nos vies tout ce qui est semence de vie.

L’amour que Dieu nous porte n’est pas une question de mérite. Il nous entraîne à nous dépasser, à nous laisser émonder par le feu de son amour pour trouver la force d’aimer et devenir davantage frères de nos contemporains. Ainsi, nous pourrons véritablement être ce corps du Christ, une seule chair appelée à vivre l’Évangile en plein monde, et ainsi devenir ces disciples missionnaires dont le monde a tant besoin.

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