Goûter le repos en Dieu


Méditations au coeur du monde / vendredi, juillet 7th, 2023
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L’Évangile de ce 14e dimanche du temps ordinaire nous invite au repos. C’est une bonne nouvelle, car cela correspond au premier dimanche des vacances scolaires. Pour les jeunes c’est donc deux mois de repos qui s’ouvrent devant eux. Mais, de quel repos nous parle Jésus ? Est-ce le farniente, ne rien faire et passer sa vie à la perdre en futilité ? Ou bien, ce temps en dehors du temps ordinaire est-il fait pour habiter autrement les jours ? Jésus, dans l’Évangile, invite au repos ceux qui ploient sur le fardeau. Mais, il ne dit pas quel est ce fardeau ni son poids.

Prendre le large avec Jésus

Ainsi, chacun d’entre nous peut entendre cette invitation du Christ à prendre le large. Même si nous ne sommes peut-être pas concernés par les vacances scolaires, nous pouvons profiter de ce marqueur temporel pour entendre l’invitation de Jésus. Il ne nous demande pas de ne rien faire, mais de se reposer en Lui, avec Lui et par Lui. C’est-à-dire que nous pouvons lui confier ce qui nous pèse, tout ce que nous portons comme poids du jour, pour qu’il le porte avec nous.

Le repos de la source d’eau vive

Le Christ ne fait pas à notre place, il nous accompagne sur le chemin et chemine ainsi avec nous. En tout les cas c’est une proposition qu’Il ne cesse de nous faire. Libre à nous de venir à Lui pour boire à la source désaltérante de sa vie. C’est peut-être cela aussi le repos qu’il nous promet : ne pas être seul, démuni, épuisé par le quotidien de nos jours. Jésus nous invite à puiser dans la force de son cœur le dynamisme pour parcourir la route qui nous conduit aux autres. Lui aussi a été fatigué par ce chemin de générosité, mais il se ressourçait dans cette conversion, dans cette proximité avec le Père. En fait, c’est le souffle de l’Esprit, tel un vent frais d’un soir d’été, qui peut nous donner la force pour continuer la route.

Notre fatigue : une bienheureuse limite

Cette fatigue, cet épuisement, cette lassitude même que nous pouvons expérimenter nous aident à comprendre que nous ne sommes pas des super-héros. C’est une bienheureuse nouvelle qui nous ramène à l’épaisseur de notre humanité. Notre fragilité est une bonne nouvelle, car elle nous ouvre au mystère pascal. La blessure ouverte du Christ sur la croix nous conduit à une ouverture au monde. Elle est le lieu de la conversion de Thomas, fêté lundi et aussi le signe qu’avec Jésus tout est toujours ouvert. Il nous conduit à l’espérance de nous savoir aimés passionnément malgré cette fragilité.

Aller au-delà de notre péché

Nous retrouvons cette conviction, cette assurance dans les mots de Paul, entendus dans la seconde lecture. Avec l’apôtre des Nations nous comprenons que si nous mettons notre confiance en Dieu nous dépassons notre péché. Cette relation d’alliance fondée en Dieu compte davantage que notre incapacité à aimer. Ainsi, il ne s’agit pas de nous lamenter sur nos pauvretés, mais de s’enraciner davantage en Dieu en laissant la part belle à l’Esprit. Accueillir l’Esprit qui souffle dans nos vies c’est percevoir ce qui fleurit comme promesse d’espérance dans le monde.

La force de Dieu nous repose

Certes, nous pouvons être fatigués, las, désarmés devant tant de violences qui habitent notre monde. Mais, il nous revient de trouver la force pour ne pas subir ces sentiments d’apathie. Si nous comptons d’abord sur le Christ, si nous nous unissons les uns et les autres par la prière, si nous habitons pleinement notre monde, nous trouverons des raisons d’espérer encore. La solution n’est sans doute pas dans du spectaculaire, mais dans la conviction de semer des graines de fraternité.

En plein monde

Notre foi nous invite à devenir le proche de l’autre pour bâtir avec lui le Royaume. C’est dans la proximité avec Dieu que nous pourrons développer une proximité avec nos contemporains. Même si parfois l’inverse peut être vrai. Ainsi, ne cherchons pas absolument à tout spiritualiser. N’oublions pas que lae vie de Dieu se dit dans la vie des Hommes. C’est ce que nous célébrons d’ailleurs dans chaque Eucharistie en affirmant l’union intime avec Dieu qui se dit dans ce corps et ce sang partagés.

Goûter l’Eucharistie c’est goûter le repos en Dieu

Lorsque nous partageons l’Eucharistie, nous partageons aussi la mission du Christ et en même temps nous nous reposons en Dieu. C’est là le paradoxe de notre participation au mystère pascal. Cette mission n’est pas de tout repos. Comme les apôtres et disciples du temps de Jésus, l’annonce de l’Évangile nous préoccupe, elle au cœur de notre vie. Pour autant, nous menons cette mission avec tact et mesure. Il ne s’agit pas de forcer les femmes et les hommes de ce temps à croire. En revanche, il nous revient de montrer la route du Christ par notre manière de vivre et de faire.

Entrer dans la louange de Dieu

Ne recherchons pas la perfection humaine, nous courrions après le vent. Efforçons-nous donc de rechercher ce qui, dans nos vies peut conduire à la louange de Dieu. Louer Dieu c’est reconnaître sa puissance créatrice et reconnaître que son amour est à l’origine de toutes choses Entrer dans cette dynamique de vie nous conduira à chercher la manière la plus juste de prendre la suite pour mieux servir les femmes et les hommes de ce temps. C’est ainsi que nous pourrons faire la volonté du Père en suivant davantage le Fils dans la dynamique de l’Esprit. Ainsi, nous serons acteurs et témoins de la surabondance de l’Amour du Père pour les femmes et les hommes de ce temps.

Porteurs des grâces du Royaume

Dieu nous aime passionnément, mais ne force pas les portes de notre cœur. Il veut que nous soyons attentifs, porteurs de vie dans ce monde, que nous fassions le bien d’une manière libre et confiante. C’est dans cette attitude que nous pourrons goûter le repos que Dieu nous offre. Un repos que la liberté de l’amour, tel un enfant qui s’endort confiant dans les bras de ses parents, offre magnifiquement. Voilà la joie sainte que nous demandons dans la prière d’ouverture de ce 14e dimanche ordinaire.

Goûter au vrai repos

Alors, demandons au Seigneur cette grâce de nous laisser entraîner par son incommensurable amour. Nous goûterons ainsi au vrai repos. Celui qui nous offre une telle gratuité pour annoncer son amour par et dans toute notre vie. C’est ainsi, aussi, que nous pourrons devenir ces bâtisseurs de paix dont notre monde a temps besoin.