Chaque année, le 31 juillet, nous célébrons Ignace de Loyola. Ignace est un maître spirituel et un expert en discernement. C’est un mystique pragmatique ou autrement dit un contemplatif dans l’action. C’est au cœur de son quotidien, de l’écoute de ce que l’Esprit lui inspirait que sont nés les Exercices Spirituels. Ce petit livre n’est pas un manuel de développement personnel, mais une invitation à se mettre à l’écoute de la volonté du Seigneur, guidé par un aîné dans la foi.
Découvrir le cœur de la spiritualité ignatienne
Apprendre à discerner est le cœur de la spiritualité promue par Ignace de Loyola. Discerner, c’est choisir ce qui nous conduit davantage à un plus grand service de Dieu, sans en tirer quelconque avantage. Il s’agit de marcher vers le Bien, vers ce qui peut rendre ce monde plus harmonieux, plus juste, plus fraternel. Nous entendons cette invitation dans la lecture du livre du Deutéronome (Dt 30, 15-20) qui nous est proposée parmi les lectures de cette solennité de la saint Ignace de Loyola.
Avec Ignace, choisir le Christ
Nous avons le choix, dans ce monde ; de servir la surabondance de l’Amour de Dieu ou bien de chercher à nous sauver nous-mêmes. Cela parait, vu comme cela, une alternative assez simple, mais avouons que notre cœur est parfois plus enclin à vouloir se servir qu’à servir. C’est sans doute dans ces moments qu’il est utile de nous souvenir que Dieu est toujours du côté de la Vie. Il est promesse de prospérité, non forcément dénuée d’aspérités, qui nous conduit vers ce « davantage » cher à Ignace et à ses compagnons. Il s’agit là d’une invitation à aller au-delà de ce que nous connaissons.
Écouter nos motions intérieures
Il nous revient, en fait, d’être attentifs à ce que nous ressentons dans tout ce qui fait ce que nous sommes. Cet examen de ce qui nous habite doit aussi entrer dans un dialogue avec l’Éternel Seigneur de toutes choses. Choisir la vie c’est rechercher le souffle, le dynamisme, l’élan qui nous invitent à parcourir la route qui peut nous séparer de l’autre. C’est essayer d’entrer dans ce présupposé positif que nous propose, dans les Exercices, le fondateur de la Compagnie. L’autre que nous rencontrons, que nous côtoyons, voire, pour lequel nous avons une sorte de répulsion peut nous conduire au Christ.
Compter sur la grâce et agir en plein monde
Ignace nous invite à rechercher là où la vie sommeille en l’autre, et dans le cas contraire, à tâcher de la réveiller. C’est une invitation à croire en toute personne humaine comme créée à l’image de Dieu. Sans la grâce nous abandonnons rapidement cette impulsion qui nous conduit vers la vie. Nous jugeons, jaugeons, enfermons rapidement les autres. Mais, souvenons-nous qu’ils sont aussi aimés de Dieu. Quand nous regardons les apôtres ou les premiers jésuites : quelle diversité ! La vie tumultueuse d’Ignace n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Mais, ensemble, comptant sur la grâce et leur amitié dans le Seigneur, ils ont pu servir et aider les femmes et les hommes de leur temps.
À la suite d’Ignace, annoncer au monde les merveilles de Dieu
Dans cette expérience humaine et spirituelle d’Ignace, nous pouvons retenir la dimension collective, communautaire. Il a souhaité faire profiter, à ceux qu’il rencontrait, ses découvertes du visage de Dieu. Nous pouvons garder au cœur cette générosité dans l’abondance des découvertes spirituelles et nous en inspirer pour notre vie. Ainsi, nous comprenons peut-être mieux ce qu’un des successeurs d’Ignace, Pedro Arrupe, voulait signifier par cette heureuse expression : des hommes pour les autres.
Choisir la vie
C’est-à-dire que notre vie doit être tournée davantage vers les autres et chercher avec eux la manière la plus juste de construire le Royaume. C’est de cette manière que nous pourrons trouver le bonheur qui nous est décrit dans le psaume 1. Ainsi, ce qui importe c’est de marcher dans les voies du Seigneur. Ce cheminement n’est pas de l’ordre d’une obligation, d’un code que nous aurions à respecter comme un carcan. Il s’agit d’une invitation au bonheur, à se laisser rejoindre par la tendresse et la miséricorde de Dieu. Voilà la conversion à laquelle le Seigneir nous appelle. Ainsi, nous pourrons découvrir dans un discernement continuel la manière la plus juste de servir.
Serviteur du Christ, serviteur des Hommes
Notre vocation de fils/fille de Dieu est bien de nous faire les serviteurs les uns des autres avec humilité et générosité. Servir ne signifie pas être sous influence, corvéable à merci et sans capacité de choisir. La figure d’Ignace que nous fêtons aujourd’hui nous le fait comprendre. C’est davantage rechercher ce qui fait sens, ce qui nous fait ressembler au Christ qui est le serviteur par excellence. Il s’agit de pouvoir choisir et décider, avec autorité, mais sans autoritarisme, après avoir discerné le poids de cette décision.
Comme Ignace cherchons à suivre le Christ davantage
Ainsi, suivre le Christ c’est accepter de prendre le temps de discuter avec lui des grandes décisions qui ont un impact sur notre vie, celle du monde, et celles de nos contemporains. Mais, c’est aussi prendre le risque d’un choix libre qui ne soit pas influencé par les modes de l’instant ni par la recherche de la vaine gloire. D’où l’importance de ce dialogue confiant avec Dieu. Cette confiance dans la prière est essentielle, c’est d’ailleurs ce qui marque le plus l’itinéraire d’Ignace. Sa relation avec Dieu était continuelle et sa confiance en Lui l’invitait à chercher avec Lui la justesse d’une décision à prendre.
Apprendre à faire confiance à Dieu
Reconnaissons que nous avons souvent du mal à faire confiance à Dieu. Nous sommes comme les disciples secoués par la tempête (Mt 8, 24-27) qui ne comprennent pas que même si Jésus dort, il est avec eux. Pour suivre Jésus, il faut donc renoncer à vouloir tout maîtriser. Nous avons à apprendre à la suite d’Ignace à entrer dans cette confiance qui nous fait naître à l’espérance. Elle nous conduira à discerner les signes des temps pour aimer et servir en toutes choses. C’est alors que nous saurons guider la barque de notre vie dans la houle, le vent et autres tempêtes que la vie nous fera rencontrer. Nous nous souviendrons alors que c’est bien le Seigneur qui est le maître du temps et qu’il nous confie, sous son impulsion, d’amener le bateau de notre monde à bon port.
Alors, en ce jour où nous célébrons Ignace de Loyola, nous pouvons lui demander d’intercéder pour nous en ce sens. Que le Père nous conduise au Fils dans le dynamisme de l’Esprit afin que nous puissions porter de bons et beaux fruits pour la plus grande gloire de Dieu.