« Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ». Cette phrase, nous l’entendons à chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. Elle actualise ce qu’il se passe aujourd’hui : jeudi Saint. Jésus, entouré de ses disciples, scelle les noces de l’Agneau. Cet Agneau dont nous parle la première lecture. Ainsi, la Cène, le jeudi Saint célèbre bien cette alliance, les noces de l’Agneau qu’est le Christ. Aujourd’hui, ce soir, Jésus vient nous redire l’Amour qu’il nous porte. Pour que nous n’en perdions pas la trace, l’Écriture nous laisse deux signes : le lavement des pieds, et le dernier repas. Curieusement, le premier n’est pas devenu un sacrement alors que le second est la « source et le sommet de la vie chrétienne ».
Les noces de l’Agneau et le lavement des pieds
Mais, à bien y regarder, nous comprenons bien que la liturgie veut mettre en parallèle ces noces avec le lavement des pieds. Il n’y peut pas y avoir d’Eucharistie sans lavement des pieds. L’Époux qui célèbre ses noces est avant tout un serviteur de la mission du Père. Il est certes venu pour nous mettre sous sa coupe et son joug. Mais, la première est une bénédiction, nous fait entendre le bien que Dieu, en son Fils, dit de nous. La seconde est un joug facile et léger. Cette coupe et son joug le Christ nous les partage, nous les confie en héritage pour que nous n’oubliions pas que tout service, toute démarche compte et engage. À nous de trouver la manière la plus juste de suivre le Christ de plus près, de venir à sa suite pour mieux aimer et servir le monde et donc le Royaume de Dieu.
Invités à participer aux noces de l’Agneau
Ces noces de l’Agneau, cette Eucharistie à laquelle nous ne cessons d’être conviés nous fait saisir que le Christ est l’époux du monde. Il a choisi de se lier à nous pour l’Éternité. Ce n’est pas une question de mérite, c’est une question d’amour. Lorsque les trois personnes divines choisissent d’envoyer le Fils, ce n’est pas pour récompenser le monde. Il s’agit de le sauver, de faire comprendre que seul l’Amour est digne de foi dans la simplicité et l’altérité. C’est cette manière d’être et de faire qui marque le ministère de Jésus. Une attention à chacun, une écoute attentive, dans une affection parfois rude, mais toujours empreinte du désir de construire.
Amis dans le Seigneur
Jésus n’est pas venu installer un royaume comme ceux que nous connaissons avec faste, richesse et grandeur. Il est venu célébrer avec nous ses noces. Ainsi, nous devenons des amis dans le Seigneur qui se réjouissent d’un tel amour. C’est cette joie d’être conviés aux noces de l’Agneau qui doit nous habiter jour après jour, Eucharistie après Eucharistie.
Serviteur par amour
Ce soir nous voyons le Seigneur se dévêtir et mettre un tablier. Il se fait l’esclave de tous, pour nous servir. Ainsi, il nous montre que l’essentiel n’est pas le pouvoir et la contrainte, mais l’Amour et le service. C’est par conséquent un exemple pour nous qui tâchons de vivre l’Évangile en plein monde. Nous pouvons profiter de ce jeudi Saint pour nous interroger sur notre manière d’agir. Non pour culpabiliser. Il s’agit davantage de laisser le Seigneur nous évangéliser, nous annoncer sa Bonne Nouvelle au cœur de notre être profond. Ce n’est pas facile d’accueillir le Fils de Dieu dans notre vie.
Notre orgueil lavé dans les noces de l’Agneau
Regardons Pierre qui n’accepte pas que le Seigneur lui lave les pieds. Son orgueil est tellement important qu’il ne comprend pas l’exemple que le Seigneur lui manifeste. Et nous ? Où mettons-nous notre orgueil dans notre vie ? Savons-nous nous laisser surprendre par un geste, une parole, un regard fraternel qui nous invite à un déplacement ? Acceptons-nous de nous laisser entraîner sur le chemin du plus grand amour car invités au repas des noces de l’Agneau ? C’est là le mystère que nous célébrons aujourd’hui. C’est aussi se laisser rejoindre par le regard de Jésus sur chacun de nous alors qu’il vient nous laver les pieds. Osons-nous nous laisser entraîner par sa miséricorde et son fol amour ou notre faiblesse et notre fragilité font-ils obstacle à cette rencontre ?
Entrer davantage dans l’expérience pascale du Christ
Cette célébration du jeudi Saint, des noces de l’Agneau, est le commencement du Triduum Pascal. Nous allons accompagner Jésus sur le chemin de sa passion, l’accompagnerons jusqu’à la croix dans l’attente de la splendeur de la lumière de Pâques. Pas à pas, jour après jour, nous communierons aux épreuves que le Christ a subies sur le chemin qui le mènera au témoignage suprême. Il ne s’agit pas, pour nous, d’entrer dans un jeu de rôle, de faire semblant de souffrir avec le Christ. Mais nous pouvons demander la grâce d’entrer davantage dans ce que le Christ vit, par amour pour nous, et examiner nos motions intérieures. Peut-être qu’elles nous conduiront à nous ajuster davantage au service du Christ.
Veiller pour aimer
Qu’importe si cette grâce nous est donnée aujourd’hui, demain ou un autre jour. Tâchons de rester en état de veille, de présence de cœur et d’âme dans ce que nous célébrons ces jours. Ce qui importe c’est ce don que le Christ ne cesse de nous faire. « Il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps », comme le dit Méliton de Sardes dans l’office des lectures de ce jour. Ce Triduum est vraiment le cœur de notre foi.
Les noces de l’Agneau nous conduisent sur le chemin de la vie en abondance
Les noces de l’Agneau, l’Eucharistie que nous célébrons aujourd’hui est la préfiguration de Pâques. Aujourd’hui, Il nous dit qu’en recevant son Corps et son Sang nous sommes entraînés sur le chemin de l’espérance, de la vie en abondance. C’est une grâce que le Père nous donne par l’Esprit dans le don de son Fils. À chaque fois que nous communions, de corps, de cœur ou d’âme, nous nous unissons davantage au Christ. Il resserre en nous les liens de la charité, de l’amour fraternel, de l’engagement au cœur du monde. Il vient guérir et apaiser nos blessures et nous entraîner à sa suite pour continuer de bâtir le Royaume de son Père.
Servir le Christ en plein monde
Alors, avec joie, entrain et enthousiasme, laissons-nous accueillir à ces noces de l’Agneau que le Christ célèbre pour nous aujourd’hui. Que ce sacrement nous donne de continuer à servir davantage le Christ en plein monde, aidés du souffle de l’Esprit, pour une Gloire de Dieu toujours plus grande.