Notre foi chrétienne nous fait demeurer en « ambassade pour le Christ ». Sur cette terre, nous avons, comme chrétien, à porter le message d’espérance, de salut et de consolation que le Christ lui-même a semé au cours de sa vie sur terre. Il s’agit bien plus d’un savoir être que de tomber dans un activisme aussi louable soit-il. Il s’agit de vivre la « diaconie » dans sa dimension théologique.
Ramener la diaconie, même si c’est utile, au bon geste, à la solidarité serait réducteur. Il s’agit d’amener ce qui fait l’Eglise au monde et d’amener ce qui fait le Monde à l’Eglise. Le but ultime est la construction d’un édifice cohérent où chacun a sa place. Cela nécessite bien évidemment l’engagement aussi bien ecclésial que civil afin que cet aller-retour puisse se réaliser dans des conditions optimales. Notons que l’histoire de l’Eglise témoigne que ce souci du plus fragile doit être une priorité pour celui qui a la charge d’un peuple. C’est bien le signe qu’il est de la vocation du peuple chrétien de secourir les plus fragiles, motivés par celui qui en assume l’unité du corps. Il nous faut tout de même garder à l’esprit, nous les chrétiens, que cette préoccupation, nous l’assumons à la suite du Christ. D’où la nécessité de faire entrer en dialogue le culte et la solidarité. En nous rendant présent au plus fragile, c’est au Christ que nous nous rendons présent, nous avons rendez-vous avec lui. Il ne s’agit pas tant de servir pour servir mais de l’effectuer en conformité avec l’agir même du Christ, cette manière si singulière d’aimer l’autre en le servant. Ce service passe surtout par la restauration de l’humanité de l’autre, par la refondation des liens avec sa communauté. Pour le Christ servir l’autre c’est lui redonner toute sa place, la plénitude de son humanité.
Il faut être prudent dans notre désir d’agir à tout prix, d’être dans une dynamique d’actes pour les autres voire avec les autres. La diaconie, dans le sens chrétien, c’est avant tout mettre ses pas dans ceux du Christ. Ce cheminement doit nous placer dans une attitude d’homme debout, libre à l’égard de tous car serviteur du Christ (1 Co 9, 19). Ce compagnonnage avec Lui nous fait aussi grandir dans la foi, dans la confiance que nous mettons dans Sa grâce et Sa parole. C’est aussi là un sens essentiel du service car cela nous fait saisir davantage que nous devons nous enraciner en Dieu, le considérer comme la boussole de notre vie. C’est donc un appel à nous laisser dessaisir de nos idoles, de notre besoin de tout contrôler. Vivre en Serviteur du Christ, c’est saisir qu’il n’y a pas de premières ou dernières places, que la seule qui vaille est celle qui est la mieux ajustée à ce que je suis dans le cœur du Christ. Il s’agit de venir travailler à la vigne du Seigneur, comme nous sommes, avec ce que nous sommes. C’est la démarche, le déplacement qui compte, celui qui consiste à nous mettre en route, à quitter nos soi-disant sécurités pour rencontrer le « maître de la moisson ». Le service consiste à se rendre disponible d’abord à Dieu et en cela à nos frères et sœurs en humanité. Il s’agit bien de vivre dans une profonde intimité avec le Seigneur, source et sommet de la manière juste de servir et donc d’aimer. Sachant que l’amour doit précéder le service, mais que ce dernier est l’expression concrète du premier.
Enracines dans le Christ, nous désirons aimer et servir nos frères. Prenons alors le temps de lui demander cette grâce afin que nous soyons d’un seul cœur tendus vers cette mission et que nous tenions bon malgré les fatigues et les contradictions.
[…] au sens de Noël, à travers de réflexions sur les oraisons du temps de l’Avent ou sur l’engagement chrétien dans le monde. Et puis, Pierre Baptiste nous partage aussi les interviews marquantes qu’il réalise, comme […]