L’audace de la foi


Méditations au coeur du monde / vendredi, juin 28th, 2024
Temps de lecture : 5 minutes(Last Updated On: )

Les textes de 13e dimanche nous placent devant l’audace de la foi. Entre Jaïre et la femme qui perd du sang, nous trouvons un vrai courage spirituel. Tous deux incarnent la force de l’espérance. Cet homme et cette femme ont le courage d’aller vers Jésus. Ils tentent l’impossible, car là est leur seul espoir

L’audace d’une prière spontanée

Nous pourrions avec une vision négative de ces démarches comme trop « utilitaristes ». Cela nous fait penser à nos prières quand tout va trop vite et que nous avons besoin d’une aide. Ces prières « ­SOS » sont de l’ordre d’une foi qui sait que Dieu agit au cœur de notre monde. Mais, parfois, nous sommes comme perdus, tels les disciples de la semaine dernière, et nous appelons Jésus à l’aide. C’est encore le cas dans l’Évangile de ce 13e dimanche.

Dépasser la désespérance

Mais, face à la désespérance, à l’inquiétude des disciples, il y a l’audace et la générosité. Ce sont deux mouvements qui s’opposent même s’ils partent d’une prière, d’une demande auprès du Seigneur. Nous pouvons prendre le temps, en cette fin d’année, de regarder notre prière et notre compagnonnage avec le Seigneur. Non pour nous culpabiliser, mais pour comprendre comment nous entrons en relation avec le Seigneur.

L’audace de la foi

Nous voyons l’audace de cette femme qui perd du sang. La foule enserre Jésus et elle n’a pas moyen d’attirer son attention. Il y a trop de monde, Jésus est trop sollicité, mais elle veut aller jusqu’au bout de son désir : avoir un contact avec Jésus. Elle ne le connaît pas. Elle ne l’a jamais rencontré. Pourtant sa foi la porte à tout faire pour créer la rencontre. Elle use d’audace pour toucher le pan de son vêtement. S’approcher de Jésus est la seule chose qui compte pour cette personne. Elle tente le tout pour le tout, car elle a confiance.

À l’écoute de notre cœur

Sommes-nous aussi audacieux dans nos démarches de foi ? Faisons-nous confiance à la vérité de notre cœur ou bien aux rumeurs non fondées ? Il est important de sortir parfois de la rationalité pour aller avec audace et générosité là où le cœur nous porte. C’est souvent dans ces lieux que la grâce du Seigneur passe. C’est là où nous sommes portés à être centrés dans le cœur même de Dieu. Ainsi, nous pourrons avancer avec sérénité sur le chemin qui nous mène à la paix.

Avec audace et délicatesse

Ce geste de « toucher un des pans du manteau de Jésus » est très délicat et Jésus ne s’y est pas trompé. Dans cette force, cette puissance qui est sortie de Lui, il a ressenti cette audace. Marqué par cette attitude, il a voulu prendre le temps de la rencontre. « Qui m’a touché ? » entendons-nous Jésus dire à la foule. Nous pouvons recevoir cela comme un reproche, comme le laisse entendre la réaction de la femme. Mais, n’est-ce pas plutôt de l’émerveillement, de l’étonnement quant à la force de cette personne ?

Croire en l’impossible

Entendons plutôt : bienheureuse es-tu de croire qu’avec moi l’impossible devient possible ? Oui, bienheureuse est cette femme qui a su venir au Christ et confesser son histoire. Elle s’est jetée au pied de Jésus pour justifier son geste de foi. Dans ce récit, pourquoi ne pas voir une préfiguration du sacrement de pénitence et de réconciliation ? C’est le dynamisme d’un récit de foi, d’un chemin qui cherche l’alliance, qui cherche à se construire en Dieu et en l’homme.

Une rencontre d’amour

La rencontre entre Dieu et l’humanité dépasse le péché, c’est avant toute chose une histoire d’amour. Et c’est cette histoire qui est abîmée par notre égocentrisme. Mais, nous avons toujours le temps de nous jeter dans les bras de Jésus et de lui exprimer ce qui pèse sur notre cœur. : Comme Jaïre qui se jette lui aussi au pied de Jésus parce que sa fille est mourante.

L’audace de l’amour

Quelle audace, ici aussi ! Lui, le chef de la synagogue, vient trouver Jésus. L’amour qu’il porte à son enfant est plus important que le rang qu’il occupe dans la Cité. C’est, peut-être, pour nous, une indication de savoir placer notre foi au bon endroit. Quelle place tient-elle dans notre vie ? Mais, peut-être que le plus important c’est la réponse de Jésus à l’angoisse de ce père : « Ne crains pas, crois seulement. » Effectivement, il faut avoir la foi chevillée au corps pour se laisser rassurer devant un tel drame.

Sauvés par la foi

Jésus ne demande pas à à Jaïre, ou à cette femme qui perd du sang de lui prêter allégeance. Il les renvoie à leur foi, à la force de leur démarche. Ils ont foi en Jésus parce que leur cœur atteste que Lui seul peut les conduire vers ce qui relève.

Se confier à Jésus

Et nous ? Avons-nous suffisamment foi en ce que susurre notre cœur pour avoir l’audace de rejoindre le cœur de Jésus ? Prenons-nous la peine de lui confier ce qui nous blesse, ce qui obscurcit notre quotidien ? Il ne s’agit pas d’attendre un miracle immédiat, mais de laisser se frayer une parole de confiance, comme le père de la jeune fille mourrante. Lui sait que Jésus peut faire la différence. C’est quelque chose qui est de l’ordre de l’intime conviction.

Dans le calme et la sérénité

Nous le comprenons bien alors que Jésus se rend au chevet de la jeune fille. Il y a là encore du monde, des gens poussent de grands cris, il y a beaucoup d’agitation. Jésus reste calme. Il sait que ce n’est pas dans ces conditions que la présence de Dieu peut se manifester. C’est une indication pour nous.

Faire silence pour entendre la voix de Dieu

Cela nous invite, quand l’agitation nous saisit, à demander la grâce de la sérénité. Dans le brouhaha, nous ne sommes pas capables de comprendre. C’est la même chose dans l’agitation de notre cœur. Nous avons à apprendre de Jésus ce calme qui nous permet de discerner la voix du Père et sa volonté pour nous et notre monde.

Avec audace, faire jaillir la vie de Dieu

Souvenons-nous que, à la suite du Christ, nous sommes du côté de la vie. Nous avons à faire fleurir la vie de Dieu dans celle de notre monde parfois triste et désarmé devant la violence des mots et des gestes. Trouvons à la suite du Christ, l’audace d’une parole généreuse vraiment constructive.

Laisser le Christ nous réveiller

Parfois, notre cœur est endormi, nos pas sont lourds et fatigués, nous sommes comme endormis par le découragement et la lassitude. C’est là que nous avons à ouvrir l’oreille de notre cœur. Alors, le Christ nous dira « lève-toi et marche » et demandera à nos frères et sœurs de nous « donner à manger ».

Lève-toi et mange

Ainsi réconfortés, comme Élie à l’Horeb (1 R 19, 4-8), nous pourrons reprendre le chemin de la mission. C’est grâce à cette consolation d’une parole et d’un pain de vie que nous pourrons (re)prendre la route. Ainsi, nous deviendrons davantage témoins de la joie de Dieu aux carrefours de notre monde.