Nous sommes le 1er dimanche de l’Avent. Nous cheminons, avec bienheureuse vigilance, vers la joie de Noël. Dieu nous attend à la crèche pour dilater notre joie, illuminer nos vies et fortifier notre espérance. Pour bien vivre ce temps d’attente, cette bienheureuse vigilance, la liturgie nous donne quelques recommandations. Elles sont importantes, car elles nous permettent de ne pas nous laisser entraîner par le courant de nos activités. Entre nos emplois du temps chargés, les soucis du quotidien, les informations peu enthousiastes, ce temps d’Avent peut vite perdre de son sens et de sa densité. Il est donc vraiment essentiel d’exercer notre bienheureuse vigilance avec calme, sérénité et enthousiasme.
Redécouvrir la densité de l’Espérance
Ce chemin que nous empruntons aujourd’hui va nous conduire à redécouvrir la densité de l’Espérance. Elle est le désir du Père de faire naître son Fils au cœur du monde. Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous demande d’être attentifs aux signes. Il ne s’agit pas de chercher à décrypter absolument tout ce qui pourrait être signe. Il faut plutôt se laisser surprendre par ce qui ne nous rend pas insensibles. Ces mouvements intérieurs mus par des signes peuvent nous conduire à discerner le sens profond de ce que nous vivons. Dieu s’adresse à nous au cœur du monde, dans notre quotidien qui peut nous paraître banal, inintéressant. Qui aurait pu penser qu’il viendrait au monde dans l’humilité et l’indignité d’une étable.
Être attentif à ce qui germe
C’est là un signe majeur de notre foi : ce qui est essentiel n’est pas ce qui brille, ce qui jaillit, mais ce qui est en train de naître. Ce sont les commencements qui importent. Souvenons-nous de cette phrase de Grégoire de Nysse dans une de ses homélies sur le Cantique des cantiques. Il nous invite à aller « de commencement en commencement, par des commencements qui n’ont pas de fin ». Ces commencements sont comme de lentes germinations dans notre cœur. Nous le sentons bien, en ces temps compliqués, que le Seigneur ne nous abandonne pas. Certes, la barque est malmenée. Mais nous avançons, nous continuons à « pagayer vers le large », car nous savons que nous y trouverons notre joie.
L’audace de la fraternité
ll nous faut avoir de l’audace pour témoigner de Jésus en ce monde et en ce temps . Il est aussi important de ne pas rogner sur l’essentiel : la Fraternité. C’est un défi pour chacun d’entre nous et nous avons vraiment besoin de la grâce de Dieu pour ne pas tomber dans l’indifférence. Il nous faut passer du « chacun pour soi » au « chacun pour tous ». D’ailleurs, les mots de Paul dans la seconde lecture sont un encouragement. Il supplie le Seigneur de nous donner d’avoir « entre [n]ous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous ». C’est un beau défi que celui-là. Il est bien difficile de le mettre en pratique.
La grâce de la bienheureuse vigilance
C’est bien une grâce que nous avons à demander au Seigneur et cette demande tombe particulièrement bien en ce temps de l’Avent. C’est un temps propice à la conversion, à la bienheureuse vigilance quant à nos manières de penser, de faire, etc. Marcher à la rencontre du Seigneur demande de se préparer, de disposer son cœur à recevoir une grande joie. Cette marche n’est pas une course où le meilleur d’entre nous remporte la victoire. Elle est une occasion de découvrir que l’autre est mon frère/ma sœur et que lui/elle aussi a besoin d’entrer dans la miséricorde de Dieu. Il ne s’agit pas là d’humiliation, d’autoflagellation ou de punition, mais vraiment de découvrir que nous avons besoin d’ouvrir notre cœur au cœur de Dieu. Son amour est là pour disperser nos peurs et nos craintes.
Vivre de désirs
À Noël, particulièrement, Dieu vient nous dire qu’il prend soin de nous pour que nous prenions soin des uns et des autres. Par son incarnation, Dieu a choisi de faire de l’humanité le réceptacle de sa divinité. Aussi, il nous faut véritablement entrer dans cette bienheureuse vigilance et ne pas nous laisser entraîner par les distractions de ce monde qui risquent de nous conduire vers de fausses joies. Elles sont celles qui nous font plaisir dans l’immédiat, mais ne restent pas. Elles sont de l’ordre de la satisfaction d’une sorte de caprice et non de l’accomplissement d’un désir qui nous conduit vers une vie qui se déploie en abondance. Le désir est de l’ordre de la foi, d’un mouvement intérieur qui nous vient de Dieu pour nous conduire à Lui dans le service de nos frères et sœurs en humanité.
À la rencontre du Seigneur
Profitons donc de ce temps de l’Avent pour nous laisser entraîner sur le chemin d’un désir ardent de découvrir les signes qui nous font rencontrer le Seigneur. Ils sont souvent infimes, imperceptibles, loin des signes apocalyptiques que nous décrit Jésus dans l’Évangile. Et surtout, ne soyons ni contrits, ni tristes, ni déçus et encore moins sans espérance si nous nous heurtons à la sécheresse dans cette quête. Ce qui compte véritablement c’est de désirer faire corps avec ce monde, d’œuvrer pour que la justice advienne davantage en notre monde. Préparer le chemin du Seigneur, vivre dans l’Espérance de la venue du Fils au cœur de ce monde c’est être attentif à ce que chacun et chacune soit pleinement considéré comme une personne singulière, fils ou fille de Dieu.
Vivre la bienheureuse vigilance dans la confiance
Si nous voulons célébrer avec foi le Seigneur, si nous voulons vivre dans cette bienheureuse vigilance au cœur de ce temps de l’Avent, nous devons vivre dans la confiance. D’abord une confiance les uns envers les autres, mais aussi une confiance en Dieu. Il est celui qui nous donne le dynamisme pour la mission. Cette dernière est toujours d’ actualité. Vivre la mission de Christ c’est vivre notre vocation baptismale. Elle ne cesse de nous conduire sur les routes des femmes et des hommes de ce temps.
Alors, au cœur de ce temps de l’Avent que nous initions ce dimanche, ne nous laissons pas arrêter dans notre élan à la suite du Christ par une actualité maussade. Puissions-nous espérer contre toute espérance. Ne laissons pas des rabat-joie, des rabat-foi éteindre l’amour que Dieu a versé dans nos cœurs. Restons debout, au cœur des tempêtes du monde, pour témoigner, par nos vies, par nos mains, de l’amour, de l’espérance, de la miséricorde.
[…] certes, mais il nous reste encore un peu de temps pour laisser le Seigneur creuser en nous le désir de sa rencontre. C’est bien pour cette raison que nous avons à ouvrir en grand les oreilles de notre cœur. […]