Après avoir célébré l’Épiphanie, le Christ, lumière des nations, nous fêtons, ce dimanche, le baptême du Seigneur. Nous faisons ainsi un saut de 30 ans dans le temps. Que s’est-il passé durant ce temps ? Nous le savons assez peu. Il y a bien cette fugue du Christ, enfant, où Il nous dit qu’il se doit d’être aux œuvres de son Père. C’est tout, pour les évangiles canoniques. Pourtant, nous sentons bien la cohérence entre cette manifestation glorieuse du Christ aux mages et aux bergers et ce baptême. Il y a cette même tension dans la révélation, un même message, un même désir de nous rendre participant à la mission du Christ.
Un baptême pour la consolation
Les premiers mots du livre d’Isaïe dans la première lecture de ce dimanche du baptême du Seigneur nous indiquent le sens de cette mission que nous partageons, depuis notre baptême, avec le Christ. Il s’agit d’être ministre de la consolation, de la réconciliation en plein monde. C’est cette miséricorde du Seigneur que nous accueillons et — en même temps — que nous annonçons, au cœur même de nos maladresses, de nos difficultés.
Cherchons l’amour de Dieu
Le Christ venu en notre chair, que nous célébrons à Noël, est Celui qui vient nous dire, dans la fragilité, que son amour dépasse nos pauvretés. C’est l’amour du Père que nous cherchons au long de notre vie. Cette consolation que nous annonce Isaïe n’est ni plus ni moins que l’annonce du Christ qui s’incarne au cœur de notre humanité. C’est Lui qui nous console et nous donne d’espérer contre toute espérance.
Un baptême dans l’espérance
Cette espérance est celle que proclame l’Esprit lorsque Jésus reçoit le baptême dans l’eau du Jourdain. Il est la Joie du Père et puisque nous sommes devenus, par notre baptême, Fils dans le Fils, nous sommes nous aussi cette Joie. Cette joie nous engage à ne pas prendre à la légère cette miséricorde, cette consolation de Dieu. Nous avons à la porter en plein monde, même si la route est escarpée et le chemin risqué.
Vers le juste chemin
Regardons les mages de la semaine dernière : Dieu est venu en songe leur montrer le juste chemin. Il ne s’agit pas de fuir ces déserts, ces terres arides, ces montagnes et autres collines. Nous avons à trouver, avec la force de Dieu, la manière la plus juste, la plus authentique, la plus charitable de les transformer en plaines et autres vallées. C’est un défi pour notre foi, c’est un appel pour nous qui avons reçu le baptême.
Prendre ce monde à cœur
Ne craignons pas de prendre ce monde à cœur, d’y chercher des occasions de louange. Il est aimé passionnément de Dieu, car créé passionnément par Lui. Ce berger dont nous parle le prophète Isaïe, dans la première lecture, c’est le Christ. Non seulement il nous conduit en lieu sûr, mais il est notre pain de vie, notre nourriture. Le Seigneur prend soin de nous pour qu’à notre tour, nous puissions prendre soin les uns des autres. Il vient nous montrer la route de son plus grand amour, en consacrant son Fils lors de son baptême.
Découvrir la joie de Dieu
La joie de Dieu est de nous aimer passionnément et de nous conduire à aimer davantage ce monde et surtout nos frères et sœurs qui partagent notre monde. Ainsi, nous pourrons vraiment vivre en enfants de lumière, habités de ce désir de porter au monde la consolation de la part de Dieu.
Le baptême du Christ inaugure sa mission, comme notre baptême nous associe à cette dernière. Il s’agit d’être avec Lui au quotidien, de pouvoir devenir compagnons de Jésus pour apporter au monde la joie de l’Évangile. Ce n’est pas facile tant nous sommes, personnellement et collectivement, traversés par des vents contraires.
Se laisser conduire par l’Esprit
Mais souvenons-nous que ce qui doit conduire notre vie, notre monde, notre Église, c’est le vent de l’Esprit. Ce vent souffle d’un commencement d’une fin de brise légère ; nous pouvons l’accueillir, comme Jésus, dans la prière. Cette prière est ce lieu intime où nous pouvons converser, tel un ami qui parle à un autre ami, avec le Seigneur. Cette conversation intime nous donne de pouvoir discerner les appels que le Seigneur nous adresse. Même le Christ avait besoin de cet espace, de ce lieu d’intimité qu’est la prière. C’est un combat de chaque jour. La richesse de la tradition de l’Église nous propose différentes écoles pour prier, auxquelles s’ajoute notre singularité.
Prendre le temps de la prière
Dans cette prière, intime et confiante, nous pouvons entendre le Seigneur nous envoyer vivre notre baptême dans une dynamique particulière. Chacun d’entre nous est une pierre de fondation pour la mission de l’Église. Nos différences sont davantage des richesses que des obstacles dans cette annonce de l’Évangile. Pour nous en persuader, regardons la variété des personnalités des premiers compagnons de Jésus. Et pourtant, ce sont eux qui ont été invités à plonger dans le premier baptême qu’est le compagnonnage avec le Christ.
Porter la lumière du Christ
Ainsi, la lumière du Christ, l’amour que le Christ nous porte, nous conduit à oser partir sur les routes de nos contemporains. Ainsi, nous partons leur annoncer, par notre vie, la tendresse que Dieu porte à chacun et chacune d’entre nous. Là est la mission que nos recevons lors notre baptême ; elle est directement liée à celle du Christ : annoncer la Joie du Père.
Un baptême de renaissance
Cette renaissance, dont nous parle Paul dans la seconde lecture, est ce que nous vivons lors de notre baptême. Le Christ nous associe à sa mission pour apporter au monde la lumière de Sa joie et de sa miséricorde. Le baptême nous consacre dans cette mission et exige de nous une perpétuelle vigilance pour y être chaque jour davantage ajusté. Mais ce qui est consolant dans la réalisation de cette mission, c’est que la grâce nous est donnée pour tâcher de correspondre à cet amour de Dieu. Il nous est donné en plénitude, telle une source d’eau, tels cette eau et ce sang coulant du côté ouvert du Christ.
Compter sur la grâce
Nos propres forces, nos propres capacités, nos propres désirs doivent être mobilisés pour parcourir la route de la mission du Christ. Mais consolons-nous, elle n’en dépend pas. Le Christ nous demande d’être ses coopérateurs, mais sa grâce nous devance et nous dépasse. Elle nous donne la force de nous saisir de son appel et devenir davantage « comme des sources de lumière dans le monde, une force vitale pour les autres hommes ».(Grégoire de Naziance)
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