Cette fête des Rameaux, nous place au début de la semaine sainte. Nous entendons la passion du Christ après l’avoir acclamé lors de sa montée à Jérusalem.
La question qui est au cœur de ces deux événements est « est-il Celui qui va venir ? ». Le doute est présent et aussi, la peur, sans doute, de ne pas savoir comment recevoir le Christ à sa juste mesure. Nous pouvons nous rassurer lorsque nous voyons l’attitude de Pierre. Il n’est pas particulièrement courageux dans cette cour du prétoire. Il a peur de finir ses jours prématurément s’il confesse le Christ. Sauver sa vie ou témoigner en faveur du Sauveur : telle est la question qui préoccupe Pierre.
L’humanité de Pierre
Nous pouvons bien comprendre cette réaction humaine. Suivre le Christ, oui, mais pas au péril de sa vie. Le temps viendra où il trouvera ce courage. La figure de Pierre est attachante. C’est d’autant plus vrai que le Christ lui confie la conduite de l’Église naissante. Pourtant, il est ce compagnon de route généreux mais surtout glaiseux. Son humanité, ses questions lui collent bien à la peau comme nous l’avons déjà vu dans l’Évangile.
Pierre ne brille pas par sa finesse, mais par son attachement, malgré sa fragilité, au Christ-Seigneur. Dans le lien qui l’unit au Christ, il y a une grande fidélité, un grand amour. Il est le témoin de la première heure, le fidèle parmi les fidèles. Pourtant, il a eu peur de proclamer sa foi. Il a craint pour sa vie, sa réputation, son avenir.
Le doute en question
Nous nous reconnaissons, sans difficulté, dans les doutes de Pierre, dans ses hésitations et ses renoncements. Pourtant, le Christ ne lui en a pas tenu rigueur puisque Pierre a reconnu sa trahison. Ainsi, nous pouvons comprendre que ce qui compte le plus pour le Seigneur n’est pas notre imperfection, le fait que nous soyons « pêcheurs », mais notre désir de conversion.
Pour Lui, nous ne sommes jamais perdus. Il y a toujours un avenir car, même si nous ne croyons pas en nous, Lui croit passionnément en l’homme. Depuis l’entrée en Carême, nous avons les yeux fixés sur Jésus pour entrer dans le combat de Dieu. Ce dernier consiste à ne pas laisser nos cœurs, nos âmes s’affadir.
Combattre avec Dieu
Même si la situation que traverse notre pays tant au point de vue social, économique que sanitaire, a de quoi nous inquiéter, il nous faut garder l’espérance. La tragique de la fête des Rameaux et de la Passion peut nous conduire à la désespérance : la même qui a habité sans nul doute les disciples. Une question peut tourner en boucle, dans notre tête : « Comment pouvons-nous être si versatiles ? ».
Nous, qui nous sentons proches du Seigneur, souhaitons vivre de sa vie et, en même, sommes prêts à la vendre pour 30 petits deniers, pour notre tranquillité. Nous voici donc confrontés au cœur de la nature humaine, qui a du mal à tenir dans la durée et la fidélité. Mais ne tombons pas dans la désespérance.
Dieu est fidèle
Nous aurons l’occasion, au cours de la vigile pascale (fêtée principalement par les moyens modernes de communication), d’entendre et de relire l’histoire du Salut. Laissons-nous alors surprendre par la fidélité de Dieu. C’est Lui, le premier, qui nous aime malgré tout. C’est là le cœur de la Bonne Nouvelle et cela doit nous donner une lueur d’espérance dans nos questions. Le fol amour de Dieu est le cœur de semaine sainte.
Elle vient accomplir l’incarnation du Christ. L’Évangile que nous lisons au quotidien nous amène à comprendre le projet de Dieu pour l’Homme. Ce n’est pas une histoire qui finit bien, comme celles que nous pouvons lire aux enfants. C’est le chemin de Dieu, qui a fait le choix de prendre pleinement part à cette humanité qu’il a créée libre pour aimer.
L’incarnation de Dieu
Dans cette incarnation, il n’est pas question pour le Christ de faire semblant. Il est allé jusqu’au bout, comme nous le dit Paul dans l’épître aux Philippiens. La seule différence avec nous, c’est que le Christ est le fils de Dieu. La découverte de sa divinité s’est sous doute opérée au fil du temps, dans cette facilité de relation avec le Père, entouré de l’amour de Marie et de Joseph. Cette structure familiale a permis au Christ de faire éclore sa nature divine. Nous comprenons ainsi que c’est l’Amour qui est le révélateur du cœur du Père.
Le question du projet de Dieu
Il n’est pas d’autre projet pour le Père que de faire advenir en nos cœurs ce qu’il est profondément et uniquement : l’Amour. Il est, pourtant, difficile de faire une place en nos cœurs à cette gratuité de Dieu. Nous voudrions tellement le faire à notre main, l’avoir à notre portée comme un talisman.
Mais, en contemplant le Christ à Gethsémani, nous pouvons comprendre qu’il nous laisse pleinement libre, mais nous donne la force d’accomplir notre vocation. Pour autant, c’est la prière qui permet de comprendre la voie de la liberté dessinée par Dieu. Il nous revient de prendre ce chemin qui nous donnera de pouvoir être comblé. Il s’agit d’être pleinement disposé à donner aux autres l’Amour que Dieu averse dans nos cœurs.
L’Amour et la Croix
C’est le risque que le Christ prend en consentant à mourir par amour pour nous. Sur la croix, c’est nos égoïsmes, nos jalousies et tout ce qui nous entrave et nous empêche de mieux aimer qui sont crucifiés avec le Fils de Dieu. Il est la victime offerte librement au nom de l’Amour. Ce dynamisme de Dieu ne doit pas entraîner chez nous une quelconque culpabilité.
Nous ne sommes pas personnellement responsables de la mort du Christ. Mais nous pouvons communier à ses souffrances en lui présentant tous ceux et toutes celles qui souffrent dans leur cœur, leur corps. Ils sont portés par le Christ sur la Croix. L’Amour du Christ nous invite à dépasser notre égoïsme et notre refus de franchir la frontière qui nous sépare de l’autre. Voici un des effets de son pardon et de sa miséricorde : aller au-delà de nos mesquineries pour recevoir de Lui la force d’aimer.
Prendre la main de Dieu
La passion du Christ est avant tout celle de Dieu pour sa création, pour nous qui sommes créés à sa ressemblance. Il est donc urgent de prendre cette main que Dieu ne cesse de nous tendre. Même si, comme les apôtres, nous sommes assaillis de fatigue, comme abattus par le poids du jour et que la perspective de demain nous inquiète, prenons le temps de converser avec le Christ.
Nous savons que le but de notre route est la clarté de la lumière pascale, que le Christ est vivant à tout jamais et que sa vie est donnée définitivement pour que nous aimions davantage. Avançons donc avec joie et confiance dans cette semaine sainte, le Christ est là ; il nous attend et nous entend.