Quel étonnement nous saisit à l’écoute de l’Évangile de ce dimanche. Il est comme le résumé de l’action apostolique, un mode d’emploi pour celui ou celle qui veut suivre Jésus de plus près. Comme souvent, dans l’Évangile, lorsque Jésus se déplace, les foules sont au rendez-vous. Même si sa personne attire, c’est son message qui est essentiel. Certes, il est le Fils de Dieu, mais il est, par là même, cette Parole vivante qui ne cesse de nous conduire à l’étonnement. Dieu, en son Fils, dans sa Parole, ne cesse de se révéler, par l’Esprit, et de se faire proche. Il vient nous guérir de nos suffisances, de nos cœurs embrumés qui sont bien plus prompts à la jalousie qu’à la louange.
Choisir l’étendard du Christ
C’est d’ailleurs ce que la première lecture vient nous aider à comprendre. Si nous choisissons l’étendard du Christ, nous aurons la vie en plénitude. Il ne s’agit pas d’une récompense entre ceux qui seraient sages et d’autres non. Ne soyons pas duels. Mais, nous avons à entrer dans une promesse de vie, dans un mouvement qui ne cesse de nous conduire à l’étonnement devant le fol amour de Dieu. Si nous faisons l’effort d’ouvrir les yeux, de relire notre vie à la lumière de l’Évangile, nous saisissons bien toutes ces morts auxquelles conduisent notre égo, notre égoïsme, notre volonté de puissance. C’est tout cela qui nous divise et nous empêche de marcher avec Paix à la suite du Christ. Non seulement cela ne nous rend pas heureux, mais en plus cela nous empêche de construire le Royaume de Dieu.
L’étonnement du désir de conversion
Pour autant, nous ne voyons pas que notre volonté ne suffit pas à nous laisser convertir. C’est une course de fond. Nous ne pouvons gagner que si nous nous appuyons sur l’Esprit. C’est lui qui nous donnera la force de l’audace et de l’étonnement. Toutefois, désirer suivre le Christ demande une volonté, mais aussi des actes. Dans l’Évangile de ce dimanche, Jaïre et la femme « qui avait des pertes de sang » nous le prouvent. C’est peut-être la foi, la désespérance devant l’impossible, qui les poussent à agir. Mais, ces personnes ont foi en la puissance de Jésus. Elles tentent le tout pour tout, elles n’ont plus rien n’a perdre. Comment ne pas les comprendre et habiter leurs sentiments? Ce qui est marquant, c’est le force que le Christ sent sortir de lui quand cette jeune femme le touche.
Toucher le manteau du Christ
Quel étonnement que la réaction de Jésus. C’est Lui qui, d’abord, touche d’ordinaire, pour guérir. Là, une personne le touche, tellement ancrée dans la foi qu’il peut la délivrer de sa souffrance. Cette femme pose un acte de foi en disant : « Je veux et je désire être guérie », malgré l’interdit légal posé par le Lévitique. Elle y met une telle énergie, une telle puissance de désir, que Dieu vient la guérir par Jésus. Et nous, où en sommes-nous de notre foi ? Avons-nous conscience de la force de Dieu qui sommeille en nous ? Nous sommes tous plus ou moins malades dans nos corps. Il nous faut vivre avec ces pathologies plus ou moins bien soignées par la médecine. Dieu peut nous venir en aide sur un chemin d’apaisement. Mais là où il peut vraiment nous aider, c’est dans notre cœur.
Laisser le Christ habiter notre coeur
Nous chantons, parfois, dans la prière pénitentielle : « Dieu, plus grand que notre cœur ». Si nous croyons ce que nous chantons, alors nous avons à laisser Dieu habiter notre cœur pour qu’il nous aide à le transformer. Cette femme avait, sans aucun doute, le cœur suffisamment habité d’espérance pour oser aller vers Jésus et briser l’Interdit. Preuve en est l’étonnement de Jésus : « Qui a touché mes vêtements ? » (Mc 5, 30). Alors, osons aller vers Jésus comme cette femme et sortons de nos craintes et de nos habitudes. Il vient nous libérer de nos tombeaux, de tout ce qui nous entrave et parfois, à son insu. Le Christ ne vient pas distribuer les bons et les mauvais points, mais accueillir et déployer les puissances de vie qui sommeillent en nous. C’est bien ce que nous comprenons, non sans étonnement, dans ce récit de la femme hémoroïsse.
Découvrir que la vie déborde
La vie déborde dans l’Évangile de ce dimanche. Elle est partout, avec cette foule qui entoure Jésus, cette femme qui a des pertes de sang et Jaïre qui vient supplier Jésus de venir sauver la vie de sa fille. Qu’importe ce que fera le Christ, cela lui ira. Il y a quelque chose qui est quasiment du ressort de la superstition : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ». Et nous ? Où en sommes-nous dans notre prière, dans notre proximité avec le Christ. Est-il pour nous « seulement » un thaumaturge, un recours quand le vent souffle fort et la tempête gronde ? Pourquoi pas ! Toutefois, il se veut l’ami proche et humble qui vient nous donner l’élan nécessaire pour transformer nos vies en puissance de Résurrection.
Levons-nous et bâtissons
« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? » Ces mots, qu’il adresse aux proches de Jaïre, nous aussi, nous avons à les entendre, car nous sommes déstabilisés. Certes, le monde n’est pas rose – il ne l’a jamais été. Mais, en quoi se désoler, gémir, est-il efficace et constructif ? Nous pouvons et devons prendre conscience que nous avons à devenir davantage des bâtisseurs d’avenir, à poursuivre l’œuvre de résurrection du Christ en ce monde et en ce temps. Le Christ vient nous prendre la main et nous dire « talita koum », lève-toi. C’est-à-dire faire surgir la puissance de la Résurrection dans nos vies.
Nous avons à savourer, chaque jour davantage, avec étonnement, l’abondance de ce don de vie que le Seigneur ne cesse de nous offrir. Ainsi, nous pouvons continuer à parcourir les routes des femmes et des hommes de ce temps pour leur faire connaître l’immensité de l’Amour de Dieu. C’est un étonnement continuel qui doit sans cesse nous habiter pour devenir davantage des disciples-missionnaires de Dieu au cœur du monde, au cœur de notre vie.