Après un détour par l’Évangile de Jean, dimanche dernier, nous entrons pleinement dans l’année C de l’année liturgique en entendant le début de l’Évangile de Luc. Après l’attestation de la véracité de son témoignage, l’Évangile nous conduit, en enjambant l’enfance de Jésus, son baptême et les tentations au désert jusqu’à la synagogue de Nazareth, « là où il a été élevé » nous dit le texte. Jésus prend un risque, même s’il est habité par l’Esprit, de s’exprimer devant les siens. Il y affirme que la citation d’Isaïe, promettant une libération est accomplie par sa venue ; que Lui, le Jésus qu’ils connaissent tel un familier est ce « oint », ce consacré par le Seigneur.
Consécration
Ce qui est le plus surprenant c’est que Jésus ne s’exprime pas par une promesse « je suis le consacré et je vais agir ainsi » mais cette parole entendue aujourd’hui s’accomplit. Il est dans le présent de l’action de Dieu, un présent qui vient délier toutes les prisons, tout ce qui nous empêche de nous mettre en route vers le Royaume, vers l’accomplissement de la présence de Dieu en ce monde par nos vies.
Aujourd’hui
C’est aujourd’hui que les promesses de Dieu s’accomplissent, c’est aujourd’hui que le Christ vient nous saisir pour partager sa mission, cheminer avec Lui dans nos Galilée, là où nous sommes dans notre vie quotidienne. Ce n’est ni hier, ni demain, ni un autre jour. Il n’y a pas de place à la procrastination pour celui qui veut suivre le Christ. Il n’y a pas de place à l’hésitation pour celui qui veut faire l’expérience de s’appuyer sur une espérance, un amour qui à la fois nous dépasse et en même temps nous appelle à nous dépasser et à nous dépenser pour le Christ.
Entraînement
Le Christ vient nous entraîner dans un mouvement ascendant vers « des commencements qui n’ont jamais de fin », comme dirait Grégoire de Nysse. C’est un appel personnel, un cœur à cœur que le Christ vient nous demander et à la fois un appel communautaire, un appel à réaliser la communion de ceux qui fondent leur vie sur le Christ. C’est la raison pour laquelle, Jésus commente cette parole à la synagogue.
Parole
La synagogue est le lieu du rassemblement des croyants où la parole de Dieu est lue et commentée. Jésus invite les croyants à entendre la Parole de Dieu comme une nouvelle qui dépasse, comme une Bonne Nouvelle qui s’accomplit parce que Dieu lui a octroyé l’onction. Et nous, croyants du XXIème siècle sommes-nous capables d’entendre que Dieu nous appelle aujourd’hui ? Il nous appelle à prendre part à l’annonce de sa Bonne Nouvelle, collectivement, en église mais aussi personnellement, dans la variété de nos charismes et de nos appels. C’est ce que Paul nous rappelle dans la seconde lecture par l’allégorie du corps.
Communauté
Nul n’est de trop dans la Communauté, chacun a sa place qui est essentielle car il est pleinement membre du corps du Christ. Il n’y a pas de meilleure place et chacun contribue, par ce qu’il est, à construire le corps du Christ. C’est un corps qui doit avoir les bras et le cœur ouvert, toujours prêt à accueillir la nouveauté de l’autre pour que son sang l’irrigue et fasse battre son cœur à l’unisson du cœur du Christ. C’est un appel à aimer davantage cet « l’amour véritable (qui) n’efface pas les différences légitimes, mais les harmonise en une unité supérieure » comme l’a dit le pape Benoît XVI et comme l’a rappelé le Pape François lors de l’ouverture des JMJ.
Demandons donc la grâce d’accéder davantage à cette compréhension de la libération intérieure que Dieu, par Jésus, vient nous apporter. Puissions-nous y trouver la consolation pour répondre librement aujourd’hui à son appel à le suivre pour construire davantage son Peuple. Seul nous n’y arriverons pas mais en comptant sur la force de l’Esprit Saint et la prière de l’Église nous marcherons vers cette pleine communion aidé de cette prière au Christ demandée par le Pape : « Seigneur apprends-moi à aimer comme toi tu nous as aimés »