Nous aimerions tant avoir Jésus avec nous pour lui amener tous nos malades. L’Évangile de ce 23e dimanche nous fait envie. Jésus fait entendre les sourds, parler les muets, voir les aveugles et marcher les boiteux. Joie pour les malades et ceux qui les entourent. Malheureusement, Il n’est plus physiquement avec nous. Certes, Lourdes connaît des guérisons de malades, mais elles ne sont pas en grand nombre. Ceci dit, cela nous amène à réfléchir à notre relation au Christ et à la foi que nous manifestons en lui. Qui est-il pour nous ? Le phare qui guide nos journées et éclaire notre cœur de sa lumière ou mieux un thaumaturge qui vient guérir les malades ? Certes, il peut être l’un et l’autre.
Jésus et les malades
Pour autant, cette réflexion est importante, car elle éclaire notre lien avec Jésus. Ce qui importe ce n’est pas tant sa capacité à nous guérir ou soigner les malades. L’essentiel est l’Amour du Père par l’Esprit qu’il ne cesse pas de nous proposer.
Des guérisons de Jésus
Parce que ces guérisons ne sont pas des consultations médicales d’un thaumaturge, mais des signes efficients de l’amour de Dieu. C’est d’ailleurs, peut-être, la raison pour laquelle il ordonne de « n’en rien dire à personne » ? Il guérit pour annoncer que l’Amour guérit et non pour faire de la publicité. Jésus ne cherche pas des clients, mais des disciples. Il désire que nous soyons des femmes et des hommes au cœur de feu, cherchant à résonner avec son cœur. Là est le Royaume que Jésus vient annoncer.
Jésus veut guérir nos cœurs malades et compliqués
Ce sont nos cœurs malades et compliqués que le Seigneur souhaite guérir, toutes ces « lèpres » intérieures qui nous empêchent de vivre et aimer comme Lui. Voilà un défi pour notre temps : laisser Dieu venir guérir les infirmités de notre cœur. Ce sont elles qui nous entravent et nous empêchent de découvrir la tendresse de Dieu pour chacun d’entre nous.
De quel amour Dieu nous aime
Cet amour de Dieu n’est pas uniquement une gratification sentimentale. Certes, c’est agréable de savoir que quelqu’un nous aime, pense à nous et est toujours présent à nos côtés. Mais, l’amour de Dieu est une invitation à nous enraciner au cœur du monde, en plein monde. Notre foi se doit d’être active : tournée vers les autres par des gestes et des paroles.
Porteurs des grâces du Royaume
Jésus nous demande d’être porteurs des grâces du Royaume, c’est-à-dire que nous avons à manifester au monde son amour. Cet appel nécessite de nous laisser convertir, de nous laisser entraîner dans le sillage du don de l’Esprit. C’est dans ce mouvement, dans cet élan que le Seigneur viendra nous rejoindre et nous donner la force de partager son amour à tous les hommes et toutes les femmes de ce temps.
Se laisser convertir
Entrer dans la conversion c’est laisser Dieu nous assurer qu’« il garde à jamais sa fidélité » comme le dit la première version du psaume 145 de ce 23e dimanche ordinaire.
La fidélité de Dieu
Dieu est fidèle. En voilà une belle déclaration d’amour. Qu’importe si nous nous éloignons de Lui, Dieu demeure fidèle à son alliance, à ses promesses de vie en abondance. Ainsi, nous avons à travailler notre cœur pour entrer dans cette fidélité. Cette fidélité de Dieu rejoint tout le monde, mais de manière particulière les malades, les pauvres, les blessés.
Nous sommes aimés, blessés et malades
En fait, ne devrions-nous pas avoir la lucidité de saisir que nous sommes tous blessés et avons besoin du baume, de la tendresse de Dieu pour devenir davantage témoins ? Si nous en prenons conscience, alors nous pourrons avancer avec davantage d’assurance sur le chemin qui nous conduit à l’autre. Nous pourrons ainsi bâtir un monde plus juste, plus fraternel, une église critique et inventive, fondée sur l’égalité de ses membres. S’enraciner dans le don de Dieu avec ses fragilités ne signifie pas tout attendre de Dieu. Il choisit de faire avec nous, de nous associer à son œuvre d’amour et de rédemption. Dieu nous choisit pour ses collaborateurs et amis pour que nous incarnions son Royaume au cœur de ce monde.
Bien faire toutes choses
Ainsi, comme Jésus, notre vocation est de « bien faire toutes choses ». Ce n’est pas une invitation à l’excellence, à se mettre la pression, mais à faire le bien en toutes choses. C’est important de faire le bien, car cela ouvre sur un désir de restauration et de réconciliation.
S’ouvrir au désir
Désirer faire le bien est peut-être tout aussi important que de le faire. Les processus que nous mettons en œuvre, notre manière de nous employer à ce que le but de notre entreprise aboutisse positivement sont tout aussi importants que le résultat. L’intention est tout aussi louable que le résultat. Ce qui importe vraiment c’est d’être en chemin, de partir à la rencontre de l’autre pour ce qu’il est. Parce qu’à trop nous focaliser sur le résultat, nous risquons de freiner notre générosité, notre élan.
Privilégier la rencontre
Jésus ne cherchait pas le résultat, mais la rencontre. C’est elle qui nous donne le goût des autres, le goût de Dieu. Dans ces rencontres, il nous faut être vigilants sur nos attentes. Ne cherchons pas forcément le semblable, celui qui nous ressemble, qui nous rassure. Cherchons celui qui rayonne du visage de Dieu, qui nous fait entendre une musique qui console et réconcilie les cœurs.
S’éloigner de ce qui brille
Prenons au sérieux le passage de la lettre de Jacques de ce 23e dimanche. Elle nous met en garde contre la mondanité. Jacques nous appelle à la vigilance sur tout ce qui brille – et qui finit par s’éteindre. La dignité d’une personne ne tient ni à son origine, ni à la taille de son compte en banque, ni à ses atours. Chaque homme, chaque femme est éminemment aimé de Dieu.
Faire resplendir la gloire de Dieu
Ensemble, nous sommes invités à faire resplendir la gloire de Dieu, la lumière de l’Amour de Dieu. Qu’importe, aux yeux de Dieu, si nous sommes malades, fatigués, riches, pauvres…. Ce qui a de l’importance c’est la qualité de la relation que nous tissons les uns avec les autres. Le reste est accessoire et secondaire. Reconnaissons tout de même que c’est quelque chose qui demande un effort, une ouverture.
Nous avons à recevoir de l’Esprit saint la capacité à accueillir au-delà de l’apparence, de la réputation, de l’impression que l’autre nous fait. Aussi, demandons au Seigneur de nous donner la grâce de cette ouverture et de susurrer à l’intime de notre cœur « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »