Devenir des humbles messagers de l’Amour de Dieu


Méditations au coeur du monde / vendredi, février 7th, 2025
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Dernière modification 3 mois by Chrétien en ce temps

« J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : “Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ?” », avons-nous entendu dans la première lecture (Es 6, 7). Cette question est au cœur des textes de ce 5e dimanche ordinaire. Aujourd’hui encore, le Seigneur s’adresse à nous, individuellement et collectivement, et nous interroge par la même question : « Qui sera notre messager ? »

Messagers du Seigneur : un appel baptismal

Nous pouvons facilement évacuer cette question. Être messager du Seigneur, c’est fait pour les autres, des hommes, des femmes éminents, des saints. Nous nous dévoyons ainsi et reprenons les propos entendus plus tôt chez Ésaïe : « Je suis un homme aux lèvres impures » (Es 6, 5). Par ces mots, nous rejetons notre dignité baptismale qui nous fait devenir messagers du Seigneur. Si le Seigneur voulait pour messagers des « saints », il n’aurait pas choisi de venir au cœur du monde pour nous faire saisir que son fol amour nous sauve.

Rejoindre l’appel de Dieu malgré nos fragilités

Certes, nous ne sommes pas parfaits, mais nous portons en nous le trésor de la foi dans des vases d’argile (2 Co 4, 7). Ainsi, l’important, ce n’est pas d’être sans aspérité, « passe-partout », mais de reconnaître que, dans les anfractuosités de notre vie, l’Amour de Dieu est vainqueur. Nous sommes invités, en ce 5e dimanche ordinaire, à entrer dans cette réalité de la foi. Ainsi, nous pourrons être davantage réceptifs à l’appel de Dieu.

Messagers de l’alliance nouvelle

Dieu prend l’initiative de nous rejoindre, d’engager avec nous le dialogue et de nous proposer ainsi d’être avec Lui. Par son incarnation, il a choisi de se faire l’un de nous pour nous conduire à découvrir la plénitude de l’Amour de Dieu. Pourtant, nous continuons – parfois – de faire la sourde oreille à ce message qui nous indique le chemin d’une vie en abondance. Aussi, n’oublions pas que cette promesse de la proximité de Dieu n’a pas de date de péremption. Sa proposition de devenir son messager est de toujours à toujours. Son alliance entre Lui et nous demeure pour que nous portions du fruit en abondance aux femmes et aux hommes de ce temps.

Intendants du message de Dieu

Si nous acceptons de devenir les messagers du Seigneur, rappelons-nous que le message ne nous appartient pas. Toutefois, nous sommes responsables de la manière dont nous le portons. C’est pour cela que nous avons à prendre le temps de bien regarder comment nous annonçons le message de l’Amour de Dieu.

Oser prendre le large

Sommes-nous bien ajustés ? Sommes-nous cohérents entre ce que nous disons et la manière dont nous le vivons ? Reconnaissons que cela dépend de beaucoup de paramètres et qu’il nous arrive de rater la cible. Alors, nous risquons de nous en désoler et de rester au port. Mais ce serait, peut-être, encore pire. Ce qui importe, c’est de prendre la route, de dresser nos voiles au vent de l’Esprit et d’oser porter ce message malgré fatigues et contradictions.

Sommes-nous des messagers disponibles ?

Aussi, interrogeons-nous sur notre capacité à être disponibles à cette voix qui parcourt la terre. Dans l’Évangile de ce dimanche, la foule est venue écouter Jésus. Mais, Lui cherche une manière de mieux porter la Parole. Aussi, il demande à Pierre de l’embarquer. Et nous, est-ce que nous laissons Dieu embarquer avec nous ? Le prenons-nous dans notre barque pour qu’il nous aide à porter le message, le verbe de Dieu aux femmes et aux hommes de ce temps ?

Quelle est notre audace apostolique ?

Ce passage de l’Évangile nous invite à nous laisser questionner sur notre engagement à la suite du Christ. Quelle est notre audace apostolique ? Restons-nous comme la foule, séduits par les paroles de Jésus, aimant l’écouter, car cela nous fait du bien, ou bien prenons-nous Jésus dans toute notre vie ? Alors, nous prenons le risque d’être son messager, de porter son message jusqu’aux limites du monde. Il n’y a pas de réponses justes ou fausses. Ce qui est bien, avec Jésus, c’est qu’il n’y a pas de culpabilisation. Il nous laisse pleinement libres de choisir de le suivre. Pour autant, il y a toujours cet appel à le suivre.

Messagers embarqués

Jésus marche aussi au bord de nos lieux d’action, de nos lieux de vie. Il nous propose de monter avec nous et de prendre le large, de quitter le connu pour l’inconnu de son amour. C’est certes une question d’audace, mais surtout de foi, de confiance en Dieu. Il faut une part de folie, celle de l’amour de Dieu, pour oser lancer ses filets sur la Parole de Dieu. Il peut arriver qu’il y ait une part de crainte (« Que va-t-il m’arriver si je donne ma parole à Dieu ? ») ou bien le sentiment d’être incapable. Ces obstacles peuvent être surmontés en écoutant attentivement Jésus nous dire : « Avance au large, là où l’eau est profonde, et fais-moi confiance. »

Traverser la vie avec Jésus

C’est donc une invitation à ne pas être des « chrétiens de canapé ». Il nous faut de l’audace si nous voulons vraiment être avec Jésus. Il ne faut pas confondre l’audace avec l’imprudence, comme la folie que Dieu nous propose n’est pas de l’inconscience. Bien au contraire, c’est apprendre à discerner et accepter les incertitudes. Comme les disciples, nous pouvons être fatigués, découragés, envahis de lassitude. La vie n’est pas toujours facile. Le Christ le sait bien et il ne nous demande pas de nous oublier, de dépasser nos propres forces, de risquer notre santé pour porter son message. Mais il souhaite que nous traversions ces difficultés avec lui.

Croire et espérer

Embarquer Jésus dans notre barque, ce n’est pas souscrire une assurance « tempête » qui nous donnerait de naviguer sur une mer d’huile. C’est, au contraire, prendre notre barque, notre grabat et compter sur Lui pour avoir la force de traverser ces difficultés, de les surmonter. Cela ne sera possible qu’à la condition de nous laisser rejoindre par le fol amour de Dieu.

Devenir des messagers du Christ

Ainsi, être messagers du Christ, c’est oser croire qu’avec Lui le bonheur est possible. Cette audace est vraiment de l’ordre de l’espérance. Elle est ce qui nous donne de croître dans la foi, dans notre découverte que la vraie joie réside dans notre capacité à nous ouvrir à l’inattendu de l’Amour de Dieu.

Demandons donc au Seigneur la grâce, pour nous et nos frères et sœurs en humanité, de nous laisser rejoindre par le Christ dans notre barque. Ainsi, avec lui, nous pourrons devenir davantage d’humbles messagers de l’Amour de Dieu.