La première phrase de l’Évangile de ce 15e dimanche ordinaire nous laisse rêveurs. Jésus est assis au bord de la mer. Nous l’imaginons à contempler la création et ainsi prier son Père. C’est d’un temps de répit, de repos dont il profite pour être davantage disponible pour la mission. Son quotidien d’annonceur du Royaume ne tarde pas. La foule vient le rejoindre. Là point d’agacement de la part de Jésus. La mission est première pour Lui. Point de repos non plus, ni de répit.
Une mission : annoncer la Bonne Nouvelle
Il faut préparer l’avènement du Royaume et permettre à cette foule qui l’entoure d’entendre la Bonne Nouvelle. Comme toute foule, elle est composite et le discours est donc difficile à adapter. Jésus choisit les paraboles pour faire comprendre comment la mission doit nous rejoindre.
Terre fertile
Dans l’Évangile de ce 15e dimanche ordinaire il est question de semence et de terre. Le jardinage est un art et beaucoup de facteurs permettent d’avoir des fleurs, fruits, légumes de qualité. Pour autant, Jésus ne vient pas nous donner une leçon d’horticulture. Mais, il nous invite à comprendre de quelle manière la Parole reçue du Père, sa présence en plein monde, peut porter du fruit.
La mission de la Parole
Dans la première lecture, nous comprenons bien le but de la Parole. Son but est de venir ensemencer nos cœurs pour qu’ils soient disponibles et disposés à accueillir le Christ en nos vies. Ce n’est pas facile de lui laisser une place, notre cœur est tellement plein que nous passons souvent à côté de la mission. C’est donc un appel à la vigilance que nous pouvons entendre ce 15e dimanche. Une fois encore, c’est à la radicalité d’une conversion que le Christ nous invite.
S’accorder au cœur de Dieu
Pour vivre en enfants de lumière, fils et filles de Dieu, laissons notre cœur s’accorder au cœur de Dieu. La contemplation est un bon outil. Comme Jésus, asseyons-nous devant la création. Laissons notre esprit, notre cœur rejoindre l’immensité de la beauté du monde. Ainsi, nous ferons de la place dans tout ce qui nous encombre, car nous l’offrirons à Dieu par cette présence discrète au bord du monde.
La Parole de Dieu au cœur du monde
Pour accueillir la Parole de Dieu au cœur de notre vie, décentrons-nous. Ce qui a de l’importance, ce n’est pas nous, mais ce sont ces autres dans lesquels nous rencontrons Dieu. C’est au cœur de l’humanité que le Christ nous montre la volonté du Père, grâce au don de l’Esprit. Laissons donc la sagesse de Dieu nous habiter.
Redécouvrir la contemplation
Dans l’Évangile, nous voyons Jésus agir de manière simple. Il chemine, rencontre, relève. Jésus est au cœur du monde, avec une qualité de présence à ceux qu’Il rencontre. C’est de cette manière d’être dont nous pouvons nous inspirer pour servir la mission du Christ. Sa contemplation de la mer est une bonne école pour nous qui sommes toujours occupés, une activité chassant l’autre. Prenons à sa suite le temps de nous arrêter un instant pour être avec Dieu, seul à seul, dans la contemplation du calme de la création. C’est un sanctuaire aisé à trouver.
Des îlots de contemplation
Cherchons au cœur de nos villes, des lieux où nous sentons la présence de Dieu. La mer n’est pas notre quotidien, mais la création est présente au cœur de nos vies et de nos villes. C’est là, dans ce regard qui se perd sur l’horizon que notre cœur se calme, que notre souffle s’apaise. Ainsi, nous entendons le murmure de la voix de Dieu qui se fraye un chemin jusqu’à notre cœur. N’oublions pas cette prière simple, tranquille et facile. Nous y discernerons sans aucun doute des pistes pour mieux servir et aimer. Elles nous permettent de découvrir les lieux où nous sommes envoyés pour accomplir la mission à laquelle Dieu nous appelle.
Terre fertile
Être fécond, porter du fruit c’est être une terre fertile, disponible pour accueillir le don de Dieu. C’est là la mission du peuple chrétien. Elle est un appel individuel, mais aussi collectif au risque de devenir des mercenaires du Salut. Nous le comprenons bien aussi dans la première lecture où le prophète met en continuité la semence, le semeur et celui qui en fait du pain. Ainsi, nous sommes un maillon d’une longue chaîne qui permet d’annoncer la surabondance de l’Amour de Dieu en plein monde. C’est aussi ce que nous dit le verset de l’acclamation de l’Évangile. Rejouissons-nous donc de cet appel du Christ à être la terre où germe son Évangile de justice et de paix.
Vivre en confiance
Même si nous pouvons, parfois, douter de notre capacité à vivre cet appel, que cela ne nous appesantisse pas. Souvent, notre cœur est plus réceptif que notre raison. Ne muselons pas notre cœur qui veut nous montrer la voie qui peut conduire à discerner la voix de Dieu. Nos fragilités, nos surdités et autres handicaps spirituels ne sont pas définitivement des entraves au service du Royaume. Confions-les humblement au Seigneur.
Une mission : prier pour lâcher prise
Ensemble, avec Lui, dans la prière regardons véritablement quels sont les appels à la conversion nous sont faits. Peut-être, au contraire, nous serviront-ils à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Rien n’est impossible à Dieu si nous acceptons de lui faire confiance. Cela nous conduira sans nul doute sur le chemin d’un dépassement de ce que nous avons planifié. Mais, à trop vouloir planifier nous passons à côté de l’inattendu de Dieu. Nous risquons de rester à une forme de tradition ritualiste qui nous enferme dans nos certitudes.
Découvrir le fol amour de Dieu
Avoir la foi c’est vivre dans la seule certitude que Dieu nous aime follement. De cette conviction, l’impossible, l’improbable, l’imprévu est ouvert. C’est un horizon qui reste à inventer avec le Seigneur. Il ne s’agit pas pour autant de ne rien faire, de rien décider pour que le Seigneur y pourvoie. Nous ne sommes pas comme les oiseaux sur la branche. Même s’il existe des vocations de pèlerins mendiants, ce n’est pas l’appel de tous.
Disponibles pour servir et aimer
Cette disponibilité que le Seigneur nous demande est une manière de vivre en acceptant d’être dérangé. Oui, nous pouvons être occupés, mais la mission, le service du frère, de la sœur n’est-il pas plus essentiel que notre tâche présente ? C’est quelque chose qu’il nous faut discerner pour trouver ce qui, dans notre quotidien, est semence de vie pour nous et pour les autres.
Demandons donc la grâce de ce discernement en vue d’une plus grande disponibilité afin que nous soyons davantage du côté de la vie. Une vie qui donne la vie surabondante de Dieu.