Ce 4e dimanche de Pâques, nous entendons l’Évangile du bon berger. C’est aussi la journée mondiale de prière pour les vocations. Un peu rapidement, nous pensons qu’il nous faut évoquer, dans notre prière, l’appel à un engagement religieux ou clérical. C’est faire fausse-route. Ce qui importe c’est la manière dont nous écoutons l’appel du Seigneur à le suivre en plein monde. Il y a autant de vocations que de personnes. Toute vie est vocation, car elle est un appel à vivre la vie en abondance. C’est d’ailleurs ce que nous dit la finale de l’Évangile de ce dimanche.
La vocation de vivre en abondance
Jésus ne vient pas nous conduire vers de fausses routes, vers des lieux de perdition et de danger. Il vient prendre soin de nous. Il nous revient de nous laisser rejoindre par le Christ et d’essayer de prendre sa suite. Ce n’est pas facile forcément, mais c’est un chemin qui conduit à la vie. Dans cette recherche de la voie qui nous rendra davantage conformes au désir de Dieu, nous pouvons nous nourrir de la Parole. Elle est aussi un guide sûr pour entendre la voix que Dieu susurre à notre cœur.
La vocation de servir le Seigneur
Chacun d’entre nous reçoit différemment la Parole de Dieu. Comme les apôtres à la Pentecôte, nous l’entendons dans notre langue maternelle, celle de notre cœur, de notre histoire. Dieu vient y faire germer les bourgeons de nos vocations. Ainsi, il peut y avoir plusieurs appels dans l’appel de Dieu à le servir. Le premier de ces appels est celui qui est né de notre baptême. Depuis lors, membres de l’Église, peuple de Dieu, nous sommes prêtres, prophètes et rois. C’est dire que nous sommes invités, par vocation, à témoigner par notre vie de l’Amour du Seigneur en portant sa Parole et nous faisant serviteurs les uns des autres. Voilà notre vocation première : vivre les promesses de notre baptême. Ce n’est pas une mission évidente, il nous faut donc nous replonger chaque jour davantage dans ce sacrement.
Entrer davantage dans un désir de conversion
Par la prière, la célébration des sacrements, le service aux autres nous pouvons nous laisser convertir par la grâce de Dieu. Il ne s’agit pas d’être sans aspérité, sans caractère, sans personnalité. La conversion c’est sortir de nos esprits sinueux, c’est essayer de marcher vers ce que nous sommes, de rechercher notre vérité intérieure. C’est peut-être cela d’ailleurs la vie en abondance que nous promet Jésus. Non pas une vie d’abondance, de richesse, de gloire et d’honneur. Sa promesse ne se situe pas dans la gloire personnelle, mais dans la dynamique tournée vers les autres.
Notre vocation est de servir
Notre vocation baptismale nous invite à servir Dieu malgré les embûches de la vie. Le service de Dieu n’est pas celui d’un esclave avec son maître. C’est au contraire rentrer dans un chemin de libération intérieure, car aimé passionnément pour ce que je suis. Le poète jésuite Didier Rimaud dit que « Servir Dieu rend l’Homme libre comme Lui ». C’est ainsi qu’il nous faut comprendre le fol amour de Dieu.
Se laisser guider par Jésus
La figure du berger que nous présente l’Évangile de ce dimanche nous le fait saisir. Jésus veut nous guider vers cette pleine liberté qu’offrent ses pâturages. C’est important la liberté dans un cheminement, car nous sommes assurés de ne pas être conduits à la perte de notre singularité. Contemplons le Christ dans son ministère public. Malgré les insultes, les humiliations, les outrages, il n’a pas changé de trajectoire. Sa vocation était de nous conduire à mieux comprendre l’ambition du Père pour chacun et chacune d’entre nous.
Collaborateur de la mission du Christ
L’appel, la vocation des disciples est une manière de faire comprendre que nous sommes tous appelés à la mission. Cette vocation universelle de devenir collaborateur du Christ doit habiter notre cœur. Bien avant de choisir telle ou telle manière de décliner cette vocation baptismale, il nous faut entrer dans le projet de Dieu pour l’humanité. Il s’agit, comme nous le dit le pape François dans son message de cette année pour cette journée mondiale des vocations, de comprendre davantage que « chacun de nous, sans exception, peut dire : Je suis une mission sur cette terre, et c’est pourquoi je suis dans ce monde » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 273).
Mission et baptême
C’est important de reconnaître cette dimension missionnaire de notre vie baptismale. Non qu’il s’agisse de « faire des disciples », de remplir nos églises, nos communautés diverses, mais bien de devenir des porteurs de sens. Ce sens, que nous apporte la vie que Dieu veut nous donner, consiste à suivre le Christ de plus près. Ainsi, nous arriverons à mieux comprendre comment nous pouvons vivre notre vocation, notre mission de baptisés. C’est à partir de cet approfondissement de notre vocation baptismale que nous saisissons la symphonie des vocations particulières.
La symphonie des vocations
Souvenons-nous qu’il n’y a pas de vocation qui ait plus d’importance qu’une autre. Ce qui importe c’est le service que nous pouvons rendre au Seigneur. Chacun et chacune peut faire fleurir le Royaume de Dieu s’il s’épanouit pleinement dans la déclinaison singulière de sa vocation baptismale. Demandons donc la grâce au Seigneur de nous aider à mieux entrer dans cette vocation. Elle est la source de toute notre vie chrétienne et l’irrigue. Ce baptême nous conduit vers les pâturages du Seigneur, vers ce lieu où tout est donné pour qu’à notre tour nous donnions tout.
Plongés dans la vie du Christ
Ces eaux baptismales, ces promesses dans lesquelles nous sommes entrés au jour de notre baptême, nous y replongeons à chaque Eucharistie célébrée. Lorsque nous recevons la Parole et le pain, nous plongeons de nouveau dans la vie du Christ. Nous recevons dans ces dons la vie en abondance dont Jésus nous parle à la fin de l’Évangile de ce dimanche. Alors, quand nous célébrons les sacrements, quand nous méditons ou recevons la Parole de Dieu, souvenons-nous que tout est don.
La vocation du Christ
Ce don que le Christ a fait de sa vie par amour pour nous doit nous procurer une joie. Celle qui ne passe pas, qui nous permet de tenir bon dans les moments où la lumière se fait rare, où l’obscurité surgit. Alors, en guise de prière d’offrande, faisons nôtres ces mots du jésuite Adrian Porter : « Donne-nous la générosité pour que nous puissions partager les dons que tu nous as faits. Donne-nous la foi pour que nous ayons confiance en nous-mêmes. Et surtout, donne-nous l’amour pour que nous puissions apporter de la joie dans la vie de ceux qui nous entourent. »