L’Évangile de cette nuit très sainte de Noël se termine par la louange des anges avec le Gloire à Dieu. Ce chant résonne de manière spectaculaire dans nos communautés le soir de Noël. Il est attendu par beaucoup de fidèles, car il donne toute sa tonalité festive à la célébration. Ce verset 14 du chapitre premier de Luc conclut l’Évangile de cette nuit très sainte de Noël. La traduction qu’en fait sœur Jeanne d’Arc, op est particulièrement savoureuse : « Gloire à Dieu dans les hauteurs, et sur terre paix aux hommes ses bien-aimés ». Qu’il est doux, en cette nuit de Noël, de nous savoir les biens-aimés de Dieu.
Découvrir la Gloire de Dieu
La Gloire de Dieu que chantent les anges est l’incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité. Elle est l’achèvement de la promesse de Dieu de venir au cœur de notre monde pour le réconcilier, pour le rendre aimable, car aimé de Dieu. Cette nuit très sainte de Noël, nous fêtons une naissance. Comme tout nouveau-né, cet enfant est fragile et ses parents sont sans nul doute à la fois impatients et inquiets de l’accueillir. Marie accouche dans une auberge remplie de voyageurs. Ce n’est pas un lieu pour accoucher alors, elle se met à l’écart. Rien d’extraordinaire en fait. Ainsi, dès sa naissance, Dieu se mêle à l’histoire du monde. Il vient au cœur de la vie et en même temps un peu à l’écart.
Dieu naît dans nos vies
La naissance du Christ est conforme à l’équilibre précaire de nos vies. Nous vivons à la fois en plein monde, avec nos contemporains, et parfois à l’écart, dans notre chambre (Mt 6, 6), pour rester avec Dieu et avec les nôtres. Mais ces deux situations sont en dialogue et se renvoient l’une à l’autre. Donc, cette nuit de Noël, le Fils de Dieu vient vivre pleinement notre vie. Rien ne nous dit sa divinité. Point de canons, de Te Deum et autres trompettes. Seuls des humbles sont prévenus d’une telle naissance (des bergers qui gardaient leur troupeau). Pour messager, un ange et pour message « une gloire de Dieu ». C’est assez étrange pour nous, citoyens connectés du XXI° siècle. Pourtant, cette annonce et cette Gloire sont pour nous aussi aujourd’hui.
Noël : un message pour aujourd’hui
Nous pouvons nous reconnaître dans ces bergers, nous qui sommes tant occupés, absorbés par tant de préoccupations quotidiennes, tant de soucis, plus ou moins à raison. Dieu, en cette nuit très sainte de Noël, vient nous rejoindre dans notre vie. Avec l’Enfant Jésus qui naît dans cette auberge, au bord du chemin, Dieu nous invite à lever la tête de nos soucis, de notre quotidien tant important. Il vient nous dire, en ce nouveau-né, couché dans une mangeoire, que « l’essentiel n’est pas d’en faire beaucoup, mais de sentir et goûter les choses intérieurement » (saint Ignace). Lors du 3e dimanche de l’Avent, Jésus nous mettait déjà en garde contre toute tentation du merveilleux avec la figure de Jean-le-Baptiste.
La Gloire de Dieu c’est la gloire des simples
Avec Dieu, point d’ornements dorés, de palais et de courtisans. Il se révèle dans cette simplicité du quotidien, dans cet enfant qui naît dans une mangeoire et qui annonce la mort cruelle de la Croix. La Royauté du Christ n’est pas de ce monde, souvenons-nous de sa Passion pour nous en convaincre. La Gloire qui nous est annoncée aujourd’hui est celle de l’humilité, de la pérégrination de Jésus sur les routes des femmes et des hommes de son temps. Elle est celle d’un pèlerin qui n’avait pas d’endroit où poser sa tête, annonçant sans cesse le Royaume de son Père. Ces signes nous en avons aujourd’hui en cette nuit très sainte de Noël. Une femme, entourée de son mari, qui accouche, à l’écart dans une auberge et un message envoyé à des bergers par une légion d’anges. Signes contradictoires, il en est.
Humilité et universalité
D’un côté la simplicité et la beauté d’une naissance et de l’autre un message de la naissance du Sauveur à des bergers et au monde. Ainsi, nous comprenons que le Royaume de Dieu n’est pas de l’ordre du merveilleux et, en même temps, qu’il s’adresse à toute l’humanité qui est aimée de Dieu. C’est cet amour de Dieu pour tous qui est le message par excellence de cette nuit très sainte de Noël. L’alliance que Dieu veut sceller avec notre humanité passe par le don de son Fils, aujourd’hui à la crèche et demain à la croix. Nous ne pouvons pas séparer les deux événements. L’un conduit à l’autre ou plutôt c’est la Croix qui éclaire la naissance de Jésus.
De Pâques à Noël
C’est Pâques qui nous permet de comprendre le plus justement le mystère de la naissance du Christ. Il s’agit de saisir la pleine humanité du Christ. Cette humanité dans la divinité affirme le fol amour de Dieu qui se dit dans la discrétion d’un homme qui passe « en faisant le bien ». Voilà la Gloire de Dieu en acte : faire le bien au service de la Vie, celle que le Christ nous promet en abondance.
Célébrer la Gloire de Dieu
pour que nous puissions devenir pleinement humains. La Gloire de Dieu ce soir c’est ce petit enfant couché dans une mangeoire, entouré de ses parents. L’Amour inconditionnel : voilà ce qui définit et décrit la Gloire de Dieu. Elle est ce lieu qui témoigne sans doute le plus de la passion de Dieu pour sa création. Avec la naissance de Jésus, en cette nuit très sainte, Dieu nous dit qu’il nous aime passionnément. Il vient nous revêtir de sa lumière qui atteste que l’obscurité n’a jamais le dernier mot si nous comptons sur son amour.
À la recherche de la Paix
La Paix que nous recherchons tant vient dans cet enfant. Elle est une invitation à manifester la Gloire de Dieu au monde entier. Cet enfant, ce Fils qui nous est donné, il est de notre responsabilité d’en prendre soin. Malheureusement, nous nous trompons souvent de chemin. Pourtant la grâce demeure pour que nous ne prenions pas le chemin du pays de l’ombre. Dieu vient ce soir nous revêtir de sa douce lumière pour que nous puissions être signes de son étoile qui guide les hommes vers la plénitude de son amour.
Alors, ce soir, réjouissons-nous, exprimons à Dieu notre louange pour pouvoir accueillir son Fils qui se donne à nous. Puissions-nous aussi accueillir la grâce d’être de nouveau enfantés par son amour et reconnaître, comme Irénée de Lyon, que la « Gloire de Dieu c’est l’homme vivant ».