Dans à peine un mois nous célébrerons Pâques, cette grande fête de l’Espérance, de la vie qui prend le dessus inexorablement sur la mort. Dans ces jours qui nous en séparent, nous sommes appelés à convertir notre regard, notre cœur, notre vie pour les tourner résolument vers le Christ, vers le maître de la vie. Ce dimanche nous entendons dans l’Évangile, le récit de Jésus et les marchands du temple. Nous pouvons percevoir chez Jésus une violence et une dureté de ses propos. C’est assez inhabituel et nous avons souvent l’impression que c’est un homme doux contrairement à l’image que nous pouvons avoir de Jean-Baptiste et même de l’apôtre Pierre.
« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce » dit Jésus aux marchands. C’est une invitation à réfléchir sur ce que nous venons chercher lorsque nous nous rendons à l’Église, quel est le but de notre venue ? Cherchons-nous à faire commerce avec Dieu, à faire du donnant-donnant, une sorte de marchandage spirituel ou bien sommes-nous comme des enfants qui vont vers leur Père, heureux de le retrouver dans la simplicité d’une rencontre ? Ce sanctuaire que Jésus veut aussi protéger est également notre propre corps qui est en même temps la demeure de Dieu. Nous sommes depuis la naissance et la mort du Christ, participant·e·s à sa nature divine. Sa maison est donc par conséquent un peu notre corps.
La notion de maison de commerce, maison de trafic peut nous inviter à réfléchir sur notre manière de nous comporter. Sommes-nous sur cette terre, dans nos lieux de vie, de travail, d’activités diverses comme des propriétaires jaloux ou bien en situation de service, prêt·e·s à rendre compte de l’espérance qui est en nous ? Avons-nous le désir, à défaut d’y réussir, de nous situer à l’égard des autres comme des serviteurs, ardents à faire le bien dans une attitude constante de vigilante bienveillance ? Demandons au Seigneur de nous aider à sortir de l’esclavage dans lequel notre société nous conduit, celui de la constante comparaison, de la – vaine – réussite à tout prix, de l’activisme forcené. Bien sûr qu’il faut agir, travailler, servir en désirant devenir davantage coopérateurs de l’œuvre de Dieu. C’est à tout cela que nous invite la première lecture.
« Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme ». Quelle dureté que cette finale de l’Évangile de ce dimanche. Jésus nous remet face à nos pauvretés et à la fois à nos tentations de toute puissance. Il ne cherche pas à être justifié par ce que d’autres disent de lui, il est celui qui « EST » – pleinement. Soyons attentifs à ne pas emprisonner Dieu dans nos catégories, nos spiritualités même nos Églises. C’est librement qu’il se livre à nous, notamment dans l’Eucharistie, afin que nous mêmes nous puissions avancer « libres et confiant·e·s » sur le chemin de nos vies, à la rencontre des autres. Laissons-nous rejoindre par cette liberté et demandons la grâce de pouvoir nous aussi goûter en plénitude à cette manière de procéder de Jésus.
Que le regard des autres ne nous soit pas d’une obsédante quotidienneté mais une occasion de regarder de quelle(s) manière(s) je peux avancer davantage vers la conversion, le service désintéressé de notre société là où je suis, dans mon devoir d’état. Peut-être, alors, je pourrai, par toute ma vie, témoigner aux hommes et femmes que je rencontre, de la joie de connaître Jésus Christ.
Nous sommes la demeure du Père – 3ème dimanche de carême 2018
Méditations au coeur du monde / dimanche, mars 4th, 2018
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