Le pain de vie pour féconder et transformer nos vies


Méditations au coeur du monde / jeudi, août 1st, 2024
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Ce 18e dimanche ordinaire, nous continuons la lecture de l’Évangile (Jn 6, 24-35) du Pain de Vie. Ces paroles sont le cœur de notre foi, de notre lien avec le Christ. Le Pain de Vie est ce que nous goûtons à chaque Eucharistie, toutes les fois où nous nous rassemblons comme fidèles du Christ. Ce pain de vie nous fait découvrir que nous sommes des amis dans le Seigneur, frères et sœurs d’un même Père. C’est le Christ et son Évangile qui nous unissent.

Le pain de vie : cœur de notre vie

Même si nous le savons au plus profond de notre cœur, nous avons des difficultés à bien le comprendre. Ce pain de vie est tel à ce Mann houde du livre de l’Exode (Ex 16, 2-4.12-15). Il est partout, au cœur de nos vies, aux carrefours du monde et c’est cela qui nous fait vivre.

Ne jamais être rassasié

Jésus dans l’Évangile de ce dimanche est une fois encore poursuivi par la foule. Elle ne semble jamais rassasiée, elle en veut toujours plus alors que Jésus veut leur en donner « davantage ». Il s’agit d’aller toujours plus loin, nourris des grâces du Royaume, des promesses que le Christ nous fait. Il vient nous faire saisir que seul Lui nous suffit.

Rechercher le pain de vie pour faire sens

Il ne s’agit pas de faim et de soif temporelles. Jésus n’est pas le fondateur d’une association caritative. C’est une soif, une faim de sens et d’action. Si nous choisissons Jésus, pour frère, pour maître et ami alors notre vie prend un sens inouï. Elle n’est plus centrée sur nous, parfois nombrilistes et égoïstes, mais sur le Christ. Nos yeux levés sur Lui, nous trouvons la force pour vivre de la puissance de notre baptême. C’est Lui qui nous engage à servir ce monde en quête de sens et de réconciliation.

Plongés dans une vie eucharistique

Mais notre baptême n’a de sens que s’il se plonge dans le sacrement qui donne la vie au monde : l’Eucharistie. Sans ce pain de vie, notre foi serait vaine et nos actions perdraient leur sens. Le Christ, en donnant sa vie pour chacun d’entre nous, nous fait entrer dans le sens profond de l’Amour du Père. C’est lui qui nous fait devenir des femmes et des hommes pour les autres. Des personnes qui suivent le Christ-serviteur qui s’offre au Père par amour.

La mission du Christ

Cet amour est l’âme de la mission du Christ et donc la nôtre. C’est pour cela que le Père, dans le Fils, par l’Esprit ne cesse de nous donner cet amour, de le répandre en nos cœurs. À nous d’en disposer pour pouvoir l’accueillir au cœur de nos vies. Pour cela, il nous faut être attentifs aux signes des temps, à ce qui est en germination dans notre monde.

De la brise légère au pain de vie

Ce sont des tout petits riens, telle cette manne au cœur du désert qui rassasie les Hébreux en exode. Nous avons souvent tendance à attendre de Dieu des épiphanies flamboyantes telles des feux d’artifice. Mais, c’est plus souvent dans la fin d’un commencement d’une brise légère (1 R 19, 12) qu’il se discerne. Ainsi, nous savons que si le bien ne fait pas de bruit, le bruit, lui, ne fait pas forcément du bien.

Attentifs aux sources qui sourdent dans le désert

Soyons donc davantage attentifs à la douceur, à l’imperceptible, qu’à la fureur et à l’agitation. Même au cœur du désert, il peut jaillir une source d’eau vive. Elle peut prendre plusieurs formes. Il est donc important d’exercer l’art du discernement pour contempler l’œuvre de Dieu. Cette œuvre ne s’accomplit que si nous nous mettons pleinement au service de l’Éternel Seigneur de toutes choses. Là est le but de notre route à la suite du Christ, et tout comme cette fin d’un commencement d’une brise légère, elle peut se dire de multiples manières. Mais, ces dernières sont secondes bien que non secondaires.

Suivre le Christ de plus près

Ce qui importe c’est de se mettre à la suite du Christ, saisis par Lui pour vivre et annoncer au cœur du monde son amour et sa paix. Pour cela il faut se laisser enseigner par Lui et devenir davantage ses amis et familiers. Donc, nous avons besoin de nous nourrir de sa présence en méditant cette parole de vie qu’est sa Parole qui nous conduit à la Table de l’Eucharistie. Les deux sont liées. Cette parole se dit et se lit dans la Bible, mais aussi dans la vie du monde. L’une et l’autre sont des réalités dialogales.

L’Évangile et le monde sont notre pain de vie

Nous pouvons nous inspirer pour cela de la devise de Karl Barth : « L’Évangile dans une main, le journal dans l’autre. » Regardons agir Jésus. Il n’est pas hors sol, coupé de la vie de ses contemporains.

Contempler l’agir du Christ

Il ne vient pas asséner des vérités, des lois auxquelles il faut adhérer pour accéder au Salut. Il présente l’Amour de Dieu, il guérit les malades, relève les blessés, fortifie tous ceux qui sont dans la peine. Sa seule règle est de ne pas contrister l’Esprit, de ne pas couper les cheveux en 4 par principe. Jésus nous invite à écouter battre son cœur au cœur du monde.

Entrer dans une démarche de conversion

C’est ce à quoi Paul nous appelle dans la seconde lecture. Il nous invite à nous convertir. C’est-à-dire que, par notre attachement au Christ, nous ne nous laissions pas entraîner par les facilités du temps. Ne tombons pas dans la critique systématique du monde. Il est ce lieu choisi, aimé, consacré par Dieu. C’est le lieu où il a envoyé son Fils pour nous faire entrer davantage dans la mission du Père.

Transformer le monde

Certes, ce monde est loin d’être conforme à la volonté de Dieu, mais c’est notre mission de le rendre bon, bien, beau. Dieu a envoyé son Fils pour nous montrer combien son Amour transcende les puissances de mort qui nous habitent. C’est à cela qu’il s’est employé tout au long de son ministère. Cet amour est une puissance de vie et de liberté qui conduit à chercher la manière la plus juste d’annoncer son Salut. Il est cette Mann houde, ce pain vivant donné aux foules qui le cherchent. Jésus se donne à nous pour nous faire connaître l’amour du Père, mais il nous demande aussi de lui offrir nos vies, nos joies, nos peines… tout ce qui fait ce que nous sommes.

Dans cette offrande, jour après jour, nous pouvons nous laisser transformer lentement, sereinement, passionnément par son amour. Nous puisions la force de cette offrande dans l’Eucharistie qui transforme et féconde l’offrande de nos vies.