La Parole de Jésus dérange. C’est ce que nous révèlent les textes de ce 10e dimanche ordinaire. Sa parole n’est pas dans la suite de l’ordre établi, elle bouscule et remet en question le « nous avons toujours fait ainsi ». Pour autant, elle intrigue, car beaucoup entourent Jésus au point « qu’il n’était plus possible de manger » nous dit Marc dans l’Évangile de ce dimanche. Et nous, est-ce que la Parole de Jésus nous dérange ? Ou plutôt est-ce que nous nous laissons déranger par cette Parole qui n’est pas habituelle ?
Dieu tient parole
Dieu s’adresse à nous par cette Parole de Vie pour nous conduire à être en vérité avec l’Amour dont il nous entoure. Pas facile de laisser la Parole de Jésus se frayer un chemin dans nos « cœurs malades et compliqués ». Cela nous fait parfois peur, tel Adam dans la première lecture, qui ne confesse pas sa désobéissance, son péché, et rejette la faute sur Eve.
Avec humilité
C’est en effet plus facile, plus confortable de dire « ce n’est pas moi, c’est l’autre » plutôt que « oui, je reconnais m’être trompé, avoir pris le mauvais chemin ». Cela demande un travail d’humilité, mais aussi de clairvoyance, de discernement sur nous-mêmes et ce que nous faisons. Ce qui importe pour Dieu ce n’est pas tant que nous nous soyons trompés, que nous nous laissions égarer par des sirènes séduisantes et séductrices.
Ne pas oublier l’alliance
Pour Lui, l’essentiel est que nous soyons capables de prendre la main qu’il nous tend pour vivre de son Alliance. Dieu nous invite à écouter sa Parole. Écouter ne veut pas dire entendre avec les oreilles, mais nous laisser imprégner, conduire par sa Parole pour qu’elle prenne corps en nous. D’ailleurs, ce n’est pas anodin si dans la liturgie nous sommes conduits de la Table de la Parole à celle de l’Eucharistie.
La parole de Dieu nous donne de vivre notre vocation
Sans la Parole reçue, écoutée, partagée, nous ne serons pas capables de vivre du don de Dieu. Tous les sacrements de l’Église comprennent d’ailleurs un temps de réception de la Parole. Certes, elle peut nous déranger, nous dérouter, nous questionner. Mais, elle vient nous remettre au cœur de l’Alliance entre Dieu et nous. C’est cette Alliance que nous remettons en cause lorsque nous n’assumons pas ce qui peut nuire à l’Amour.
Parole de Dieu et discernement
Cet Amour de Dieu pour nous, que sa Parole nous délivre, nous conduit à entrer dans un travail de discernement. La question,qui peut nous aider au fil des jours, est de quelles manières pouvons-nous être témoins de ce fol amour de Dieu.
Passer de l’indifférence à l’Amour
De quelle manière pouvons-nous passer de l’indifférence, du mépris, à la considération et au respect ? Souvenons-nous que nous sommes les gardiens de nos frères et sœurs. Notre baptême nous conduit à bâtir l’Église qui ne sera véritablement achevée que lorsque l’Amour aura le dernier mot. C’est-à-dire lorsque notre cœur ressemblera au cœur du Christ.
Le cœur de Jésus : boussole pour notre route
Pour avancer sur ce chemin, nous pouvons reprendre cette petite phrase transmise par le pape François : « Seigneur Jésus, que mon cœur ressemble au tien ». Cette petite prière toute courte nous permet de nous souvenir que c’est le cœur du Christ qui est notre boussole dans notre vie de foi. Ce cœur, que nous avons célébré vendredi dernier, nous conduit à l’essentiel de la foi. Il s’agit de devenir des femmes et des hommes pour les autres, appellés à aimer comme le Christ nous aime.
Aller plus loin
« Tu nous dis d’aller plus loin, Tu nous dis d’aimer comme toi. Tu nous dis d’aller plus loin, d’aller où tu vas. » ce refrain, d’un chant du MEJ, nous fait saisir cet impératif de l’Amour. C’est bien « comme toi », comme Jésus qu’il s’agit d’aimer. Nous n’aimons pas pour faire plaisir, nous aimons, car c’est un impératif pour bâtir un monde plus beau, plus juste, plus fraternel. C’est cet amour, que le Christ porte à chacun et chacune d’entre-nous qui nous donne d’être endurant quant aux soucis du jour présent.
Bâtir la Cité de l’Amour
Cet Amour que nous révèle la Parole de Dieu doit nous entraîner à chercher la manière la plus juste d’œuvrer au règne de Dieu. De quelle manière, là où je suis, avec mes talents et mes fragilités, puis-je être porteur de l’Amour de Dieu ? Comment sa Bonne Nouvelle me met en route et me donne de continuer à essayer de faire le bien ? Cela nous invite à être des artisans d’unité. C’est-à-dire à tâcher de ne pas être facteur de division dans la construction de l’œuvre commune.
Parfaire notre unité
Jésus dans l’Évangile de ce dimanche nous invite à parfaire notre unité. Le Royaume de Dieu et sa justice ne peuvent pas se construire si nous sommes divisés, écartelés. Agir ainsi c’est faire la part belle au diviseur, au diable qui se réjouit de tout ce qui nuit à l’Amour. C’est le serpent de la première lecture. Ce fourbe qui vient nous mordre sournoisement le talon. Ce mal qui rôde à la recherche d’un lieu, d’un cœur pour distiller le venin de la division et de la méchanceté.
S’appuyer sur la Parole de Dieu
Lorsque nous sentons notre cœur se durcir, remettons-nous-en à la douceur de la Parole de Dieu. C’est elle qui nous donne de discerner le souffle de l’Esprit de Pentecôte pour vivre l’Évangile en plein monde. Dieu n’est pas ailleurs qu’au cœur du monde, là où les hommes et les femmes luttent pour que l’amour l’emporte sur la haine.
Dieu est au cœur du monde
Ne le cherchons pas dans les cieux, il est là, dans la discrétion d’un sourire, dans la chaleur d’une étreinte, dans la confiance qui se construit jour après jour. Laissons donc la Parole de Dieu nous déranger, nous conduire vers des routes parfois sinueuses et escarpées pour servir davantage les femmes et les hommes de ce temps. Ne cherchons pas autre chose que de dire Dieu dans notre humble quotidien. Ne cherchons pas Dieu autre part que dans la vie des femmes et des hommes de ce temps.
Dieu est à l’œuvre en cet âge
Oui, Dieu est bien à l’œuvre en cet âge avec discrétion, tel ce commencement d’une fin de silence que nous révèle Élie dans le livre des Rois (1 R 19, 1-18). Cherchons donc dans notre quotidien à nous accorder à la Parole de Dieu. Elle nous aidera à croître dans la charité. Ainsi, nos vies pourront jouer la musique entraînante de l’Amour de Dieu. Nous pourrons alors nous laisser entraîner aux carrefours du monde pour témoigner aux femmes et aux hommes de la joie de connaître le Christ Jésus.