« Brillez déjà, lueurs de Pâques, scintillez au jour de demain, annoncez l’époux qui revient éveillant tout sur son passage », nous dit le jésuite Didier Rimaud dans une de ses hymnes. Notre vigile pascale commence par ce feu qui resplendit au cœur de la nuit, au cœur de notre nuit pour faire briller les lueurs de Pâques. Après la nuit du tombeau, voici que la lumière jaillit. De l’obscurité du doute, de l’angoisse, de la peur, nous communions à la splendeur de la résurrection, à l’espérance. Ce soir, nous sommes invités à nous saisir des lueurs de Pâques qui naissent. Nous les portons en nos cœurs pour que le monde soit éclairé de la vie et de ll’amour du Christ.
Une histoire d’alliance
La longue liturgie de la Parole de la vigile pascale nous conduit à découvrir l’histoire de l’alliance que Dieu veut sceller avec nous. Une alliance difficile avec un peuple rebelle, à la nuque raide, qui comprend difficilement le message. Ce peuple, c’est nous aussi, chrétiens du XXIe siècle. Nous connaissons les difficultés de la foi, nous oscillons entre confession et renoncement. Nous parlons beaucoup de l’apôtre Thomas comme l’incrédule, mais l’apôtre Pierre n’est pas en reste. Il est pourtant celui sur lequel le Christ a fondé son Église. C’est bien le signe que Dieu met en nous son espérance pour que nous entrions dans une conversion plus profonde, plus intime.
Le scintillement des lueurs de Pâques
Par ces lueurs de Pâques, le Père veut nous faire saisir le scintillement d’une joie profonde quant au fol amour de Dieu. Il veut allumer en nos cœurs cette assurance et nous entraîner à espérer contre toute espérance. C’est ce que nous chantons d’ailleurs au début la célébration de la vigile pascale avec la magnificence de l’Exultet : « Ô nuit de vrai bonheur, qui seule mérita de connaître le temps et l’heure où le Christ a surgi du séjour des morts ! ». C’est bien cette folie de la sortie du tombeau que nous célébrons ce soir. Dieu nous invite à contempler son impensable amour : faire naître ce qui était mort. Ainsi, nous célébrons le maître de la vie, le maître de l’amour avec ces lueurs de Pâques.
Redécouvrir la force de notre baptême
Une fois encore nous le savons par la foi, nous confessons cette réalité en Église, mais nous pouvons connaître des difficultés pour les accueillir et les vivre au quotidien. Le chemin d’alliance que le Seigneur conclut avec nous depuis notre baptême est celui d’un compagnonnage. Jour après jour, il chemine à nos côtés, il nous fait signe pour que notre route se dirige vers la lumière des lueurs de Pâques. Toutefois, nous prenons parfois des chemins de traverse, nous oublions de mettre sa confiance en lui et nous laissons engloutir tels les Égyptiens de livre de l’Exode. Pourtant, sa grâce nous devance telle la nuée qui guidait les Hébreux au sortir de l’Égypte.
Rechercher, dans nos vies, les lueurs de Pâques
Nous pouvons regarder, dans nos vies, dans notre monde – où nous avons tendance à plus voir l’obscurité – où sont ces lueurs de Pâques qui éclairent nos chemins. Apprenons à compter davantage sur le Seigneur qui sait faire jaillir la lumière au creux de toutes les fissures de nos vies, de notre monde. Ces lueurs de Pâques viennent réchauffer nos corps affaiblis, fatigués, parfois désespérés. Aussi, souvenons-nous des fruits que prodigue le baptême, dans lequel nous sommes confortés en cette vigile pascale. Ce jour-là, nous avons revêtu le Christ, nous sommes devenus des femmes, des hommes nouveaux, resplendissants des lueurs de Pâques.
Nos limites comme bénédiction
L’onction d’huile que nous avons reçue est là pour que nous assouplissions tout ce qui peut être raide, grippé, bloqué. Nous devenons depuis lors des facilitateurs, des personnes qui cherchent à être témoins de la charité, de la miséricorde, de l’amour de Dieu en plein monde. Ce n’est pas forcément facile et nous nous confrontons tous à nos limites. Mais, elles sont une bénédiction, car nous comprenons ainsi que ce n’est pas sur nos propres forces qu’il nous faut compter. Nos qualités sont essentielles pour annoncer l’Évangile en plein monde, mais pas indispensables. Ainsi, mettons-nous pleinement au service du Seigneur, donnons tout ce que nous sommes, tout ce que nous pouvons être capables de faire. Mais, demandons lui de nous aider à ne pas éteindre le zèle intérieur, le feu brûlant de son amour qu’Il a semé dans nos cœurs.
En nous Dieu achève sa création
Gardons au cœur l’assurance de cet amour, de cette présence qui ne nous abandonnent jamais. C’est ainsi que le Seigneur ne cesse de parachever sa création. Il continue de nous modeler, de passer l’or de notre cœur au feu de son amour. Ainsi, petit à petit, à force de fréquenter l’Amour de Dieu, nous devenons davantage ressemblance, fils/fille dans le fils, enfants d’un même Père. Voilà la révélation de cette longue nuit qui nous amène à désirer rendre notre vie éclatante de la clarté des lueurs de Pâques. Tel est notre désir qui est parfois entravé par la réalité de notre quotidien.
Chercher l’eau vive
Pourtant, c’est bien au cœur de ce dernier que le Christ nous rencontre et nous appelle. Alors, il nous faut, pour ne pas sombrer dans la désespérance, puiser dans la force de Dieu, dans la contemplation de l’agir du Christ. Soyons tout aussi certains que Dieu a conscience de la volatilité de nos désirs, mais il a surtout connaissance de notre soif de paix, de plénitude, d’espérance. Nous sommes comme le cerf du psaume 41 (42), nous cherchons l’eau vive pour nous désaltérer et reprendre des forces pour annoncer le Christ en plein monde.
Alors, ne cherchons pas plus loin, cette source d’eau vive c’est le Christ. Il est Celui qui vient nous sauver, faire de nos vies une vivante offrande à la louange de Sa Gloire. C’est ce que nous célébrons aujourd’hui dans ce mystère pascal. Le Fils de Dieu s’est levé du tombeau pour nous conduire vers la splendeur de la vie, une vie pour les autres, une vie avec les autres.
Allez aux lueurs de Pâques vers nos frères et sœurs
Que cette nuit très sainte où les lueurs de Pâques se lèvent pour faire naître un jour nouveau nous conduise à aller vers nos frères et sœurs en humanité. Avec un zèle tout empreint de charité et d’amour fraternel, nous pouvons proclamer : le Seigneur est ressuscité. Oui, le Seigneur est ressuscité, Alléluia. Il nous précède dans nos Galilée, dans l’ordinaire de notre quotidien où vient se révéler le fol amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous.
[…] de Pâques nous nous souvenons de la miséricorde de Dieu. Ce fol amour de Dieu manifesté au matin de Pâques nous fait cheminer dans la lumière du Ressuscité. La miséricorde de Dieu c’est le cœur même […]