Ce 6e dimanche de Pâques nous replace au cœur de l’alliance entre Dieu et l’humanité. Le Christ dans l’Évangile nous invite à vivre de l’Amour de Dieu. Cet amour que nous devons porter au Seigneur n’est pas de l’idolâtrie. Bien au contraire. Il ne s’agit pas d’aimer Dieu pour lui plaire et avoir ses bonnes grâces. Nous sommes toutes et tous ses favoris et avons la même place dans son cœur.
Découvrir l’Amour du Christ
Dieu nous appelle à garder Sa Parole, non pas pour la retenir, mais pour la semer. C’est ainsi que notre fidélité à Dieu se dit. L’Amour de Dieu nous appelle à suivre le Christ au plus près, car son amour nous devance. Il nous invite à prendre la route pour découvrir, jour après jour, combien il est important de devenir compagnons de Jésus. C’est-à-dire des femmes et des hommes qui sont sur les routes humaines, les bras disponibles pour servir l’inouï d’une rencontre.
À la suite des apôtres
C’est l’expérience que les apôtres ont faite, dans leur compagnonnage avec le Christ. Ils ont tout quitté pour être avec Lui. Au fond de leur cœur, ils ont découvert l’Amour de Dieu. Il s’est révélé dans la fréquentation du Christ. Aujourd’hui, notre rencontre avec le Christ n’est pas charnelle. Toutefois, nous le rencontrons dans les sacrements bien sûr, mais surtout dans ce compagnon de route. Mais, il est nécessaire que notre cœur et nos yeux soient disponibles pour cet échange. Cela va au-delà de notre bonne volonté, même si c’est indispensable.
Fréquenter l’Écriture
Pour découvrir la manière dont l’Amour de Dieu nous envoie, dans et par nos rencontres, nous avons à fréquenter Sa Parole. L’Écriture est le livre de la rencontre de femmes et d’hommes saisis par le Seigneur. Elle nous parle des difficultés de compréhension de la radicalité de son appel, mais nous dit surtout que Dieu est fidèle. Il demeure présent dans nos histoires et paradoxalement au cœur même de nos infidélités. Avoir l’Amour de Dieu au cœur, garder Sa Parole, c’est aussi être envoyé en plein monde pour témoigner de la joie de connaître Jésus-Christ. C’est difficile tant notre cœur est partagé, tant le monde semble pouvoir se passer de Dieu, tant nous avons des difficultés à aimer comme Lui, à pardonner comme Lui.
Devenir davantage disciple du Christ
Pourtant, c’est une exigence pour celui ou celle qui désire devenir davantage disciple du Christ. Notre maître et ami sait cela. Il connait le fait que nous avons des difficultés à nous convertir et que notre cœur est bien souvent sourd à ses appels. D’où le don de l’Esprit qui nous est fait à la Pentecôte. L’Esprit, le Défenseur comme le Christ l’appelle dans l’Évangile de ce 6e dimanche de Pâques vient nous rappeler que l’Amour du Christ est toujours premier. C’est l’Apôtre Paul qui nous le rappelle dans sa première épître aux Romains (8, 35).
Comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la terre couverte d’hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l’auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain ; et comment ce mystère s’accomplit, lorsque dans la plénitude des temps l’Archange Gabriel fut envoyé à Marie. – Exercices Spirituels n° 102 – Contemplation de l’Incarnation
L’Amour du Christ : pierre de fondation
Voilà un des fondamentaux de la foi. Si nous voulons avancer dans notre chemin d’alliance avec Dieu, nous avons à nous souvenir de cette pierre de fondation. Cela nous oblige, car nous sommes ainsi porteurs d’un « trésor que nous portons dans des vases d’argile » (2 Co 4, 7). Notre fragilité à manifester l’Amour de Dieu au cœur du monde, au cœur de notre vie, nous invite à nous en remettre davantage au Seigneur. Dans une prière confiante, humble et amoureuse, nous pouvons reprendre ce « donne-moi seulement de t’aimer » d’Ignace de Loyola.
Suivre le Christ de plus près
Ce désir d’être davantage unis à l’Amour de Dieu, c’est l’Esprit saint qui vient le faire grandir dans notre cœur. Suivre le Christ n’est pas une histoire de pratique cultuelle. Nous ne sommes pas chrétiens par le fait de notre fidélité à la messe de fin de semaine ou bien parce que nous sommes « en règle » à l’égard des « exigences » que demanderait l’Église. Nous sommes chrétiens parce que nous avons rencontré le Christ et que cette rencontre nous brûle le cœur, tels les Pèlerins d’Emmaüs (Lc 24, 32). C’est cela que nous enseigne la première lecture de ce 6e dimanche de Pâques.
Mettre l’Amour du Christ au cœur de notre vie
Aussi, souvenons-nous qu’il est plus important de s’atteler à vivre en harmonie avec le commandement de l’Amour de Dieu que de s’attacher à des pratiques qui ne font pas sens pour nous. Accueillir l’exigence à mettre l’Amour de Dieu au cœur de notre vie c’est comme arroser les racines d’un arbre (François à la Communauté du Collège Pontifical Roumain « Pio Romeno »). C’est alors que nous pourrons entrer véritablement dans l’Action de grâce, dans cette louange au Dieu de la vie.
Entrer dans la louange
Louer Dieu, lui rendre grâce c’est reconnaître que son Esprit insuffle notre vie et nous conduit vers des terres inconnues à la rencontre de nos frères et sœur en Christ. Prenons le temps pour respirer, savourer la croissance dans notre vie et y contempler l’action de Dieu. Cette œuvre conjointe nous dilatera le cœur et nous donnera sans nul doute un dynamisme nouveau pour la mission.
La Lumière de dieu au cœur de notre vie
Même si les temps sont difficiles, que la guerre rôde en l’Europe, que toutes sortes de peurs peuvent nous envahir, n’oublions pas que nous sommes les hérauts de l’Évangile. L’action que nous menons ne doit jamais être déconnectée de l’annonce de l’Évangile. Il est ce qui doit éclairer les ténèbres de nos vies, de notre monde, car il est LA Bonne Nouvelle intemporelle dont nous avons besoin pour rencontrer le Christ.
Agir sous le règne de la grâce
Demandons à l’Esprit de nous donner la force de ne pas éteindre l’Amour de Dieu, « cet arbre qui donne du fruit en son temps ». Ce n’est pas tant la puissance de ce que nous faisons qui importe, mais la manière, l’intention qui nous ont conduit à agir. Soyons donc davantage attentifs à l’esprit des choses qu’à leur lettre pour entrer dans la dynamique de la miséricorde de Dieu. Nous sommes si souvent pressés et impatients que nous ne prenons plus de temps de contempler la beauté des fleurs sur notre chemin.
Apprenons à ralentir, à regarder avec les yeux du cœur et nous verrons que le Christ, par nous, fait toutes choses nouvelles. Nous pourrons accueillir de cette contemplation les fruits d’un discernement nouveau qui nous dévoilera les appels de Dieu à servir sa mission en plein monde et « pourquoi pas dans tout l’univers » pour reprendre les mots du jésuite Pierre de Clorivière.