Servir Dieu avec un cœur sans partage


Méditations au coeur du monde / vendredi, septembre 13th, 2024
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« Accorde-nous de te servir avec un cœur sans partage », demandons-nous dans la prière d’ouverture de ce 24e dimanche ordinaire. Prier ainsi, c’est reconnaître qu’il est bien difficile de se mettre tout entier au service de Dieu. Nous pouvons dresser une longue liste de raisons, plus ou moins bonnes, qui nous détournent du service de Dieu. Cependant, nous ne demandons pas seulement la grâce de servir, mais celle de le faire avec un cœur sans partage. Il faut donc comprendre que notre vie de foi, la suite de notre baptême, consiste à servir Dieu de manière pleine et entière. Ainsi, nous ne servons pas Dieu à mi-temps. Il est nécessaire de rechercher l’unité de vie et surtout la manière la plus juste de nous mettre à la suite de Dieu.

Servir pour la plus grande joie de Dieu

« Servir Dieu rend libre comme lui », nous dit le jésuite Didier Rimaud dans les paroles du chant : « Pour que l’homme soit un Fils« . Ainsi, nous pouvons trouver une raison valable de mettre nos pas à la suite du Christ : découvrir la liberté des enfants de Dieu.

Libre comme Dieu

L’Amour de Dieu nous rend libres, c’est-à-dire qu’il n’est pas une idole. Dieu nous choisit pour prolonger son œuvre d’amour, de solidarité, de miséricorde. Ainsi, nous ne sommes pas sous le joug d’une idole qui nous asservirait, qui nous punirait si nous ne lui obéissions pas. L’obéissance que Dieu nous demande, c’est d’écouter Sa Parole et de la mettre en pratique. Cette invitation est pour que nous ayons la vie, une vie en abondance qui se déploie dans un rapport juste avec l’autre. C’est en cela que nous sommes appelés à la liberté, parce que le service nous rend libres.

Servir, c’est avoir le souci des autres

Servir la Parole de Dieu n’est pas un long fleuve tranquille. L’histoire de l’Église est pleine de martyrs et de saints qui ont combattu sous l’étendard de la Croix au péril de leur vie. Notre appel à servir Dieu ne consiste pas à le défendre, il est capable de le faire tout seul – si besoin. Toutefois, il s’agit de prendre appui sur Sa Parole pour bâtir, avec Lui, son royaume et sa justice. Cela réclame de nous une proximité non seulement avec Dieu mais aussi – et surtout – avec nos contemporains. Si nous n’avons pas le souci des autres, à quoi bon avoir le souci de Dieu ? Ce serait vivre dans le mensonge.

Sentir la proximité de Dieu

Vouloir suivre et servir le Seigneur n’est pas chose facile. Nous l’avons compris dans la prière d’ouverture de ce dimanche. Une fois encore, ce n’est pas un examen qu’on nous demande de passer avec des épreuves à valider. Notre lien avec Dieu, notre souhait de le servir est de l’ordre du désir. Nous pouvons le cultiver à condition d’ouvrir les yeux, d’ouvrir notre cœur au monde qui nous entoure. Nous sentirons alors que Dieu est bien à l’œuvre en cet âge. C’est bien ce que nous dit le psaume 114 de ce dimanche. Il est proche, il nous sauve et nous invite à marcher en sa présence.

Dieu et le malheur du monde

Dieu écoute notre prière, nous dit ce psaume 114. Pourtant, lorsque nous regardons le monde, nous pouvons nous demander si nos prières de paix, de demande de guérison, de réconciliation sont bien entendues de Dieu. Cela peut légitimement nous faire douter de son existence. Mais cette proximité de Dieu ne signifie pas qu’il agit comme un magicien, avec une baguette magique. L’Évangile fait mention de beaucoup de guérisons, mais c’est surtout un appel à la purification du cœur. C’est là que siège notre désir, notre volonté. Et c’est aussi l’endroit qui a le plus besoin de la lumière de Dieu. Ainsi, si notre cœur est habité de la bonté de Dieu, nous pourrons œuvrer au bonheur du monde. Avec un cœur lucide, sans partage, nous serons sans nul doute disponibles pour mettre nos talents au service du plus grand nombre. Dieu pourra ainsi, par nos mains, nos voix, nos vies, transformer ce monde.

Servir, c’est d’abord agir

Jacques, dans sa lettre que nous lisons depuis quelques dimanches, nous met en garde contre une sorte de spiritualisme. Il nous invite, il nous incite à incarner la parole de Dieu dans nos vies.

Acteurs ou spectateurs ?

Cette lettre de Jacques peut nous aider à réfléchir sur notre vie de foi, de femmes et d’hommes. Sommes-nous toujours conscients du rôle que nous pouvons jouer ? Ne sommes-nous pas trop souvent spectateurs du monde, de nos propres vies et amnésiques de l’essentiel ? Les mots de l’apôtre nous réveillent et nous donnent de pouvoir nous ressaisir. Ils nous permettent de retrouver ce qui fait la substantifique moelle de notre foi : notre rapport à l’autre. C’est dans cette proximité à l’autre que nous pouvons le mieux exprimer la tendresse, l’amour que Dieu vient nous communiquer. Cette proximité peut se faire de multiples manières, mais elle est l’alpha et l’oméga de la foi. L’incarnation du Christ est le signe de la solidarité de Dieu pour chacun d’entre nous.

Écouter pour servir le Christ

Pour se mettre en route, à la suite du Christ, il faut écouter sa Parole. Écouter ne signifie pas juste entendre d’une oreille distraite, c’est mettre en pratique davantage par des actes que par des paroles. Mais parfois, la musique de Dieu n’est pas agréable à nos oreilles. Nous n’avons pas envie d’écouter, ni même d’entendre. Nous sommes comme Pierre dans l’Évangile de ce 24e dimanche (8, 27-35).

S’enraciner en Christ

Notre foi, notre amour pour le Christ sont forts. Nous le considérons comme le phare de notre vie, mais seulement lorsque cela nous arrange. Quand la mer monte, que la barque prend l’eau et qu’il faut s’enraciner dans la suite du Christ, c’est un peu plus délicat. Pourtant, c’est cela servir avec un cœur sans partage. C’est une histoire d’alliance qui doit nous conduire à nous fonder davantage sur le Christ. Il doit être le roc de notre vie, le sol où nos racines peuvent s’enfoncer sereinement et porter du fruit.

Demandons donc cette grâce de pouvoir servir généreusement le Christ avec un cœur sans partage. Ainsi, nous pourrons apporter à ce monde la lumière, la joie, la force de Dieu dans une proximité et une attention aux femmes et aux hommes de ce temps.