Servir Dieu dans la confiance


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / samedi, septembre 18th, 2021
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Servir Dieu dans la confiance« Combien d’oppresseurs n’ont-ils pas déclaré : “Dieu est avec nous” ; mais c’était eux qui n’étaient pas avec Dieu. » Ces mots du pape François, lors de sa rencontre avec la communauté juive de Bratislava, font écho à la première lecture de ce 25e dimanche ordinaire. Nous sommes toujours tentés de mettre la main sur l’autre, de le mettre au défi de nous prouver ce qu’il dit. Au lieu de cette constante défiance, ne devrions-nous pas, plutôt, nous engager dans la confiance ? C’est une maladie qui est dans notre cœur depuis que Dieu nous a créés. La liberté qu’il nous offre va jusqu’à nier celle des autres. Pourquoi avoir tant de mal à faire confiance à l’autre, à le laisser être et devenir dans sa singularité ? Cela nous ramène à cette phrase célèbre du Premier Testament : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Cette question, nous avons à la faire nôtre à chaque instant, à chacune de nos décisions. Inévitablement, elles ont un impact sur les autres. Et si, au lieu de chercher à leur nuire, de tirer la couverture à moi, je choisissais de passer de la défiance à la confiance ?

Le présupposé de la confiance

Nous avons comme à nous persuader que la vocation de l’autre n’est pas de me nuire, mais de construire le Royaume de Dieu. C’est ce présupposé positif qui doit nous habiter dans toutes nos rencontres. Nous pouvons facilement laisser s’installer dans notre cœur le poison de la méfiance, cela semble naturel. Nous avons donc à le chasser, avec l’aide de la grâce, pour que la confiance nourrisse toutes nos relations. Agir ainsi c’est avoir « le souci de Dieu », comme le dit le psaume 53 de ce dimanche. C’est reconnaître que c’est d’abord la confiance qu’Il me manifeste, l’amour qu’Il me porte, qui me permet de vivre. Vivre ce n’est pas se satisfaire du nécessaire, c’est expérimenter une relation qui m’appelle à sans cesse me réajuster à l’autre. Cet autre qui est aussi aimé de Dieu, comme moi-même je le suis.

Expérimenter la confiance de Dieu

Nous avons à expérimenter ce bonheur de la confiance de Dieu. Ainsi, comme le psalmiste, notre cœur sera en joie et nous pourrons rendre grâce. Reconnaître le don de l’Amour de Dieu au quotidien, rendre grâce pour la source de vie, de bonté qui jaillit en moi, est un bon exercice de décentrement. Nous avons à plonger notre regard dans celui du Christ et accorder notre cœur au sien. En épousant les mêmes sentiments que Lui nous pourrons vraiment avancer dans la confiance que l’Amour du Père est premier.

Le combat spirituel

Prenons donc appui sur la lettre de saint Jacques. Elle est une ode à la charité, au service du frère. L’apôtre met bien en lumière toute la violence qui sommeille en nous. Ce combat continuel entre ce que nous voudrions faire et ce que nous ne faisons pas, et ce que nous ne faisons pas et que nous voudrions faire. Il ne s’agit pas de procrastination, mais de combat intérieur. Un peu comme dans Tintin au Tibet où Milou ne sait pas s’il doit boire l’alcool qui tombe du sac du Capitaine Haddock… Il nous faut donc de l’entraînement pour discerner ce qui conduit davantage au bien, à ce qui peut servir la confiance en servant nos contemporains. Apprendre à bien discerner nous conduira inévitablement à la pacification de nos cœurs, comme nous le dit Jacques dans la seconde lecture. Cela ne signifie pas que nous n’hésiterons plus, qu’il n’y aura plus de combat intérieur, mais que nous serons davantage armés, car notre vigilance sera renforcée. C’est un peu comme le sport : plus on s’entraîne, plus on progresse.

Devenir les familiers de Dieu

Ainsi en est-il de la prière qui nous aide à devenir davantage des familiers de Dieu. Dans cette fréquentation, nous entendons les appels à la vie, au bonheur, à la confiance qu’il nous fait. Nous voyons, de ce fait, mieux le chemin où le Christ veut nous conduire pour annoncer au monde la joie de le connaître. Tâchons donc de nous unir à la Paix qui nous vient de Dieu pour qu’elle vienne pacifier notre cœur et notre vie. Nous sommes traversés par tant de sentiment, de désirs contradictoires, que l’utile discernement peut en devenir difficile. Dans ces cas-là, un cœur à cœur avec le Seigneur s’impose. Dans le silence et la contemplation – pourquoi pas de son Eucharistie – nous pouvons le rencontrer et nous laisser rejoindre par sa douce miséricorde.

Trouver l’audace de la mission

À sa suite, à son école, nous pourrons prendre la route qui nous réconciliera avec nous-mêmes et avec les autres. Dans ce chemin de liberté, d’amitié, d’affectueux compagnonnage, nous trouverons l’audace pour continuer à servir la mission. Car il s’agit bien de servir, de Le servir, dans le quotidien de nos journées. Dans l’Évangile de ce dimanche, il est écrit que les disciples de Jésus ne le comprenaient pas et « ils avaient peur de l’interroger ». Nous aussi, il nous arrive, sans nul doute, de ne pas bien comprendre où le Seigneur nous conduit. Nous pouvons être déroutés par les événements de la vie et ainsi perdre toute confiance. Toutefois, ne soyons pas, comme les disciples, craintifs à l’égard de Dieu. Osons partager notre étonnement avec lui , ouvrons-nous à son cœur miséricordieux pour recevoir de lui la confiance et la paix. Cela nous conduira sur une route sûre et pacifiée, même si elle peut ressembler à un chemin escarpé et sinueux.

Suivre le Christ dans la confiance

Prendre la route avec le Seigneur, c’est accepter de cheminer dans l’inattendu de la mission. Car c’est bien elle le but de notre compagnonnage avec le Seigneur. Le servir sous l’étendard de la croix, c’est-à-dire être au cœur de ce monde pour permettre à la force de la Résurrection de le sauver. Concrètement, en devenant chaque jour davantage compagnon de Jésus, nous nous refusons à la désespérance. Lorsque nous portons notre regard sur la croix, nous comprenons que le Christ veut déjà nous entraîner dans la force de sa résurrection. Elle est ce dynamisme qui doit dilater notre cœur et colorer notre vie.

Alors avec confiance, espérance et endurance, osons prendre la suite du Christ pour annoncer en ce monde et en ce temps la joie de l’Évangile. Nous découvrirons ainsi que l’humble service que nous accomplissons, dans la perspective de construire le Royaume de Dieu, peut nous conduire à la paix et la joie.

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