Notre seule légitimité : l’Amour de Dieu


Méditations au coeur du monde / vendredi, septembre 27th, 2024
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Les textes de ce 26e dimanche ordinaire nous posent la question de la légitimité de ceux qui veulent suivre le Christ. Souvent, nous érigeons des barrières, nous fonctionnons avec une mentalité de tenancier de club où seuls quelques-uns ont le droit de venir. L’Église, ce n’est pas un club privé, c’est la maison du Peuple de Dieu.

Quelle légitimité pour le peuple de Dieu ?

Il n’y a pas de légitimité à entrer dans ce Peuple. Dieu désire que nous prenions sa suite, que nous annoncions la Bonne Nouvelle de Dieu par toute la terre. Il n’a pas dit que nous devions remplir un questionnaire qui serait soumis à un examen approfondi pour valider notre légitimité. Certes, il y a des charismes et des ministères dans l’Église, mais nous sommes tous invités à servir le Seigneur, son Église et les hommes et les femmes de ce temps. Ainsi, nous avons tous la même légitimité.

Accueillir la diversité

Il faut donc être prudent avec ceux ou celles qui voudraient une uniformité, une sorte de pensée unique dans l’Église. Même s’il n’est pas facile d’accueillir la diversité des origines, des modes de pensée… c’est indispensable pour nous qui désirons annoncer l’Évangile. Nous ne sommes pas une secte où nous serions en situation de servilité, comme des sortes de robots formatés et obtus. À ce propos, je pense que le Christ et l’Esprit sont en capacité de faire bouger ces manières de penser et de nous faire dépasser ces questions de légitimité. Regardons comment il a fait bouger notamment les apôtres, dont Pierre, le premier.

Le désir et la grâce

C’est bien la grâce qui nous aide, mais avec le concours de notre bonne volonté. Pour autant, il nous faut véritablement exercer une réelle prudence et un discernement agile sur nos manières d’agir au nom du Christ. N’oublions pas que nous sommes en Ambassade pour Lui, au service de la croissance de son Royaume et de sa justice. Cela réclame, de notre part, d’accepter de nous déposséder de toutes velléités en matière de procès en légitimité. Notre cri devrait plutôt être celui de Moïse entendu dans la seconde lecture : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 29).

Notre légitimité à servir la maison du Père

Oui ! Il y a beaucoup de besoins pour servir la maison du Père, mais les ouvriers valeureux restent peu nombreux. Même si ce n’est pas le nombre qui compte mais la valeur et le désir, il reste néanmoins des besoins pour la mission. Cette dernière dépasse le « faire ». Elle est davantage une manière de servir. Nous constatons alors que le champ pour apporter l’amour de Dieu au monde est vaste. Ce champ est plein de ronces et de pierres, tel le cœur de l’homme. Aussi, appelés par le Christ à servir ce monde, nous avons toute légitimité pour faire que ce sol aide à faire grandir l’amour de Dieu.

Notre légitimité : devenir un peuple de prophètes

Devenir un peuple de prophètes, nous ressaisir de notre baptême qui nous fait être prêtre, prophète et roi, est notre mission. Mais ne nous trompons pas sur la nature de cette mission de prophètes. Il ne s’agit pas d’annoncer des catastrophes ou des révélations surnaturelles énigmatiques à la Nostradamus.

Porter la Parole dans et par toute notre vie

Ce qui nous est demandé, c’est de porter la Parole de Dieu avec nous, au quotidien, au cœur de notre vie. Cela n’est pas très ésotérique mais c’est une mission qui a du sens. Notre vie doit s’enraciner dans la Parole de Dieu, elle est notre boussole, celle qui nous guide dans les aléas de la vie. Toutefois, gardons-nous de l’absolutiser. Cette parole de vie n’est pas une parole divinatoire.

Dieu nous parle par sa Parole

Dieu nous parle par cette Parole dans l’intimité de notre cœur. Tel l’argile du potier, nous nous laissons transformer, façonner par cette parole d’Amour, cette révélation de la tendresse. Mais cela demande du temps et de l’humilité. C’est un chemin de conversion intérieure que nous prenons si nous prenons au sérieux notre baptême. C’est accepter de ne jamais se sentir arrivé, de toujours se remettre en route, de se relever les manches pour servir Dieu. Car c’est bien ce service qui nous est demandé au travers de notre mission de baptisés.

Servir le Christ

Lorsque nous servons le Christ de tout notre cœur, nous entrons davantage dans le sien. Ce cœur qui ne sait que nous aimer au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Cet Amour de Dieu doit nous transfigurer. Il nous donner l’énergie pour bâtir un monde où la solidarité, la fraternité, la sororité prennent le pas sur toutes nos quêtes de légitimité. Dieu nous aime gratuitement, sans rien attendre en retour. Cet amour fait de nous des hommes et des femmes sauvables, libres de nous laisser rejoindre par la tendresse de Dieu.

Lucidité et conversion

Il nous invite à être lucides sur ce que nous sommes, à entrer davantage dans cette dynamique de conversion pour l’Amour de Dieu et de nos frères et sœurs. Elle n’est pas un horizon mais les jalons pour notre marche à la suite du Christ. Ainsi, nous saisissons que ce discernement nous conduit à nous rapprocher davantage du Christ, jour après jour, dans la lenteur de notre humanité. Le Christ nous demande d’aller plus loin, pas d’aller plus vite.

Marcher à la suite du Christ

Entrer dans ce dynamisme de conversion, c’est choisir le Christ pour maître et pour aimer. Nous pourrons alors nous réjouir que la liberté à laquelle Dieu nous éduque. Elle est bien supérieure à la légitimité qui nous enferme et dans laquelle nous risquons d’enfermer les autres. Cette liberté qui nous invite à prendre la route avec Jésus est un risque. Celui de ne pas connaître l’itinéraire. Pour autant, nous savons que notre compagnon de route est fiable même si nous rencontrons des difficultés sur le chemin.

Une vie en 3B

Mais ce qui compte, c’est que nous puissions œuvrer pour que le beau, le bien, et le bon puissent être davantage répandus, par nos mains, en ce monde. Ainsi, nous avons à être à l’écoute de ce qui germe dans notre monde. Nos bras doivent être davantage ouverts pour la rencontre et accueillir ceux et celles qui viennent au nom du Seigneur.

Se laisser combler par l’Amour de Dieu

Devenir prophète, à l’appel du Christ,, réclame donc de nous de faire l’expérience du manque. Dans cette pauvreté, nous pourrons ainsi nous laisser combler par l’amour de Dieu. C’est lui qui vient faire toutes choses nouvelles en son fils Jésus.

Afin de nous laisser rejoindre par ce fol amour. Nous pouvons alors prier avec les mots du psaume de ce dimanche : « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise. Alors je serai sans reproche, pur d’un grand péché. »