Ce dimanche nous entrons dans une nouvelle année liturgique et dans la joyeuse espérance de la venue en notre monde, en notre chair, du « germe de justice », de Dieu qui s’est fait homme pour que nous nous fassions Dieu. Les textes que nous offre la liturgie de ce jour nous placent dans une attitude de veilleur. Dieu nous convoque à la vigilante bienveillance qui doit habiter notre vie de disciples missionnaires.
Joie
Ce temps de l’Avent est certes un temps de joie, joie de nous savoir aimé passionnément par Dieu mais aussi un temps de préparation de notre cœur à l’inouï de cette révélation. Difficile de trouver, de conserver la joie quand nous regardons notre monde où tout semble aller mal. Il suffit pour nous en convaincre d’ouvrir l’un ou l’autre média. Les difficultés sont là, notre monde est habité par des prophètes de malheur, le mal rode et son ombre est là tapie, prête à bondir. C’est vrai aujourd’hui, comme ce l’était hier. Ne cédons pas au « c’était mieux avant », ne soyons pas des chrétiens nostalgiques d’un temps que nous n’avons pas vécu de la même manière qu’aujourd’hui.
Changement
Notre monde change par les femmes et les hommes qui l’habitent. Dans ce monde, les chrétiens doivent être des porteurs d’espérance, car ils sont porteurs de la vie du Christ en eux.
Le Christ nous appelle, dans l’Évangile de ce dimanche, à nous redresser et à relever la tête. Il nous demande aussi de ne pas céder au catastrophisme du monde. Au contraire, nous avons le devoir d’éclairer ce monde, d’en être la lumière. Notre agir quotidien, notre réflexion, notre apport à la construction des enjeux qui occupent notre société sont des appels à faire resplendir la lumière de Dieu. L’Évangile et la tradition de l’Église nous donnent des clés qui nous permettent de ne pas céder à la simplification de ces derniers. Comme il est facile de tout critiquer, de tout englober. Plus difficile est de prendre le temps de poser les choses avec intelligence, de se poser aussi pour recevoir l’aide du Christ dans la prière et l’échange fraternel.
Urgence
Nous en ressentons l’urgence de ces temps d’autant plus en ce temps de préparation à Noël. La société nous presse pour les cadeaux, les repas des fêtes et nous demande de consommer toujours plus. Nous devons aller toujours plus vite, et nous oublions l’urgent nécessaire d’habiter ce monde comme chrétien, disciple du Christ, qui nous demande de rester en éveil, de demeurer des vigies de notre société. Pour vivre cette mission, il nous faut (re)trouver le vrai sens de la vie. La priorité pour vivre l’Évangile et notre foi en vérité, celle du Christ, est de nous ressaisir de cet impératif qu’est la fraternité. Ce dernier pan de la devise de notre République est au cœur de l’annonce de la promesse de vie par le Christ. La seconde lecture nous place dans cette dynamique et nous fait bien comprendre que nos propres forces ne suffisent pas pour en vivre.
Bâtir
La grâce de Dieu nous est donnée pour bâtir notre monde en complémentarité les uns avec les autres et non en concurrence. A nous de pouvoir l’accueillir pour entrer dans cette acceptation de la différence des autres avec une réelle bienveillance. Il ne s’agit pas de la nier mais de l’apprécier à sa juste valeur. C’est difficile, c’est même une gageure c’est pourquoi c’est une grâce que Dieu nous donne. Il est indispensable de reconnaître cette difficulté pour en vivre tout en sachant que la miséricorde de Dieu, qui est première, nous accompagne sur ce chemin de conversion perpétuelle.
Entrons donc dans ce temps de l’Avent, de la vigilante espérance, dans la pleine assurance que Dieu nous envoie en plein monde pour y être sa présence agissante. Soyons des prophètes d’espérance qui annoncent à temps et à contre temps cette fraternité divine dans laquelle nous emmène le Christ le soir de Noël.