Devenir des témoins et des disciples pour être le bon vin de la vigne du Seigneur. Voilà en résumé à quoi les textes de la liturgie de ce dimanche nous invitent. Il n’est pas facile d’être témoin du Christ. Non seulement parce qu’il nous arrive, à notre corps défendant, d’être des contre-témoignages de cet appel mais aussi par peur, maladresse ou incapacité. Ce n’est effectivement pas facile de mettre la bienveillance, le respect, l’amour fraternel en premier. Le monde du travail, le monde en général nous invite plus à l’égoïsme, au chacun pour soi qu’au chacun pour tous. Pour autant, notre baptême nous appelle à être à contre-courant de ce mode de comportement. Plongés dans la mort et la résurrection du Christ, nous avons reçu l’Esprit du Père et du Fils pour être au carrefour du monde, témoins et acteurs de son amour et de sa paix. Ce comportement, cette manière et ce savoir-être nous donnent d’être assurés de faire la volonté du Père.
Toutefois, il ne faut rester à une pratique de la foi qui respecterait stricto sensu des commandements, tel un code de la route. Il est essentiel que cette loi d’amour passe de notre tête à notre cœur afin d’être pleinement en communion avec le cœur du Christ, puissance d’amour et de miséricorde. C’est pour cela qu’il nous faut passer de témoins à disciples. C’est-à-dire de personnes qui ont vu, qui ont une expérience intime du Christ à des personnes qui choisissent de le suivre et de l’annoncer par toute leur vie, par tout leur être, dans chaque moment de leur existence. C’est un défi, celui de rechercher en chaque lieu et en toutes occasions une manière de témoigner en actes et en vérité, bien plus qu’en paroles, que Dieu est celui qui me libère, qui me donne l’élan nécessaire pour vivre en abondance, pour pouvoir porter un fruit qui demeure, un fruit qui a du goût et qui puisse être partagé aux autres pour assécher leur soif et rassasier leur faim d’un monde plus beau, plus juste et plus fraternel. Ce monde-là n’est pas celui de demain, c’est celui d’aujourd’hui, un monde de l’ici et du maintenant. Il nous revient donc de coopérer avec le maître de la vigne pour la planter, la labourer, la tailler pour qu’elle produise du bon et du beau fruit qui puisse donner du bon vin qui puisse réjouir le cœur de l’Homme. Ce cœur qui a tant besoin d’être aimé, d’être considéré comme digne d’intérêt.
Devenir les disciples du maître de la vigne c’est entrer dans son dynamisme, dans son enthousiasme pour notre monde même si c’est partager, à notre humble place, la dureté du travail que Dieu veut que nous entreprenions en son nom, à sa suite. Mais pour cela il est important de nous laisser libérer par le Christ. Trop souvent nous avons tendance à ne pas nous sentir à la hauteur de la mission confiée, un peu comme si nous étions des usurpateurs, des « voleurs » de la grâce de Dieu. Sortons de ce schéma mental, qu’aime entretenir en nous l’ennemi de la nature humaine. C’est par choix et par amour que Dieu le Père nous a greffé à sa vigne, qu’il nous a agrégé à son peuple de prêtres, de prophètes et de rois, lors de notre baptême. Par ce sacrement, il nous envoie en mission tels que nous sommes, avec nos charismes qui sont au service de sa Gloire, c’est-à-dire de la croissance de son peuple.
Laissons-nous donc greffer davantage jour après jour par le Christ pour que nous soyons pleinement disciples, bâtisseurs de ce Royaume qui ne cesse d’advenir par nos mains. Demandons-lui donc humblement mais avec une grande confiance de nous donner de goûter chaque jour davantage cette grâce d’avoir été appelés à devenir participants de sa nature divine pour Sa plus grande gloire et l’amour de nos frères et sœurs en humanité.