Nous voici au terme de cette année liturgique. Nous fêtons donc la solennité de notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers. La fin d’une année peut être propice à la relecture. Nous pouvons donc profiter de ce dimanche, où nous nous privons de la célébration de la messe, pour le bien de tous, pour regarder la manière dont la royauté du Seigneur se manifeste dans nos cœurs. Ce peut être également l’occasion de méditer sur toutes ces velléités de puissance et autres volontés de domination présentes dans notre cœur.
Incarnation
Nous donc célébrons ce dimanche la royauté du Christ. Mais sommes-nous bien au clair sur ce que cela représente réellement. Quelle est donc cette royauté qui a conduit le Fils de Dieu à se faire homme parmi les hommes – en naissant dans une modeste grange – et à mourir dans l’indignité sur une croix, tel un paria. Avouons que ce n’est pas forcément l’image que nous en avons. Notre représentation mentale est sans doute plus proche de The Crown, avec les courtisans, les dorures et les palais, que de l’Évangile. Pourtant, la première lecture de ce dimanche nous présente bien la typologie de cette royauté du Christ.
Bienveillance
Il s’agit de prendre soin, de partir à la rencontre de ceux et celles que le Père lui a confiés. C’est une attention constante, une bienveillante vigilance qui habite le Christ, Roi de l’Univers. Cette manière d’être peut nous guider sur le chemin de nos responsabilités, qu’elles soient personnelles, associatives ou bien encore professionnelles. Ce peut être une piste de réflexion dans cette proposition de relecture d’année. Nous qui sommes attentifs à l’agir de Dieu, qui avons le désir d’entrer davantage dans son chemin d’alliance, nous sentons bien que ce n’est pas la force, la domination, la manipulation qui lui sont ajustées.
Chemin
Si nous voulons être ces disciples-missionnaires dont ne cesse de nous parler le pape François, nous comprenons bien que c’est un chemin d’humilité, de sagesse, de considération bienveillante de chacune et de chacun qu’il nous faut parcourir. Nous avons à devenir, avec le Christ, le gardien de nos frères et sœurs, de ces femmes et de ces hommes que nous rencontrons au quotidien. Nous participerons ainsi à sa royauté qui n’est que service de l’autre.
Conversion
Être participant à la royauté du Christ, c’est œuvrer pour que les autres croissent en sagesse, en sainteté, en humanité. Ces manières d’être ne dépendent pas seulement de notre volonté, mais de la grâce de Dieu. Elle nous sera donnée si nous la demandons avec désir et insistance. C’est bien Dieu qui nous donne cette capacité d’entrer dans une réelle démarche de conversion. C’est un appel à nous décentrer, à sortir de notre manière d’agir et de penser pour entrer dans celle du Christ.
Action
Le Christ agit, au nom de son Père, pour que l’Amour, le don de l’Esprit, règne en maître au cœur de notre monde. Cet amour, qui « doit se mettre plus dans les œuvres que dans les paroles » comme le nous dit Ignace de Loyola, est ce qui doit être au cœur de notre vie. Ces œuvres d’amour sont le sang qui doit irriguer notre cœur spirituel, qui nous donne de rejoindre le cœur même du Seigneur. L’Évangile de ce dimanche est une ligne de conduite particulière pour mieux comprendre le projet de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous. Il nous est demandé de faire le Bien, de se placer aux côtés de toutes celles et tous ceux qui souffrent, qui sont en détresse. C’est, en fait, une autre manière de vivre les Béatitudes, différente de celle que nous avons entendu à la Toussaint.
Universalité
Faire pour et avec les autres, par amour, contribue à nous faire « être » en plénitude. La fraternité et la sororité sont au cœur de l’Évangile puisque le Christ est devenu notre frère universel. Il nous invite à devenir les fils et filles de son Père. Cela porte l’exigence d’accueillir, de laisser toujours de l’espace dans la tente de nos rencontres ; même et surtout en temps confiné.
Prenons donc le temps, tout au long de cette semaine qui nous conduira au beau temps de l’Avent, de méditer sur nos manières d’accueillir. Elles disent souvent notre capacité d’écoute, d’empathie et d’altruisme. Ces valeurs sont au cœur de l’Évangile. Il ne cesse de nous appeler à devenir ces figures du Christ, pierre vivante d’une Église. Puissent nos vies devenir le Palais du Peuple de Dieu où nous accueillera le Christ, Roi de l’Univers, pour qu’il fasse en nous sa demeure et que nous fassions en Lui, la nôtre.