« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Ces mots terminent l’Évangile de ce 29e dimanche du temps ordinaire. Ils ne sont pas des plus faciles à entendre. La question que pose Jésus nous renvoie à notre propre foi. Cela nous interroge sur ce que nous déclarons dimanche après dimanche dans le Credo. Cette « foi » reçue des apôtres, comment la mettons-nous en pratique ? Est-ce une habitude héritée de nos familles ou sommes-nous véritablement attachés à la personne de Jésus, dans la communion du Père et de l’Esprit ? Parce que, avant notre appartenance à l’Église, à tel ou tel mouvement ou famille spirituelle, c’est à Dieu que nous appartenons. C’est ce que nous avons compris, il y a quelques dimanches, avec les serviteurs quelconques. C’est bien la foi qui nous fait découvrir la miséricorde de Dieu, qui nous met en mouvement et nous donne de l’élan pour la mission.
Avons-nous la foi ?
Cette question que Jésus nous pose aujourd’hui, même si elle nous déstabilise, nous permet de faire un point sur notre foi. C’est peut-être l’occasion d’une prise de recul avec notre quotidien. Nous pouvons, un peu à la façon d’un drone, regarder notre réalité de foi et notre appartenance à une communauté de croyants. Car même si nous avons la foi, nous ne pouvons pas être dépourvus de liens avec d’autres croyants. Ensemble, nous formons un corps apostolique pour la mission. Nous connaissons cette maxime « un chrétien seul est un chrétien en danger ». Elle souligne l’importance d’une communion dans la foi pour se soutenir, s’encourager et s’aider au cœur de notre vie.
Exercer notre vigilance
Pour autant, soyons vigilants à ce que ce soit bien la foi qui nous agrège et non pas juste un sentiment d’appartenance. Nous avons donc à exercer à notre égard et à celui de nos frères et sœurs en Christ, une bienheureuse vigilance quant à la vitalité de notre foi. Elle se doit d’être vraiment orientée vers le Christ qui nous conduit au Père dans la communion de l’Esprit saint. C’est donc à une foi relationnelle que nous adhérons. Une foi qui nous met en communion les uns avec les autres et nous conduit davantage au Christ. Cette adhésion, cette confiance nous apportent l’audace nécessaire pour aller aux carrefours du monde, témoigner de la joie de connaître Dieu.
Une foi joyeuse, une prière heureuse
Notre foi doit donc être joyeuse, vivante, dynamique. Cet enthousiasme que nous communique Dieu, par sa grâce, est l’eau qui coule dans nos coeurs. C’est cette eau, qui coule du cœur du ressuscité, qui assèche notre soif d’abondance. Pour communiquer davantage avec Dieu, nous avons un moyen ordinaire qui nous conduit vers son cœur : la prière. Elle est cette conversation intime avec Celui qui fait toute chose nouvelle en Christ. Par la prière, nous sommes conduits dans un cœur à cœur, dans un dialogue amoureux. La prière est un lieu intime où nous retrouvons l’Éternel Seigneur de toute chose.
La prière nous conduit au cœur de la foi
Nous savons bien que le Seigneur écoute notre prière. Que notre conversation avec Lui n’est pas une parole vaine, lancée dans un silence assourdissant. Dieu est attentif à notre prière, mais ne nous y répond pas de manière automatique. Il nous revient, par conséquent, de faire monter avec foi notre prière vers le Seigneur. Il n’est pas comme ce juge de l’Évangile de ce dimanche qui ne répond que parce qu’il est harcelé pour avoir la paix. Avec Dieu, il n’est pas question de harcèlement, son cœur est toujours disposé à écouter les murmures du nôtre.
Prier, c’est s’abandonner en Dieu
Prier le Seigneur de tout son corps, de tout son être, c’est aussi ouvrir la voie au repos de l’âme et du corps. Parfois, lorsque nous prions avec foi, il se peut que notre corps s’abandonne dans les bras de Dieu, que le sommeil nous gagne. C’est alors qu’il nous faut nous souvenir que « Dieu comble son bien-aimé quant il dort »(psaume 126). Nous voyons ainsi que notre corporéité peut nous conduire à cette foi, à cette prière qui nous relie au Seigneur Jésus. La première lecture de ce 29e dimanche ordinaire peut d’ailleurs nous aider à le comprendre.
La force d’une communion
Dans ce passage de l’Exode, nous voyons que les bras levés de Moïse accordent la victoire à son camp. Ce qui est aussi intéressant c’est que, tout Moïse qu’il est, il fatigue. Et c’est là que deux de ses amis viennent le soutenir. Il peut nous arriver aussi de fatiguer, de désespérer, d’être désemparés et de ne plus avoir la force de lever les mains vers Dieu, comme nous l’enseigne le Livre des psaumes. C’est dans ces moments-là que la force du peuple de Dieu est importante. Nous savons que d’autres prient quand nous n’en avons plus la force.
Une foi fortifiée par celle des autres
Cette communion des saints, des priants est une composante essentielle de notre foi. Nous pouvons compter les uns sur les autres pour avancer sur notre route de vie, notre route de foi. C’est ensemble que nous formons ce peuple de Dieu qui chemine vers le Seigneur. Ne l’oublions pas, car même si notre foi est du ressort de l’intime, elle prend toute sa force dans la foi des femmes et des hommes de ce temps. Ensemble, nous fortifions notre foi dans cette confiance et cette assurance que c’est bien le Seigneur qui est à l’œuvre en cet âge. Il agit, bien sûr, par nos mains et nos voix, avec tout ce que nous sommes. Cette action doit être le prolongement de notre prière et peut aussi être une prière.
Nos actions sont des prières
Lorsque nous agissons, lorsque nous sommes en présence les uns des autres, souvenons-nous que le Seigneur est aussi là, au milieu de nous. C’est pour cela que nous pouvons demander au Seigneur, justement dans la prière, d’être pleinement attentif, pleinement présent dans notre relation aux autres. Cette proximité est une manière de témoigner de la tendresse, de la miséricorde de Dieu. Nous avons à apprendre à laisser nos activités, si importante soient-elles, pour répondre à l’autre qui vient. C’est en substance ce que Paul nous demande dans la seconde lecture de ce 29e dimanche ordinaire.
Cette proclamation de la Parole à temps et à contretemps ne peut pas se faire sans une proximité avec les hommes et les femmes ce temps. C’est vers et avec eux que nous pourrons faire grandir et faire germer notre foi pour la plus grande gloire de Dieu et le salut du monde.