Ce 16e dimanche ordinaire, Jésus continue de nous enseigner en paraboles. Son fil conducteur est de nous aider à porter du fruit. C’est une invitation à la croissance spirituelle qui nous conduira à devenir justes à la suite du Christ. Cette justice, cette justesse d’attitude est similaire à la croissance du blé ou de la graine de moutarde. Mais, dans notre cœur, nous avons aussi de l’ivraie. L’ennemi qui l’a semée, pour parler comme Jésus, n’est pas extérieur, ce n’est pas un envahisseur le plus souvent.
Nous sommes ce qui nuit à notre croissance
Le principal ennemi qui nuit à notre croissance c’est souvent nous-mêmes. Notre cœur n’est pas sans taches, sans aspérités, ni volonté de puissance. C’est là la fragilité de notre humanité. Mais, cette fragilité n’est pas une entrave à notre croissance. Elle nous amène à comprendre que le Christ peut nous accompagner sur ce chemin qui nous conduit également à la conversion. C’est l’image du paysan qui ramasse en même temps l’ivraie et le bon grain pour les trier ensuite. Cette parabole est une invitation à une sorte d’examen de conscience du champ que nous sommes pour le Seigneur.
Nous sommes le bon grain du Seigneur
Dès notre naissance, le Seigneur a planté en nos cœurs sa Bonne Nouvelle, la libre possibilité de faire le bien. Mais, cette liberté nous l’utilisons mal, à mauvais escient. Ce mésusage nuit à notre croissance, car elle se fait souvent aux dépens des autres. Cette atteinte est plus ou moins importante et surtout plus ou moins volontaire. Cette parabole du bon grain et de l’ivraie nous invite à une bienveillante vigilance dans notre quotidien. Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur notre pauvre humanité et notre difficile conversion. Notre intérêt consiste à regarder la manière dont nous pouvons limiter la venue de l’ivraie dans le champ de notre vie, de notre monde.
Au-delà de la morale
Ce n’est pas à une question de morale, de bien faire ou de mal faire, mais plutôt de croissance humaine et spirituelle. La morale n’est que l’application concrète de la foi, elle est ce qui nous conduit concrètement vers le Christ. Elle n’est pas un but en soi. Ne soyons pas radicaux dans notre manière de penser, essayons trouver de la souplesse en nous inspirant de l’agir du Christ. Nous voyons bien que tout n’est ni noir ni blanc. Ainsi, dans le champ de notre vie, il y a du bon grain et de l’ivraie parfois mélangés. Il est donc important de chercher la manière la plus juste de récupérer le bon grain au milieu de l’ivraie.
Discerner le bon grain de l’ivraie de nos vies
Le risque d’une trop grande célérité est d’arracher le bon grain et non l’ivraie. Alors, prenons le temps de bien discerner ce qui est le plus utile, ce qui sert la gloire de Dieu et donc la dignité de la personne humaine. Voilà le bon grain dont nous avons besoin, celui qui sert à notre croissance, à l’humanisation de notre champ quotidien. C’est cela qui intéresse Dieu, c’est avec ce blé-là que nous pouvons servir Son Royaume et Sa justice.
La croissance du bon grain
Ainsi, le Seigneur nous invite à prendre soin du champ dans lequel il a planté son blé. Nous pouvons le faire fructifier sans trop faire cas de cette ivraie. Il y a toutefois une condition : que l’ivraie ne prenne pas la place du blé. Pour cela, nous pouvons mettre une garde à notre cœur, à notre bouche en comptant sur la force de l’Esprit. Le risque de laisser l’ivraie prendre le pas sur le bon grain est qu’elle vienne étouffer notre cœur et briser l’élan de notre générosité. Ainsi, si nous prions le Seigneur en ce sens, nous avons l’assurance que Dieu nous exaucera. C’est d’ailleurs le sens de la première strophe du psaume de ce dimanche : « Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie. »
S’en remettre à la miséricorde
La bonté et l’amour du Seigneur sont premiers et ce sont eux qui nous guident vers la croissance humaine et spirituelle. Mettons-nous à son école, à son écoute et à sa suite pour porter du fruit. Ainsi, nous pourrons lui apporter notre bon blé et le Seigneur en fera du bon pain qui nous rassasiera et nous donnera la force dont nous avons besoin pour sa mission. La conversion que le Seigneur nous offre est une dimension personnelle qui évolue au fil de notre chemin de foi. Mais, elle est toujours à mettre en perspective avec l’Église, cette communauté de croyants qui croît par attraction de l’amour du Christ. C’est cette interconnexion entre ces croyants qui cherchent à correspondre davantage à la volonté de Dieu qui permet de construire le Royaume.
Faire Église
Seul, il est difficile d’avancer vers cette perfection évangélique, vers la compréhension intérieure du chemin de croissance que le Seigneur nous propose. Le risque ici est de chercher à devenir un héros, à marcher vers une perfection désincarnée qui n’a rien d’évangélique. La perfection que nous demande le Seigneur c’est de toujours être en route, de toujours travailler le champ de notre vie pour que la justice et l’amour de Dieu triomphent. C’est une demande qu’il fait à chacun de nous pour que nous construisions le Royaume au cœur de nos vies, de nos relations.
Sur un chemin de croissance
Ce qui compte c’est ce mouvement perpétuel, ce cheminement continuel qui cherchent à correspondre davantage à l’amour de Dieu. Ce n’est pas un chemin facile, car l’ivraie vient nous entraver, mais avoir pour but de sa route le triomphe de l’amour du Christ en vaut la peine. Le chemin que nous empruntons compte peut-être davantage que le fait d’arriver à bon port. Certes, le chemin peut être parsemé d’ivraie, de pierres sur lesquelles nous trébuchons, mais nous y trouvons des sources, des oasis, des fleurs et des paysages à contempler. Là est le symbole de notre chemin de croissance vers le Christ.
Contempler en chemin
Ainsi, si nous prenons le temps de savourer tout ce qu’il y a de beau et de grand sur la route, notre cœur sera davantage disposé à accueillir l’Amour du Christ. Aussi, pourquoi ne pas aider celles et ceux que nous rencontrons à découvrir la beauté du blé de leur vie, cachée par l’ivraie ? Ainsi, nous pourrons faire triompher la beauté et la bonté de la surabondance de l’Amour de Dieu au cœur de ce monde. Prions donc les uns avec les autres, les uns pour les autres, en reprenant les mots de la prière d’ouverture de ce 16e dimanche ordinaire : « Sois favorable à tes fidèles, Seigneur, et multiplie les dons de ta grâce : entretiens en eux la foi, l’espérance et la charité, pour qu’ils soient toujours attentifs à garder tes commandements. »