Vivons notre vocation de prophète en plein monde


Méditations au coeur du monde / samedi, janvier 29th, 2022
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Vivons notre vocation de prophète en plein mondeDans les textes de ce 4e dimanche du temps ordinaire, il est beaucoup question de « prophète ». Le prophète est « celui qui parle au nom de Dieu ». C’est donc une belle et grande mission que d’y être appelé. Dans le premier testament, certains ont été appelés par Dieu à porter sa parole, comme le prophète Jérémie, dans la première lecture. Dans le second, seul Jean-le-Baptiste est appelé « prophète ». Il est Celui qui présente le Fils de Dieu, qui lui permet de se révéler au monde. Cette dimension prophétique, cette mission de parler au nom de Dieu, nous la recevons au jour de notre baptême. Elle nous est conférée en plus d’être prêtre et roi. Nous devenons ainsi véritablement des « porte-Dieu », car non seulement nous portons sa Parole, mais nous sommes également invités à servir nos frères et sœurs dans cette dignité royale et à sanctifier nos vies comme prêtre.

Prophète, une vocation ardue

Si nous lisons attentivement le passage du livre de Jérémie, proposé ce 4e dimanche ordinaire de l’année, nous constatons que la mission de prophète n’est pas de tout repos ! Mais, avant toute chose, nous comprenons que c’est Dieu qui le choisit et qui lui donne les moyens d’accomplir cette mission. Il en est de même pour nous. Nous pouvons d’ailleurs reprendre ces mots du psaume 70 de ce dimanche : « Toi mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère », comme preuve de cette élection.
Choisi pour devenir prophète
Dieu nous choisit pour porter sa Parole, mais souvent nous nous sentons indignes, illégitimes. Comme Jérémie, nous avons tendance à répondre : « Ah ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je suis un enfant !  (1,6) ». Certes, mais si Dieu nous appelle pour être ses disciples et serviteurs c’est qu’il nous donne la force et la grâce. La seule dignité que nous avons, et qui n’est pas des moindres, est celle d’être enfant de Dieu. Cela devrait nous suffire pour annoncer dans et par toute notre vie l’Amour de Dieu. Dieu sait se déployer dans notre faiblesse et notre fragilité.
Devenir prophète du Christ ce n’est pas être un être extraordinaire, mais savoir faire, de l’ordinaire de nos jours, une bonne nouvelle pour tous ceux et toutes celles que nous rencontrons. C’est dans cette attitude quotidienne, simple et humble que nous pouvons vivre notre consécration baptismale.

Les obstacles de la mission

Même si nous sommes envoyés en mission pour porter la Bonne Nouvelle du Christ au monde, il y a des lieux qui ne nous portent pas. Notre parole n’est pas entendue, la Bonne Nouvelle n’est pas reçue malgré nos efforts. Rassurons-nous, même Jésus s’est heurté à cet obstacle. Après avoir été consacré, envoyé annoncer l’Évangile en plein monde, il est rejeté par ceux qui entendent Sa Parole. Pourtant, il est membre de la communauté de Nazareth, sa famille semble connue, mais son annonce fait obstacle à l’entêtement des uns et des autres. Comment un des nôtres peut-il avoir l’audace d’annoncer qu’il est l’envoyé de Dieu, un prophète alors que nous le connaissons ? Nous aussi, nous pouvons avoir la même réaction dans nos communautés.

Reconnaître le talent des autres

La question de fond est peut-être celle de notre capacité de reconnaître l’autre comme missionnaire. En creux, n’est-ce pas aussi parce que nous l’envions ? La jalousie, la tentation de la vaine gloire sont toujours tapies dans l’ombre de nos cœurs. Elles nous empêchent de nous réjouir et d’entrer dans la louange. Parce que, finalement, ce qui compte ce n’est pas tant la qualité du ministre. Ce qui est essentiel c’est que le Christ soit annoncé. C’est cette dynamique qui doit habiter nos communautés.

Être prophète pour mieux vivre la mission

Comment annoncer le Christ en tous lieux et en tout temps dans l’infini respect de la singularité des uns et des autres ? Cette question peut habiter notre prière tant notre monde a besoin de la consolation de Dieu. Devenir prophète c’est certes porter l’annonce de la Bonne Nouvelle au cœur, mais aussi reconnaître que c’est notre baptême qui nous envoie ; c’est lui qui nous consacre pour être présence de Dieu au cœur du monde. Avec cet envoi, la grâce de son amour ne cesse de nous accompagner.

Découvrir l’amour de Dieu

Un amour que décrit à merveille Paul dans son célèbre hymne à la charité. Il ne s’agit pas d’un amour guimauve, mais d’un amour exigeant qui transcende nos catégories humaines. Paul nous précise que, même s’il maîtrisait le langage des anges, s’il lui manquait l’amour, cela serait vain. Il en serait de même pour le pire des supplices : celui du feu. Ainsi nous pouvons bien vouloir vivre notre vocation de prophète, mais si nous le faisons sans être enraciné dans l’amour de Dieu c’est inutile et sans doute contre-productif.

Vivre les effets de la Passion du Christ

Le Christ s’est livré à nous par amour, pour nous montrer la direction de la mission. Elle n’est pas un programme de vérité à connaître, de prière à réciter pieusement. Elle consiste à faire l’expérience au cœur même de notre vie de l’Amour de Dieu. Toutes nos dévotions sont une aide qui peut concourir à nous faire vivre et expérimenter les effets de la Passion du Christ au cœur de notre vie. Gardons notre regard et notre cœur tournés vers le Christ. C’est de Lui que nous pourrons recevoir la force d’aimer malgré nos réticences, nos fragilités, nos impatiences.

Prendre appui sur le Christ

Regardons la manière dont il a manifesté son amour avec patience et pédagogie à ses disciples et apôtres, mais aussi à ceux auxquels il était envoyé. Nous avons nous aussi souvent besoin de patience, pas forcément vis-à-vis de ceux qui peuvent nous exaspérer, mais surtout vis-à-vis de nous-mêmes. Nous avons sans nul doute des difficultés à nous convertir, à entrer dans l’Alliance, la reconnaissance de la beauté de l’altérité et de la singularité de ceux que nous rencontrons.

Prenons le temps humblement de confier au Seigneur cette violence qui peut nous habiter. Il saura nous guider vers des lieux d’engagement où nous pourrons être ajustés pour annoncer la Bonne Nouvelle du Seigneur. Qu’il nous aide à reconnaître davantage la diversité des dons pour entrer dans cette louange qui habite le psalmiste : « Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut. Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles. ».

Une réponse à « Vivons notre vocation de prophète en plein monde »

  1. […] Pierre et ses compagnons manifestent une confiance a priori en Jésus, et ce malgré l’échec. Regardons nos activités et celles qui ressemblent à un échec. Où se situe le Christ dans cette situation ? Le laissons-nous sur le bord du rivage et naviguons seul, au large, en plein échec ? Ou malgré la peur, les tentations de résignation ou bien le prenons-nous dans notre barque et jetons, à sa demande, nos filets ? Ce qui importe, bien plus que nos craintes ou nos échecs, c’est la confiance que nous manifestons en Jésus et l’audace de le mettre dans toutes nos activités. […]

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